Mari Boine (née Mari Boine Persen) est une chanteusenorvégienne d'origine samie, née le au Finnmark, Norvège. Sa musique associe le chant traditionnel des Samis, le joik, avec des sons et des mélodies électro-acoustiques.
Née en 1956 dans un village de l'extrême nord de la Norvège, à Gàmehhisnjàrga, près de Karasjok, Mari Boine reçoit de ses parents une éducation chrétienne très stricte qui bannit toute tradition sami, y compris le chant traditionnel, en raison de ses liens avec le chamanisme[1]. À l'âge de 20 ans, et alors qu'elle se destine à devenir une Norvégienne modèle, une manifestation contre la construction d'une centrale électrique en territoire sami (elle n'utilise pas et récuse le terme « lapon », qui lui semble péjoratif, et inventé par les colons) lui fait soudain prendre conscience de son identité ethnique, que son éducation a refoulée[1]. Dès lors, décidée à retrouver ses racines culturelles, Mari Boine commence à écrire ses textes et à les chanter (en langue same), et part à la recherche des chants traditionnels de son peuple.
En 1986, Mari Boine réalise un premier disque en solo sur un support vinyle, Jaskatvuođa Maŋŋá, qui contient des ballades et des chansons pop-rock. En 1988, un théâtre sami utilise ses chansons pour monter une série de saynètes. En 1989, à la suite de ce travail coopératif avec le théâtre sami, Mari Boine réalise son deuxième album Gula Gula[1]. L'année suivante signe sa consécration : l'album est diffusé avec succès sur la scène internationale sous le label Real World (de Peter Gabriel)[2],[3]. En quelques mois, Mari Boine devient l’une des artistes phares de la musique dite ethnique (ou world music) ainsi que l’ambassadrice artistique des Samis[1].
En 1998, après une dizaine d'années d'existence, le groupe Mari Boine Band est reformé avec de nouveaux membres, à l'exception du guitariste Roger Ludvigsen, qui suit Mari Boine depuis ses débuts. En 2002, sa participation à la musique du film d'animation L'Enfant qui voulait être un ours (musique composée par Bruno Coulais) contribue à accroître sa renommée hors du circuit de la world music. En 2003, elle chante en duo avec Denez Prigent dans l'album de celui-ci intitulé Sarac'h[4].
Mari Boine Persen relève le défi de la reconnaissance et de la renaissance culturelle en valorisant ses origines à travers des textes de chansons particulièrement engagés et une alchimie harmonieuse entre plusieurs sources d'inspirations[1],[2],[3],[5] :
le fonds de tradition ancestrale sami (chant de gorge joik et pulsation au tambour rituel) ;
les sons contemporains électro-acoustiques (guitare acoustique et électrique, basse, synthétiseur) ;
les influences musicales internationales (la pop, le rock, le jazz, etc.) ;
les musiques ethniques des autres peuples (flûtes andines, charango, percussions africaines, etc.).
↑Hélène Lee, « 33e Montreux Jazz Festival. Elle chante la mémoire blessée de la communauté «lapone»: à la découverte d'une pasionaria de la Norvège refoulée. Mari Boine Persen, âme sami », Libération, (lire en ligne)