Le sol est tourbeux dans la vallée, formé d'alluvions. Le reste du territoire date de l'ère secondaire, au sud et à l'ouest, la plaine est argileuse, à l'est le sous-sol est calcaire, la marne affleure même le long des pentes, au nord le sous-sol est sabonneux[5].
Le territoire de la commune est très boisé, outre la forêt de Lucheux, au nord, se trouve au nord-est, le bois de Robermont, au sud, le bois du Parc, au sud-est, le bois de Watron. La vallée de la Grouches est assez encaissée, elle passe de 102 m d'altitude à son entrée dans la commune à 72 m à sa sortie. Elle est bordée sur ses deux rives par une série de collines qui se rattachent indirectement aux collines de l'Artois. Les collines de la rive droite culminent à une altitude de 145 m environ tandis que celle de la rive gauche se terminent par un plateau qui domine à 172 m au lieu-dit le Beffraye[5].
La Grouche, d'une longueur de 17 km, prend sa source dans la commune de Coullemont et se jette dans l'Authie à Doullens, après avoir traversé six communes[8].
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Authie ». Ce document de planification concerne un territoire de 1 253 km2 de superficie, délimité par le bassin versant de l'Authie. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit est, en 2024, en cours d'élaboration. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le syndicat mixte Canche Et Authie[9].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 824 mm, avec 13,2 jours de précipitations en janvier et 8,9 jours en juillet[10]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saulty à 9 km à vol d'oiseau[12], est de 10,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 899,7 mm[13],[14]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[15].
Au , Lucheux est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[16].
Elle est située hors unité urbaine[17]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Amiens, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[17]. Cette aire, qui regroupe 369 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[18],[19].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (52,2 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (51,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (45,6 %), terres arables (43,6 %), prairies (8,5 %), zones urbanisées (2,2 %)[20]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Luchoi en 1147 ; Luceus en 1160 ; Lucheu en 1161 ; Luceium en 1186 ; Luceu en 1211 ; Luchetum en 1220 ; Lucetum en 1246 ; Luchueux en 1422 ; Luxieu en 1464 ; Luchieu en 1470 ; Luchu en 1567 ; Luyeu en 1608 ; Lucheusle en 1638 ; Lucheul en 1648 ; Lucheux entre 1619 et 1633 ; Lucheulx en 1619[21].
Issu du gaulois luxa « clairière, champ ». De Lux (lumière) et Lueus (bois sacré). On prétend que, dans la forêt, se trouvait une lumière servant de fanal à l'époque gallo-romaine[22]. Lucheux a été une résidence des druides.
L'église, de style roman, aurait été construite en 1070, elle était à la fois une église paroissiale et un prieuré. Des chanoines installés dans une dépendance du château la desservaient en même temps que la chapelle seigneuriale[23],[22],[24].
La légende voudrait faire croire que Louis XI aurait signé l'édit des Postes, encore appelé édit de Luxiès, le , dans le beffroi communal, construit au début du XIIe siècle[22],[25].
Deuxième République : en 1849, comme dans toutes les communes de France, la population masculine majeure peut, pour la première fois, aller voter grâce à l'instauration du suffrage universel. Voici la répartition (en nombre) de quelques-uns des patronymes des 384 électeurs[26],[27](saisie non exhaustive) :
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[36]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[37].
En 2021, la commune comptait 520 habitants[Note 3], en évolution de −4,59 % par rapport à 2015 (Somme : −0,98 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Lucheux est une petite cité médiévale au riche patrimoine architectural dont le beffroi, le château, l'église illustrent la division en trois ordres de la société médiévale[41],[42],[43].
Château[48],[49],[50],[51], édifié en 1120 par Hugues II de Campdavaine, comte de Saint-Pol. C'est un puissant ouvrage militaire, régulièrement victime des nombreux combats se déroulant dans la région ; détruit à plusieurs reprises par les troupes anglaises, bourguignonnes et espagnoles, il est définitivement démantelé sous le règne de Louis XIII[41]. Il subsiste de la forteresse la porte du Bourg (du XIVe siècle) encadrée par deux tours à poivrière, la porte du Haut-Bois et les ruines du donjon du XIIIe siècle remarquable par sa grande salle aux fenêtres géminées sous arcatures[52].
Ce château fort domine le bourg (au nord de la route menant à Avesnes-le-Comte) et, accessible depuis son centre (à 200 mètres environ du beffroi), il présente à la vallée une muraille abrupte (partie de bâtiment occupé par une institution) et, à la forêt voisine, des ruines de tours rondes. Le fossé entourant la forteresse est préservé ; sa partie du côté habité est tondue ou fauchée, mais il est pour le reste majoritairement envahi par la végétation qui empêche le visiteur d'en faire le tour[53] avec le confort pédestre et visuel souhaité. Les vestiges de tours rondes sont ainsi cachés sur leur face extérieure, alors que l'entrée (avec poivrières) est parfaitement entretenue et restaurée. L'intérieur permet de comprendre les dimensions du logis seigneurial dont il subsiste les murs et baies géminées de la « grande salle », en contrebas de la motte sur laquelle se dresse un pan conservé du donjon. Classé MH (1965).
En 2019, le château, à l'abandon, est fermé au public, mais pourrait être revitalisé, avec l'aménagement de quelques logements dans certains bâtiments et l'installation d'un espace destiné au public pour l'organisation d'expositions et de manifestations culturelles[54],[55]
Église Saint-Léger[56],[57],[58]Classé MH (1913), portant le nom de saint Léger l'évêque d'Autun martyrisé en forêt de Lucheux au VIIe siècle[59], date du XIIe siècle et conserve de cette époque des voûtes d'ogives parmi les plus anciennes de France[41]. Les chapiteaux romans y sont encore intacts[60] et plusieurs d'entre eux illustrent les péchés capitaux, comme le mentionne un ancien panneau fixé sur un mur intérieur de l'édifice. Un vitrail représente l'exécution de saint Léger (deux des trois hommes chargés de la besogne s'étaient convertis in extremis et avaient refusé de l'exécuter, on les voit agenouillés, les mains jointes, devant le martyr, le troisième est derrière lui, l'arme levée, prêt à le décapiter).
L'Arbre Creux ou Arbre des épousailles, arbre remarquable, curiosité botanique : Il s'agirait probablement de deux vieux tilleuls emmêlés, ou d'un seul ayant subi les affres du temps[61], sur la place du Jeu-de-Tamis, jadis objet d'une tradition locale liée au jour du mariage. Tradition encore, on dit que cet arbre daterait du début des années 1600. D'autres sources mènent à penser qu'il s'agirait d'un arbre de la liberté, planté en 1848[61]. La désignation "arbre aux épousailles" est le titre donné à des cartes postales ayant pour thème cet « arbre creux » au tout début du XXe siècle[62]. Il a été classé monument naturel en 1930 sous la désignation « Arbre des mariages »[63].
Mairie, installée dans un beau bâtiment du XVIIIe siècle. Avant que s'y installe la mairie, le bâtiment était désigné comme maison des Carmes.
Chapelle Saint-Léger : À un kilomètre et demi du village, nichée dans la forêt, une chapelle a été érigée au lieu où l'évêque d'Autun aurait été exécuté le . À l'intérieur, une fresque représente son supplice. Réalisée en 1989, elle est due à Daniel Lefort[64].
Maisons du XVIIIe siècle : Le village de Lucheux possède encore quelques belles maisons picardes typiques du XVIIIe siècle ayant conservé une partie de leur authenticité et mises en valeur depuis la prise de conscience de l'intérêt du patrimoine rural régional.
Forêt de Lucheux : C'est une forêt privée interdite à la promenade. Cependant, la commune a gardé la jouissance du chemin Royal qui la traverse. De plus, certains sentiers sont passés en GR .
Ruine du donjon (vue depuis l'église ou le cimetière).
Croix de fonte d'une tombe au cimetière.
Cadran solaire dont le style terminé par une petite sphère surgit de la végétation envahissante.
Saint Léger ou Leodogarius (sur les bords du Rhin, en Austrasie vers 615 - forêt de Sarcing, aujourd'hui Lucheux 678). Évêque d'Autun, il fut martyrisé à plusieurs reprises et mourut décapité dans la forêt de Sarcing.
Jean-Baptiste Delecloy ; né à Lucheux en 1747, mort à Amiens en 1807. Delecloy fut notaire royal à Doullens. Sous la Révolution, il fut élu député de la Somme à la Convention. Lors du procès de Louis XVI, il vota la mort du roi en tempérant son vote de la mention « avec sursis jusqu'à la paix ». Ce qui valut néanmoins à sa maison natale à Lucheux le nom de « maison du Régicide ». Une rue du village porte son nom.
