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Luc-Normand Tellier (né le à Montréal, Québec, Canada) est professeur émérite d’économie spatiale de l’Université du Québec à Montréal.
Après avoir enseigné pendant deux ans (1964-1966) au Collège Saint-André de Kigali, Rwanda, comme volontaire de SUCO (CUSO), Luc-Normand Tellier a acquis une double formation en économie et en urbanisme. Détenteur d’un baccalauréat en science économique (1968) et d’une maîtrise en urbanisme (1971) de l’université de Montréal, il a aussi obtenu un Master (1971) et un Ph.D. (1973) en science régionale de l’université de Pennsylvanie. Par la suite, il a enseigné à l’Institut d’urbanisme de l’université de Montréal avant de fonder le rassemblement en études urbaines de l’université du Québec à Montréal en 1976, lequel est devenu le Département d’études urbaines et touristiques en 1980. Il a été directeur de ce rassemblement et de ce département pendant treize ans ainsi que du centre « Urbanisation » de l’Institut national de la recherche scientifique de 1981 à 1983. Il a reçu le titre de « professeur émérite » de l’Université du Québec à Montréal en 2012.
En 1971, Tellier a découvert la première solution analytique (numérique directe, sans itérations) des problèmes du triangle de Fermat (ou point de Fermat) et du triangle de Weber[1]. Bien avant les contributions de Von Thünen qui datent de 1818, le problème du triangle de Fermat peut être vu comme le point d’origine même de l’économie spatiale. Il a été formulé par Fermat avant 1640. Le problème du triangle de Weber, qui est une généralisation du problème de Fermat, a été formulé pour la première fois par Thomas Simpson en 1750 et il a été popularisé par Alfred Weber en 1909. Le problème du triangle de Fermat consiste à localiser un point D par rapport à trois points A, B et C de façon à minimiser la somme des distances entre D et chacun des trois autres points, tandis que le problème du triangle de Weber consiste à localiser un point D par rapport à trois points A, B et C de façon à minimiser la somme des coûts de transport entre D et chacun des trois autres points.
Dans (Tellier 1985), il formule un tout nouveau problème, le problème d’attraction-répulsion qui constitue une généralisation à la fois des problèmes de Fermat et de Weber. Il résout ce problème pour la première fois dans le cas du triangle et il réinterprète la théorie économique spatiale et, en particulier, la théorie de la rente foncière à la lumière des concepts de forces d’attraction et de répulsion issus du problème d’attraction-répulsion. Le problème d’attraction-répulsion a été à l’origine de plusieurs contributions de mathématiciens, dont celles de Chen, Hansen, Jaumard et Tuy (1992)[2] et de Jalal et Krarup (2003)[3]. De plus, il prélude, selon Ottaviano et Thisse (2005)[4], la Nouvelle économie géographique qui vit le jour au cours des années 1990 et qui valut un « prix Nobel d'économie » à Paul Krugman en 2008. Le problème d’attraction-répulsion consiste, dans sa version simple, à localiser un point D par rapport à trois points A1, A2 et R de façon à annuler les forces d’attraction exercées par A1 et A2, et la force de répulsion exercée par le point R.
En 1989, Tellier a mis à contribution le problème d’attraction-répulsion pour élaborer un tout nouveau type de modèle démo-économique, le modèle topodynamique. Ce modèle non-économétrique conçu dans le contexte d’un espace continu a cette propriété de pouvoir produire des projections démo-économiques dans des régions où les autres modèles démo-économiques peuvent difficilement le faire à cause de la pauvreté des données disponibles. Le modèle topodynamique précède la formulation des premiers modèles de la Nouvelle Économie Géographique.
En 1995, il publie avec Claude Vertefeuille un article introduisant le concept d’inertie topodynamique et lui proposant des bases mathématiques. Cet article soulève un débat qui conduit à raffiner le concept et à consolider grandement ses bases mathématiques, en collaboration avec Martin Pinsonnault. En 1997, il publie un autre article, qui introduit le concept de corridor topodynamique et l’idée d’une nouvelle section de la science économique destinée à compléter la micro-économie, la méso-économie et la macro-économie, à savoir l’anoéconomie, qui doit étudier les phénomènes spatio-économiques observés à une échelle supérieure à celle des États (c’est-à-dire à celle de la macro-économie) dans une optique de très longue période (« ano », en grec ancien, signifie « en remontant dans le temps et dans l’espace » ; voir l’étymologie d’ « anode »).
En 2005 (en français) et en 2009 (en anglais), il publie un livre qui interprète l’histoire urbaine du monde à la lumière de la théorie topodynamique qu’il a élaborée au cours des années[5].
En mettant à contribution les concepts de forces d'attraction et de répulsion ainsi que l'analyse des champs vectoriels, il élabore un Système métrique urbain permettant de délimiter mathématiquement les frontières des aires urbaines (villes centrales, agglomérations, régions métropolitaines, mégalopoles, etc) uniquement à partir de la distribution spatiale des populations et des emplois[6].
Dans son premier livre (Tellier 1977), Tellier a proposé un rapprochement entre le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Suède et, éventuellement, un Québec indépendant. Il a lancé cette idée dix-neuf ans avant la Déclaration d'Ottawa de 1996 et la création du Conseil de l'Arctique, qui réunit ces pays ainsi que la Russie et les États-Unis[7].
Parallèlement à ses travaux en économie spatiale, Tellier a publié en 1987 un livre sur le clan Le Tellier, l’un des deux principaux clans qui se sont disputé les faveurs du roi de France à Versailles, aux XVIIe et XVIIIe siècles[8]. C’est dans ce clan que naquit le libéralisme économique, en réaction au colbertisme qui animait le clan rival. En 2017, il publie un livre sur L'émergence de Montréal dans le système urbain nord-américain, 1642-1776. Cet ouvrage aborde la naissance de Montréal dans une perspective économique spatiale et à partir des arbitrages faits à Paris, Versailles et Londres.
Luc-Normand Tellier est le petit-fils de Raymond Tellier, cousin germain de Louis Tellier[9] et de Sir Joseph-Mathias Tellier, ce dernier étant le grand-père de Paul Tellier. Il est aussi le beau-fils du comédien Jean-Pierre Masson.
Les débuts de la carrière de L.-N. Tellier ont fait l'objet d'un article dans le dictionnaire suivant : Réginald Hamel, John Hare et Paul Wyczynski, Article "Tellier, Luc-Normand", Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Fides, 1989, p. 1274.