À l'intersection des routes départementales (RD) 18, 25, 32 et 90, le bourg de Magnat-l'Étrange est situé, en distances orthodromiques, dix-neuf kilomètres au sud-sud-est d'Aubusson, la sous-préfecture.
Le territoire communal est également desservi par les RD 23, 28 et 31.
La géographie de la commune est représentative de celle du sud du département : région de collines dont l'altitude est de l'ordre de 700 à 800 mètres, avec une proportion importante de surfaces boisées.
L'altitude minimale avec 636 mètres se trouve localisée à l'extrême nord, à proximité du château du Bost, là où la Rozeille quitte la commune et entre sur celle de Saint-Georges-Nigremont. L'altitude maximale avec 867 ou 868 mètres[Note 1] est située dans le sud-ouest, au Puy du Bois du Suc[1].
La commune est drainée par la Rozeille et plusieurs de ses affluents.
Le barrage de la Beissat est un ouvrage hydraulique de rétention des eaux de la Roseille, construit en 1983, retient un volume d'eau de 1 500 milliers de m³ sur une surface de 21 hectares.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 115 mm, avec 13,1 jours de précipitations en janvier et 8,1 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de La Courtine à 10,49 km à vol d'oiseau[5], est de 9,3 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 092,6 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Au , Magnat-l'Étrange est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[9].
Elle est située hors unité urbaine[I 1] et hors attraction des villes[10],[11].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (61,5 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (61,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (57,6 %), prairies (23,7 %), zones agricoles hétérogènes (12,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (3,9 %), zones urbanisées (1,2 %), eaux continentales[Note 2] (0,7 %)[12]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La configuration du village de Magnat, conservée jusqu'à nos jours, est caractéristique de celle d'un village médiéval : situé sur les flancs d'une petite butte, en surplomb de la Rozeille, le village est dominé par un château (de taille modeste et remanié au XIXe siècle[13]) auquel l'église, qui pourrait dater du Xe ou XIe siècle[14], est attenante.
Le tableau ci-dessous présente la typologie des logements à Magnat-l'Étrange en 2018 en comparaison avec celle de la Creuse et de la France entière. Une caractéristique marquante du parc de logements est ainsi une proportion de résidences secondaires et logements occasionnels (43,3 %), très supérieure à celle du département (19,8 %) et à celle de la France entière (9,7 %). Concernant le statut d'occupation de ces logements, 86,7 % des habitants de la commune sont propriétaires de leur logement (86,1 % en 2013), contre 72,5 % pour la Creuse et 57,5 % pour la France entière[I 3].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. 39,4 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (33,6 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 264 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 92 sont en aléa moyen ou fort, soit 35 %, à comparer aux 25 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[17],[Carte 2].
Par ailleurs, afin de mieux appréhender le risque d’affaissement de terrain, l'inventaire national des cavités souterraines permet de localiser celles situées sur la commune[18].
La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1982 et 1999. Concernant les mouvements de terrains, la commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par des mouvements de terrain en 1999[15].
La commune est en outre située en aval du barrage de Confolent, un ouvrage sur la Creuse de classe A[Note 3] soumis à PPI, disposant d'une retenue de 4,7 millions de mètres cubes[20]. À ce titre elle est susceptible d’être touchée par l’onde de submersion consécutive à la rupture de cet ouvrage[21].
Dans plusieurs parties du territoire national, le radon, accumulé dans certains logements ou autres locaux, peut constituer une source significative d’exposition de la population aux rayonnements ionisants. Certaines communes du département sont concernées par le risque radon à un niveau plus ou moins élevé. Selon la classification de 2018, la commune de Magnat-l'Étrange est classée en zone 3, à savoir zone à potentiel radon significatif[22].
L'existence d'un habitat sur le site du village de Magnat ainsi que des hameaux qui l'environnent est sans doute très ancienne, et peut remonter au Néolithique. Un prieuré a été érigé sur le territoire communal au VIIIe siècle[23]. Plusieurs fois démoli puis reconstruit, il a définitivement été détruit à la Révolution française.
Sans épisode notable, l'histoire de Magnat a essentiellement été marquée, dans les deux derniers siècles, par la diminution importante de sa population, liée à l'exode rural du tournant des XIXe et XXe siècles ainsi qu'au solde naturel négatif qui a caractérisé la démographie du département dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Vers 1760, lors d’un séjour en Russie, le marquis de Lestrange, baron de Magnat, remarque dans les jardins de Saint-Pétersbourg, une variété de choux pommés (ou choux cabus) particulièrement résistante au froid, peu exigeante pour la qualité du terrain et de conservation facile.
