Présidente Association pour le droit des femmes |
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Juriste, suffragette, militante pour les droits des femmes, avocate, suffragiste |
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Maria Vérone, née le à Paris et morte le [2] à Paris, est une libre-penseuse et féministe française.
Née dans le 2e arrondissement de Paris le , elle est la fille de Gustave Vérone et de Marie Carpentier. Son père, chef comptable, homme de gauche, est l’un des fondateurs de La Libre Pensée française. Élevé au séminaire mais jamais ordonné prêtre, il devient farouchement anti-clérical. Sa mère, originaire du Nord, est fleuriste-plumassière[3]. Sa grand-mère maternelle est une demoiselle Drouet, d’origine lorraine et apparentée à Jean-Baptiste Drouet, chef de Poste à Sainte-Menehould qui fit arrêter Louis XVI à Varennes.
Maria Vérone fait d'abord des études primaires, puis entre à l’école primaire supérieure Sophie-Germain de Paris, où elle passe ses brevets et est reçue à l’École normale d’institutrices primaires de la Seine[3]. L'internat étant obligatoire, elle refuse d'y entrer et devient répétitrice privée. C’est à ce titre qu’elle donne des leçons, notamment à Esther Dreyfus.
Son père l’introduit dans les milieux politiques qu’il fréquente et c’est ainsi qu’en 1889, à l'âge de quinze ans, elle est désignée secrétaire du Congrès de la Libre Pensée française. Elle reçoit en hommage une timbale en argent sur laquelle on peut lire les mentions suivantes gravées dans le métal : « Congrès de la Libre Pensée de France, à la citoyenne Maria Vérone, secrétaire du congrès 1889 ». Son père meurt l’année suivante[3].
Maria Vérone devient par la suite institutrice auxiliaire de la Ville de Paris. Elle travaille notamment à l’école maternelle de la rue Fessart sous la direction de Madame Frapié, dont le mari, Léon Frapié, est l'auteur du livre La Maternelle, plus tard adapté au cinéma. Simultanément, Maria Vérone s’occupe des universités populaires (dont elle reçoit à vingt ans une médaille de remerciements pour son professorat), et elle milite dans les milieux socialistes[3].
Cette activité politique déplaît à l’administration de l’Instruction nationale. Il lui est interdit de faire des conférences. Maria Vérone répond « qu’en dehors de ses heures de classe, [s]on temps [lui] appartient » et elle part donner une conférence à Orléans, le dimanche précédant la semaine où elle doit être titularisée. À son retour, elle est convoquée par l’inspecteur de l'Instruction primaire Bédoré, qui lui annonce, non sa titularisation, mais sa révocation.
En , elle épouse l’imprimeur Maurice Giès, dont elle divorce en 1907[3].
En 1897, Marguerite Durand crée le journal La Fronde, entièrement rédigé et réalisé par des femmes. Maria Vérone y entre comme rédactrice et secrétaire de rédaction. L’affaire Dreyfus se déclenche et elle rencontre sur les bancs de la presse un avocat et rédacteur de l’Aurore, Georges Lhermitte[3], qui devient son second mari en 1908.
Dès cette époque, le couple participe[Comment ?] à l'élaboration de la loi de séparation des Églises et de l'État, qui sera adoptée en 1905, et à la Ligue française pour le droit des femmes (LFDF), dont ils seront par la suite l’un et l’autre président (Maria Vérone le fut de 1919 à 1938). Ils militent pour le SFIO et à la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen dont Georges Lhermitte sera président de la section du 9e arrondissement de Paris. La Fronde et l’Aurore disparaissent après l’affaire Dreyfus. Maria Vérone, toujours journaliste, entre à La Bataille syndicaliste.
En décembre 1900, passe une loi, qui ouvre le barreau aux femmes. Maria Vérone, à vingt-huit ans, se met alors à préparer le baccalauréat. Munie de ses brevets élémentaire et supérieur, elle apprend, seule, le latin. Dispensée de la seconde partie (philosophie) car elle a appartenu à l’enseignement public, elle entreprend une licence en droit et devient avocate en 1907 (inscription au barreau de Paris)[3]. Elle fait partie des pionnières de cette profession[4] ; quelques jours avant elle, Hélène Miropolsky et Agathe Dyvrande-Thévenin prêtaient serment[5].
