La pauvreté est une cause majeure de manque d'accès à l'eau potable, et par suite de maladies hydriques, infectieuses et parasitaires notamment (dont parfois dans les grandes villes comme ici à Jakarta ; ville pourtant située dans un pays où l'eau est abondante)
Ces maladies comptent parmi les plus fréquentes dans le monde, et elles tuent le plus (les enfants notamment).
Les pays pauvres sont largement plus touchés, mais des foyers épidémiques se déclarent périodiquement dans les pays riches (ex : en à Walkerton (Ontario) au moins 2 300 personnes ont été gravement malades et sept mortes à la suite d'une contamination microbienne du réseau d'eau potable dans la ville)[1].
Dessin satirique de 1828 relatif à l'eau de la Tamise intitulé Soupe de monstres communément appelée l'eau de la Tamise (Monster Soup commonly called Thames Water)
Il en existe au moins quatre types :
les maladies liées à la toxicité d'une eau polluée par des métaux, radionucléides ou produits chimiques ;
les maladies infectieuses induites par une eau contenant des microorganismes pathogènes pour l'homme, y compris acquises lors d'activités récréatives (baignade, pêche, chasse...) souvent alors issue de « contaminations fécales accidentelles ou de connexions croisées »[2] ; sources de diarrhées et gastro-entérite souvent épuisantes et pouvant entrainer la mort de personnes vulnérables (jeunes enfants notamment) ;
les parasitoses acquises via une eau contenant des parasites de l'Homme ;
les maladies transportées par des vecteurs qui sont plus nombreux là où l'eau est très présente (moustiques, typiquement).
Certaines maladies comme la diarrhée du voyageur peuvent avoir une origine hydrique ou d'autres origines.
Il peut s'agir d'eaux utilisées pour la boisson, la cuisson, la baignade, ou encore pour se laver ou pour laver des objets... Le risque de transmission le plus direct est lié à l'eau de boisson, il peut être diminué ou presque supprimé par une bonne filtration et/ou désinfection et un stockage adéquat. Le passage du pathogène peut aussi se faire via des blessures ou par le passage d'un parasite au travers de la peau.
Selon leurs provenances, on distingue habituellement
Un simple cuiseur solaire à concentration, comme ici à Zouzugu (Ghana) limite le besoin d'eau et diminue les risques de maladies hydriques (dont la Dracunculose) en permettant une pasteurisation gratuite de l'eau (quand le soleil est présent)Ce filtre à sable amélioré (en combinant plusieurs processus biologiques et mécaniques de filtration/épuration) élimine la plupart des contaminants microbiens et parasitaires de l'eau, réduisant le risque de diarrhée, de maladies de peau et d'infections des voies urinaires.Bouteille LifeSaver, utilisée par l'armée ou en situation de crise humanitaire pour produire par ultrafiltration de petites quantités d'eau potable. Il existe aussi un équivalent en "tube d'aspiration" (LifeStraw) plus léger
Ils sont sanitaires (enjeu de santé publique), sociaux et économiques, mais aussi individuels et collectifs (avec donc des enjeux géopolitiques, géostratégiques et de solidarité transrégionales et transnationales, faute de quoi pourraient se développer de futures « guerres de l'eau »). Des enjeux croisés existent entre la gestion de l'eau[6] (éventuellement communautaire) et les inégalités sociales et les inégalités écologiques, les populations plus pauvres étant généralement à la fois plus vulnérables et plus exposées aux maladies hydriques et aux environnements dégradés[7].
En effet, aujourd'hui, encore 2,6 millions de personnes meurent chaque année en raison des maladies liées à l'eau et à un environnement insalubre[8].
Des enjeux prospectifs, de veille sanitaire et de veille épidémiologique et écoépidémiologique ainsi que d'utilisation des retours d'expérience[9] existent aussi avec la surexploitation de nappes phréatiques propres, alors que la pollution générale de l'environnement peut affecter les ressources en eau des générations futures, l'apparition de phénomènes d'antibiorésistance et de chlororésistance, qui peuvent aussi avoir des causes ou co-déterminants environnementaux (la dégradation écologique des milieux aquatiques) et agroenvironnementaux[2],[10],[11], le drainage et l'irrigation, ainsi que l'épandage de lisiers, fumiers et/ou composts non arrivé à maturité pouvant notamment être des facteurs de salinisation ou de pollution microbienne (ou physicochimiques) de l'eau.
Ces enjeux sont exacerbés dans les régions chaudes et/ou arides où les risques microbiens sont élevés et où l'eau potable est plus difficile à trouver[12], en zone sahélienne par exemple[13].
D'autres enjeux sont liés à la sensibilisation, de formation et d'information des décideurs, des élus, des personnels de santé (dont médecins), des techniciens et de la population[14] (scolaire[15] notamment).
Des questions nouvelles et complexes se posent quand apparaissent des biofilms, et des souches de microbes ou parasites résistants aux moyens classiques de désinfection et épuration microbiologique de l'eau[16].
↑ex : Stéphanie Duvail, Michel Mietton, Phillippe Gourbesville (2001) Gestion de l'eau et interactions société-nature le cas du delta du Sénégal en rive mauritanienne ; Nature Sciences Sociétés, Volume 9, Issue 2, April–June 2001, Pages 5-16
↑Neri L (2007) L'eau dans les pays en développement: la pauvreté liée à l'eau, IRD (Fonds IRD , F B010057428 -Fond IRD].
↑SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, Baromètre de l'eau 2018, , 35 p. (lire en ligne), p. 4-5
↑Cisneros BJ Approches pour évaluer et établir des normes fondées sur les risques sanitaires à partir des données disponibles. L’irrigation avec des eaux usées et la santé, 67.
↑Nguon RS (2008) Facteurs agro-environnementaux associés à la résistance antimicrobienne d'Escherichia coli dans l'eau potable des puits du sud de l'Ontario.
↑ H. Morin & al. (2010) Étude de l’impact sanitaire du programme d’amélioration de l’accès à l’eau potable et de l’assainissement à Tanger au Maroc Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique, Volume 58, Supplément 2, September 2010, Page S60
↑Access to drinking water and health of populations in Sub-Saharan Africa Comptes Rendus Biologies, Volume 336, Issues 5–6, May–June 2013, Pages 305-309 Julien Ntouda, Fondo Sikodf, Mohamadou Ibrahim, Ibrahim Abba
↑A. Benmoussa, Z. Serhier, S. El Fakir, M. Berraho, N. Tachfouti, C. Nejjari (2009) Perception et connaissance des professionnels de santé en matière des risquesf> sanitaires liés à l’eau ; Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique, Volume 57, Supplément 1, May 2009, Pages S12-S13
↑Antoine Montiel (2004) Contrôle et préservation de la qualité microbiologique des eaux: traitements de désinfection ; Revue Française des Laboratoires, Volume 2004, Issue 364, June 2004, Pages 51-53
Cabanes PA, Dubrou S, Larguier M, Saude I, Festy B (1995) Les Legionella dans l'environnement hydrique sanitaire: Données préliminaires pour une évaluation du risque en France ; Médecine et Maladies Infectieuses, Volume 25, Issues 6–7, June–July 1995, Pages 850-857
Mouhaddach, M. Ben-Daoud, S. Vanwambeke, M.-P. Kestement, S. El Jaafari (2014) Utilisation des statistiques de scan spatio-temporelle en épidémiologie des maladies hydriques au niveau de la ville de Meknès, Maroc ; Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique, Volume 62, Supplément 3, March 2014, Pages S88-S89