Le marquis de Lestrange se dit probablement que cette plante permettrait à sa région, pauvre, de mieux passer les hivers longs, froids et rigoureux. Il ramena en conséquence des graines et la méthode de culture et de conservation. La réussite dépassa son espérance et dès 1884 la culture de ce chou sera très développée et son « exportation » se fera vers le reste de la Creuse, le Cantal, la Corrèze et le Puy-de-Dôme.
Au-delà de ces qualités de résistance, ce chou peut mesurer jusqu’à 1,20 m de diamètre, peser 20 kg et se conserve en terre, tête retournée[24].
Aujourd’hui, Magnat et la commune voisine de Beissat fêtent toujours ce chou. Cette fête, généralement organisée en mai et octobre, animée par l’association éponyme, permet d’acheter des graines, des plants, et d’échanger sur la meilleure façon de soigner ces choux ou de les cuisiner.
En 2022 , la commune de Magnat-l'Étrange comptait 240 habitants. À partir du XXIe siècle, les recensements réels des communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans. Les autres chiffres sont des estimations.
Le barrage de la Rozeille, ou barrage de Beissat, d'une longueur de 172 mètres et haut de 18 mètres, construit en 1983, est situé un kilomètre et demi au sud-ouest du bourg de Magnat, le plan d'eau étant partagé avec la commune voisine de Beissat.
La façade sud du château de Magnat après rénovation en 2012.
L'église de l'Assomption-de-la-Très-Sainte-Vierge, romane datée du XIIe siècle et remaniée aux XVIe et XVIIe siècles, a été reconsacrée en 1523, comme le précise l'inscription (devenue presque illisible avec le temps) sous une fenêtre[35]. Classée en 1943 au titre des monuments historiques[36],[14], l'église se caractérise par deux clochers-murs qui sont placés perpendiculairement, l’un formant la façade occidentale de l’édifice, l’autre étant dans le prolongement du mur Nord de la nef.
Ce double clocher fait l’objet d’une légende :
« Avant de partir en croisade, le seigneur de Magnat promit au curé de la paroisse, s’il revenait vivant de son périple, de payer un clocher pour l’église. Mais son absence se prolongea et sa femme prit un amant. Désirant l’épouser, elle acheta l’accord du curé en payant le clocher promis par son mari. Mais malchance pour elle, son mari revint d’Orient quelque temps après. Il tua la femme et l’amant mais, ayant promis le clocher à un homme d’église, le fit construire malgré tout, ce qui explique la présence des deux clochers. »
À l'intérieur, le maître-autel est composé d'un remarquable ensemble autel-tabernacle[37]-retable[38] du XVIIe siècle inscrit en 1987 au titre des monuments historiques[39]. Il est agrémenté de statues de la même époque représentant saint Martial[40] et saint Roch[41] et quatre anges, toutes les six inscrites au titre des monuments historiques, ainsi que la Vierge de l'Assomption, classée en 1988[42]. L'église et le retable ont fait l'objet d'une restauration par les monuments historiques en 2016-2017. Les vitraux sont l'œuvre de Charles Lagaye en 1879[43],[44] et 1887[45],[46] et de Charles Borie vers 1929[47],[48],[49],[50].
Datées du XVIIe au XXe siècle, 25 croix monumentales ont été recensées sur le territoire communal[51].
Magnat-l'Étrange est citée dans le poème d’Aragon, Le conscrit des cent villages, écrit comme acte de résistance intellectuelle de manière clandestine au printemps 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale[54]. La commune est également le lieu de l'intrigue de la bande-dessinée Intrus à l'Étrange de Simon Hureau.
↑Deux valeurs différentes pour l'IGN, 867 mètres sur la carte et 868 sur son ancien site.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Le classement des barrages est fonction de deux paramètres : hauteur et volume retenu[19].
↑Manhac, ancien fief qui se trouvait sur la commune de Magnat-L'Étrange (de Vaivre 2000, p. 123).
↑Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Philippe Breuil présente sa liste », La Montagne, (lire en ligne, consulté le )« Le conseiller général du canton de La Courtine, Philippe Breuil, a présenté sa liste mardi, à Magnat-l'Étrange. Pour l'ancien maire de la commune de 1995 à 2001, cette liste « Magnat va de l'avant » est placée sous le signe d'un rajeunissement ».
↑« Une conseillère honorée par le maire », La Montagne, (lire en ligne, consulté le )« Lucien Mestat, maire ne se représente pas ».
↑Louis Aragon, « Le Conscrit des cent villages », publié initialement dans La Diane française, consulté dans Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes : France, 1940-1945, Paris : Seghers, 2004 (2e édition). (ISBN2-232-12242-5), p. 373-375.
↑Jean-Bernard de Vaivre, « La forteresse de Kolóssi en Chypre », Monuments et mémoires de la fondation Eugène Piot, vol. 79, , p. 122-123, 127 (lire en ligne).