D'azur à un brochet d'argent langué de gueules, posé en pal.
Détails
Il s'agit d'armes parlantes luceus signifiant brochet en latin. Elles furent utilisées pour la première fois en 1270 par la commune de Lucheux[65],[66]. Le statut officiel du blason reste à déterminer.
Les Archives départementales de la Somme ont publié un Répertoire des archives de la baronnie et du château de Lucheux, établi et publié par Stéphanie Régniez sous la direction d'Isabelle Neuschwander et Marie-Françoise Linon (répertoire numérique détaillé, sous-série 18 J), sans date, 168 pages, bibliographie et table de concordance des cotes. 10 000 documents, entrés en 1989 aux Archives départementales de la Somme, consultables sur place.
Trois parties : le fonds d'Egmont-Pigbatelli, le fonds de la baronnie de Lucheux et des épaves de l'échevinage, de l'Hôtel-Dieu et des Carmes de Lucheux. Les pièces les plus anciennes remontent au XIIIe siècle.
Jean-Louis Morel, Lucheux au XIXe siècle, Lille, TheBookEdition.com, 130 p. (ISBN978-2-9536219-3-8)
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Jacques Garnier, Dictionnaire topographique de la Somme, t. 1, Paris / Amiens 1867 - 1878, p. 527 (lire en ligne sur DicoTopo) [1].
↑ abcdef et gNotice géographique et historique rédigée par l'instituteur, M. Hémery, 1899, Archives départementales de la Somme, Amiens
↑ a et bCamille Enlart, Monuments religieux de l'architecture romane et de transition dans la région picarde : Anciens diocèses d'Amiens et de Boulogne, Amiens, Impr. de Yvert et Tellier, coll. « Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie », , 252 p. (lire en ligne), p. 132-141, lire en ligne sur Gallica.
↑L. MINET, « LUCHEUX. L'affaire des épitaphes en hommage à deux déportés étrangers à la commune sur le monument aux morts du village se termine devant le tribunal, à la suite d'un recours de l'ancien maire », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le )« Ce mercredi 30 janvier, à la première chambre du tribunal administratif d'Amiens, sera étudié le recours de l'ancien maire de Lucheux, Guy Hémery, contre la municipalité actuelle, dirigée par Pierre Trzcialkowski. ».
↑Sophie Diers, « Lucheux : Michel Duhaultoy, tête de liste : Après de nombreux changements d'avis de la part du maire sortant, Pierre Trzcialkowski, ce dernier ne se représente pas mais souhaite tout de même participer à la vie communale. Michel Duhaultoy, 1er adjoint sortant, prend donc les rênes. Son créneau : « Communiquons et agissons ensemble pour Lucheux », L'Abeille de la Ternoise, (lire en ligne, consulté le ).
↑Delphine Richard, « Une dernière pour Michel Duhautoy, maire de Lucheux : En mars, le maire briguera un troisième et dernier mandat à la tête d'un village qui attire les jeunes », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le ).
↑Sophie Diers, « Lucheux et environs.- Mobilisés pour sauver une classe : plus de 700 signatures récoltées », L'Abeille de la Ternoise, (lire en ligne, consulté le )« Cette année, 151 élèves sont inscrits au sein du RPI et, d'après le prévisionnel, ils seront 142 à la rentrée ».
↑ abc et dGuide bleu Picardie, Hachette, Ed. 2003, p. 113.
↑Émilie Da Cruz, « Rien de nouveau au château de Lucheux : Malgré les projets du nouveau propriétaire, pour l'instant, l'édifice classé aux Monuments historiques est toujours à l'abandon et fermé au public », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le ).
↑Sophie Diers, « Château de Lucheux : des logements vendus et les ruines protégées : Depuis quelques mois, l'inquiétude régnait quant à l'avenir du château. En effet, le nouveau propriétaire ne semblait plus donner signe de vie. Il sort maintenant de son silence afin d'en dire plus sur la création de logements dans l'ancien IME, vide depuis 2012. Et bonne nouvelle, le public devrait de nouveau profiter des ruines », L'Abeille de la Ternoise, (lire en ligne, consulté le ).
↑André Guerville, Chapelles et oratoires en Pays de Somme, Abbeville, imp. Frédéric Paillart, coll. « Richesses en Somme », 4e trimestre 2003, 302 p., p. 165 (ASINB000WR15W8).