Marcellinus Comes (« le comte Marcellin »), mort peu après 534, est un chroniqueur romain de langue latine du VIe siècle, lié à l'empereur Justinien, qui règne de 527 à 565 sur l'Empire romain d'Orient[1] en s'efforçant de reconquérir les territoires de l'Empire d'Occident, tombé depuis les années 470 aux mains de différents rois germaniques.
Il naît en Illyrie[réf. nécessaire], à une époque (la fin du Ve siècle) où l'Empire romain d'Occident vient de disparaitre (476).
Chancelier de Justinien sous le règne de l'oncle de celui-ci, Justin Ier (de 518 à 527), il conserve sa faveur lorsque Justinien devient empereur.
Il est doté du titre de comes, qui en latin classique signifie « compagnon », mais a aussi un sens institutionnel, particulièrement important depuis l'époque de l'empereur Constantin au IVe siècle, évoluant vers le sens de « comte[2] »
Marcellinus meurt en 534 ou peu après, sa chronique s'achevant cette année-là.
Une seule de ses œuvres a survécu, une chronique qui se présente comme la continuation de celle d'Eusèbe de Césarée, précisément de la traduction latine qu'en a faite saint Jérôme, qui va jusqu'en 379).
La chronique de Marcellinus concerne donc la période de 379 à 534. Dans sa préface, il précise qu'il a d'abord traité la période 379-518 (140 ans), puis dans un second temps les seize années suivantes (519-534)[3].
Bien qu'écrite en latin, langue des populations illyriennes[4], cette chronique s'intéresse surtout aux affaires de l'Empire romain d'Orient ; les événements survenus dans l'Empire romain d'Occident, empruntés à Orose et à Gennade de Marseille, n'apparaissent que lorsqu'ils sont en relation avec ceux d'Orient. Ainsi la bataille des champs Catalauniques de 451 (victoire des Romains d'Aetius et des Wisigoths de Théodoric Ier Ier sur l'armée d'Attila), à laquelle les auteurs occidentaux comme Sidoine Apollinaire et Jordanès accordent une grande importance, n'y figure pas.
La chronique contient en revanche des détails et des anecdotes sur la cour et la ville de Constantinople.
L'histoire ecclésiastique occupe une place importante.
Certaines informations sont parfois incertaines[5].
Cassiodore, qui parle de cet auteur avec éloge dans son livre De institutione divinarum litterarum (XVII), mentionne deux autres de ses ouvrages, aujourd'hui perdus :
- De temporum qualitatibus et positionibus locorum (« Des qualités des époques et des positions des lieux ») en quatre livres ;
- une description de Jérusalem et de Constantinople, en « quatre courts livres ».
- ↑ La division de l'Empire romain entre Orient et Occident remonte à l'époque de la tétrarchie instituée par Dioclétien (empereur de 284 à 305).
- ↑ Comes a pour génitif comitis et pour accusatif comitem, cas retenu ultérieurement en langue française (cas régime) : comitem > « comte ».
- ↑ Le manuscrit transmis par la tradition des copistes inclut une suite qui va jusqu'en 548, avec quelques informations sur les années de 551 à 558, et les années sont numérotées jusqu'en 566[pas clair]. L'auteur de cette suite reste anonyme.
- ↑ Mais le latin est aussi la langue officielle de l'Empire romain d'Orient jusqu'au règne d'Héraclius au VIIe siècle, qui fait du grec une deuxième langue officielle.
- ↑ Par exemple, il présente Théodoret de Cyr comme vivant en 466, ce qui paraît tardif, cet évêque semblant être mort vers 460.
- (en) Brian Croke, Count Marcellinus and His Chronicle, Oxford, 2001
- Dagmar Bartonkova, Marcellinus Comes and Jordanes's Romana, SBORNlK PRACI FILOSOFICKE FAKULTY BRNENSKE UNIVERSITY, E 12, 1967, p. 185-194.
- Brian Croke, Marcellinus on Dara: a Fragment of his lost De Temporum Qualitatibus et Positionibus Locorum, in Phoenix 38 1984, p. 77-88.
- Massimo Gusso, A proposito dell'uso di «interrex» nel «Chronicon» di Marcellinus Comes, Critica Storica 28, 1, 1991, p. 133-152.
- Massimo Gusso, Contributi allo studio della composizione e delle fonti del Chronicon di Marcellinus comes, Studia et Documenta Historiae e Iuris (Pontificia Università Lateranense), 61, 1995, p. 557-622.
- Massimo Gusso, Index Marcellinianus: an index to the Chronicon of Marcellinus Comes, Olms-Weidmann, Hildesheim 1996, pp. xiii, 171 (Konkordanzen zur klassischen Philologie, nr. 183).
- Massimo Gusso, Il Chronicon di Marcellinus Comes: a proposito di un libro recente, Cassiodorus, 3 (1997), p. 273-289 (about: Brian Croke, The Chronicle of Marcellinus, Translation and Commentary, with a Reproduction of Mommsen's Edition of the Text, Australian Association for Byzantine Studies (Byzantina Australiensia 7), Sydney 1995, pp. xxvii-152).
- Massimo Gusso, La «caduta» dell’Impero Romano nella percezione dei contemporanei, Circolo Vittoriese di Ricerche Storiche, Quaderno n. 7, 2002, p. 31-49.
- Massimo Gusso, Orientale tantum secutum imperium, Rivista di cultura classica e medioevale, 66, 1, 2004, p. 121-137 (about: Brian Croke, Count Marcellinus and his Chronicle, Oxford University Press, Oxford 2001).
- Theodore Nagy, The Reoccupation of Pannonia from the Huns in 427 (Did Jordanes use the Chronicon of Marcellinus Comes at the writing of the Getica?), Acta Antiqua. Academiae Scientiarum Hungaricae, 15 (1967), p. 159-186.
- László Várady, Jordanes Studien. Jordanes und das "Chronicon" des Marcellinus Comes. Die Selbständigkeit des Jordanes, in Chiron 1976, p. 441-487.
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :