Sa première œuvre, L'Intérieur de la nuit, connaît un bon accueil de la critique francophone et reçoit six prix : Les lauriers verts de la forêt des livres, Révélation (2005), le prix Louis-Guilloux (2006)[3], le prix du premier roman de femme (2006)[4], le prix René-Fallet[5] (2006), le prix Bernard-Palissy (2006)[4], et le Prix de l'excellence camerounaise (2007). Le magazine Lire le qualifie de meilleur premier roman français de l'année 2005.
Au printemps 2008, elle publie cinq romans, dans la collection « Étonnants classiques » chez Flammarion, regroupés sous le titre Afropean et autres nouvelles.
Son œuvre a la particularité, selon Daniel S. Larangé, de créer à proprement parler une littérature afropéenne, consciente des transformations du monde et de l'humanité. Elle défend l'identité afropéenne à l'heure de la mondialisation, qui pourrait régénérer la culture française par le biais de la littérature francophone. Toujours selon Larangé, l'écriture-jazzy est fondée sur une culture populaire et musicale, intégrant les rythmes impromptus et les rhapsodies propres au jazz[6].
En , Léonora Miano remporte le prix Femina pour La Saison de l'ombre qui raconte, dans la lignée du Devoir de violence de Yambo Ouologuem, le début de la traite des Noirs. Le roman se présente comme une parabole de la mondialisation qui conduit à exploiter l'humanité comme un produit de consommation.
En 2018, Satoshi Miyagi met en scène Révélation, premier volet de la trilogie sur l'histoire de l'esclavageRed in Blue publié en 2011. Léonora Miano, spécialiste du fait colonial, fait le choix d'un metteur en scène dont la culture (japonaise) est éloignée de l'histoire de l'esclavagisme transatlantique. Sa volonté est d'éviter l'« appropriation culturelle » par un Occidental. Le contraste entre l'histoire familière pour un spectateur occidental et la distance esthétique (dissociation de la voix et du corps héritée du théâtre japonais) crée la surprise et, selon Libération, dépasse la confrontation entre l'Afrique et l'Europe[9].
Dans Afropea - Utopie post-occidentale et post-raciste (2020), Léonora Miano rejette la notion d'identité et d'essence « noire » ainsi que celle de « négritude » et même le terme « Africains ». Elle revendique plutôt les termes de Subsahariens, Afrodescendants ou Afropéens, ce dernier étant pour elle un outil fécond pour « parvenir à la création de sociétés plus inclusives, post-occidentales[10]. » Dans L'Autre Langue des femmes, paru en 2021, elle s'intéresse à plusieurs personnalités féminines historiques ou légendaires subsahariennes, et la signification que peuvent avoir aujourd'hui leur légende[11],[12], telles Tassin Hangbè, Moremi Ajasoro, Abla Pokou, Njinga du Ndongo et du Matamba, Amina de Zaria, Caroweelo, Yennenga, Sarraounia, etc.
En 2021, elle écrit la préface de la publication en français de Carnet de mémoires coloniales de l'écrivaine portugaise Isabela Figueiredo[13].
Depuis 2021, elle est la marraine du prix littéraire Frontières-Léonora Miano, qui récompense le meilleur roman de l'année abordant la thématique des frontières[14].
↑Daniel S. Larangé, De l'écriture africaine à la présence afropéenne : pour une exploration de nouvelles terres littéraires, Paris, L'Harmattan, , 305 p. (ISBN978-2-343-02737-1), p. 171-206.
Abomo-Maurin (2010) « Quête identitaire et enquête dans L'Intérieur de la nuit et Contours du jour qui vient de Léonora Miano » dans Absence, enquête et quête dans le roman Francophone. Tang A./ Bissa Enama P. (Dir.). Peter Lang, 2010 - 314 p.
Nathalie Etoké (2009) « L'onomastique comme poétique de la (dé)construction identitaire dans Tels des astres éteints de Léonora Miano ». International Journal of Francophone Studies, Volume 12-4, 1er décembre, p. 613-638.
Daniel S. Larangé, De l’écriture africaine à la présence afropéenne : pour une exploration de nouvelles terres littéraires, Paris, L’Harmattan, coll. « Études africaines », 2014 (ISBN978-2-343-02737-1).
Daniel S. Larangé, « Une foi n'est pas coutume… Des problèmes sociaux à la question religieuse chez les écrivaines camerounaises sur Seine », Revue roumaine d'études francophones, vol. 4, 2012, p. 119-139.
Daniel S. Larangé, « Pour un discours social postmoderne : phénomène de média(tisa)tion et d'intermédia(lisa)tion dans l'écriture franco-camerounaise : les exemples de Calixthe Beyala et Léonora Miano », Dialogues francophones, Vol. 17, 2011, p. 127-149.
Véronique Petetin, « L’"afrophonie" de Léonora Miano », L’Étude, no 9, (lire en ligne, consulté le ).
Alice Delphine Tang (dir.), L'Œuvre romanesque de Léonora Miano : fiction, mémoire et enjeux identitaires, L’Harmattan, (ISBN978-2-343-04291-6).
Herve Tchumkam, « Logiques profanatoires : L'Intérieur de la nuit de Léonora Miano », Ladislas Nzesse et M. Dassi (eds.), in Le Cameroun au prisme de la littérature africaine à l'ère du pluralisme sociopolitique (1990-2006), L'Harmattan, 2008.
Marjolaine Unter Ecker, Questions identitaires dans les récits afropéens de Léonora Miano, Toulouse, PUM, coll. « Lettres & Cultures », 2016 (ISBN978-2-8107-0428-6).