Sa vie, alors, se partage entre sa carrière d’avocate et de conférencière socialiste. Lorsque, le , au Pré-Saint-Gervais, la SFIO de Jean Jaurès organise, avec l'appui de la CGT et de la Fédération communiste anarchiste (FCA)[6], une manifestation pacifiste contre la loi des Trois ans, elle est l'une des trois femmes à faire un discours avec Alice Jouenne et Louise Saumoneau[7],[8]. Elle devient, et le reste jusqu’à sa mort en 1938, l'un des fers de lance et des porte-drapeaux du féminisme en France. Elle mène toute sa campagne sur le slogan « La femme paie l’impôt, la femme doit voter ». Elle fonde également l'Union des avocates de France.
Au printemps 1924, elle sollicite les suffrages des électeurs parisiens dans un scrutin de liste[pas clair]. La liste se compose de Mmes Airault, Aurel, Bertillon, Jacqueline Bertillon, Lita Besnard, Bousquet, France, Darget-Savarit, Léon Frapié, Camille Crespin du Gast, Suzanne Grinberg, Esther Lemaire-Crémieux, Marguerite Rochehrune et Maria Vérone. Ces femmes, artistes, journalistes, avocates, médecins, exploratrice, lancent un appel vibrant aux électeurs, réclamant : « le droit d'apporter au pays l’aide de notre zèle pour régler les moyens de vivre. On ne peut rien réussir de vivant sans que l'homme et la femme y travaillent ensemble »[9].
Elle prend part à des manifestations pour le droit de vote des femmes afin de sensibiliser le public à ce combat. À ce titre, elle se rend souvent à la préfecture de la Seine pour y demander les autorisations nécessaires. En 1922, elle souhaite ainsi traverser Paris dans un autocar revêtu d'un calicot, sur lequel est inscrit : « Ligue des droits de la femme : la femme veut voter » ; la demande est néanmoins refusée et Maria Vérone annule son projet afin de ne pas compromettre le chauffeur qui devait la conduire[4]. En , un article de presse relate son arrestation :
« Des groupes de suffragettes manifestaient mardi dernier, aux abords du Sénat et boulevard Saint-Germain. Sur les chapeaux, les rubans portaient cette devise : "La femme doit voter !". Le mouvement se déroula somme toute fort paisiblement. La police, néanmoins, s'affola. Et, sans aucune espèce de raison, une douzaine de suffragettes furent conduites au poste de la rue de Grenelle. On les y maintint quatre heures et elles ne furent relâchées que vers minuit. L’une d’elles n’était autre que Mme Maria Vérone, avocat à la cour[10]. »
En 1933, elle enregistre une conférence sur disque, Maître Maria Vérone parle du féminisme, où elle retrace l’origine de l’idée d’égalité hommes femmes et les combats féministes[11].
En 1936, lors du Front populaire, Léon Blum en prenant la charge de président du Conseil, lui offre un poste de ministre. Mais, déjà très atteinte par le mal incurable qui va l’emporter, elle décline l’offre qui aurait fait d'elle la première femme ministre en France[réf. nécessaire] (trois secrétaires d'État furent néanmoins nommées)).
Elle est décorée de la Légion d'honneur en 1936.[réf. nécessaire]
D’une façon constante, Georges Lhermitte l’épaule dans sa lutte politique et, à sa mort en 1938, lui succède à la présidence de la Ligue française pour le droit des femmes.
Après sa mort, en 1938, est créée l'association Les amis de Maria Vérone, dont certaines archives sont conservées au Centre des archives du féminisme à Angers[12]. Début 2023, alors qu'un projet de musée des féminismes est initié à Angers, une collecte est lancée par son association de préfiguration afin d'acquérir un portrait de Maria Vérone par Léon Fauret ; la toile la présente à l'hôtel des sociétés savantes, réclamant que le mot « homme » soit remplacé par « être humain » dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen[13].