Mariette Rousseau

Mariette Rousseau
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
IxellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Enfant
Ernest Rousseau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Personne liée
Elisa Caroline Destrée Bommer (coauteur ou coautrice et ami ou amie)Voir et modifier les données sur Wikidata
Influencée par
Distinction
Abréviation en botanique
M.RousseauVoir et modifier les données sur Wikidata

Mariette Rousseau, née Marie-Sophie Hannon le à Ixelles et morte le dans cette même commune, est une mycologue autodidacte belge qui a participé à la description de plus de 200 nouveaux taxons fongiques. Elle est connue également pour avoir tenu, avec son époux, le professeur Ernest Rousseau, un salon très en vue et pour avoir été une proche du peintre James Ensor.

Fille de Pauline Durselin et du médecin et botaniste Joseph-Désiré Hannon, elle est la sœur du poète et peintre Théo Hannon (1851-1916) et du photographe Édouard Hannon (1853-1931).

Enfant, elle s'intéresse aux sciences naturelles et particulièrement à la botanique qu'elle apprend avec son père. Après ses études, Mariette est envoyée en pension dans une famille en Allemagne où elle apprend la langue ainsi que l'anglais et la musique avant de devenir professeur de français. De retour en Belgique en 1871, elle y épouse, le , Ernest Rousseau (1831-1908), professeur de physique à l'Université libre de Bruxelles, de près de 20 ans son aîné, ami de son père décédé un an auparavant et qui était devenu le tuteur des trois jeunes Hannon. L'année suivante, nait Ernest-Joseph Rousseau (1872-1920) qui deviendra médecin et zoologiste[N 1].

Dans leur maison construite par l'architecte Jules Brunfaut et située au 20 de la rue Vautier[1],[2], les époux Rousseau tiennent un salon de conversation qui attire artistes, savants et politiques : l'écrivain Camille Lemonnier, le socialiste Édouard Anseele, les mycologues Elias Magnus Fries et Pier Andrea Saccardo, le géographe anarchiste Élisée Reclus, le professeur puis député Hector Denis, le lieutenant-général Gérard Leman... Théo et Édouard, les frères de Mariette, fréquentent la maison et cette élite intellectuelle et y amènent leurs amis, tout comme la nièce d'Ernest, l'auteure Blanche Rousseau. Vers 1880, Théo présente le peintre James Ensor (1860-1949) aux Rousseau qui deviennent alors une seconde famille pour le jeune artiste : ils l'encouragent, lui achètent des œuvres tout en les lui prêtant pour ses expositions, et même le loge régulièrement. Mariette est très sensible à la peinture d’Ensor et peut-être même aussi au charme du jeune homme[3]. James Ensor s'inspire de cette famille et de leur environnement pour ses œuvres, par exemple avec Le jardin des Rousseau en 1885[N 2] ou Le Désespoir de Pierrot en 1892[N 3] (Ernest-Joseph est en Pierrot et son père est à ses côtés[4]). Mariette apparaît dans plusieurs œuvres dont, notamment, un dessin à la craie noire de 1889 intitulé Mariette Rousseau au microscope[5], ses tableaux intitulés Les Bains à Ostende (1890) et Mr. et Mme Rousseau parlant avec Sophie Yoteko (1892), et sur une eau-forte où l'artiste a transposé une photo de 1888 où tous les deux sont présents : la dame est devenue une libellule courtisée par un scarabée ayant les traits du peintre[6]...

À partir de 1873, le couple Rousseau devient très proche du couple Bommer : Jean-Edouard (1829-1895) est professeur de botanique à l'ULB et Elisa (1832-1910) passionnée par cette discipline, tout comme la jeune Mariette. Sur les conseils du professeur Bommer, les deux femmes vont s'intéresser à une discipline encore peu développée en Belgique : la mycologie. À partir de 1879, elles publient, toujours en collaboration, les résultats de leurs recherches sur les champignons locaux, incluant la détermination de nouvelles espèces. Devenues des mycologues réputées, Mariette Rousseau et Elisa Bommer sont invitées à étudier la collection de champignons du Costa-Rica constituée par Henri Pittier et comportant plusieurs espèces indéterminées. Puis, elles sont chargées de l'étude des champignons récoltés par l'Expédition antarctique belge entre 1897 et 1899. Le résultat de leurs travaux est édité en 1905.

Lorsque l'épouse de son fils décède prématurément en 1901, Mariette prend en charge l'éducation de ses deux petites filles, Marguerite (née en 1898) et Jeanne (née en 1900). Et, lorsqu'en 1904, son fils est atteint d'une maladie des yeux l'obligeant à vivre dans l'obscurité, elle le soutient et le réconforte en lui jouant de la musique. Contre tout pronostic, Ernest-Joseph guérit et Mariette encourage alors son fils à arrêter la médecine et à se consacrer uniquement à sa passion, la zoologie.

Le Jardin botanique de l'Etat (1910).

En 1908, afin de gérer la classification des collections mycologiques, Mariette est engagée comme collaboratrice par le Jardin botanique de l'Etat. Cette même année 1908, elle perd son mari qui meurt à 77 ans d'une congestion à Paris, dans le fiacre qui l'emmène prendre un train à destination du Midi[7]. En 1920, elle enterre son fils, âgé de 48 ans seulement.

Mariette Rousseau décède le à Ixelles. Son herbier mycologique ainsi que celui d'Elisa Bommer sont déposés au Jardin botanique national de Belgique.

Elise Bommer et Mariette Rousseau ont décrit, seules ou avec d'autres mycologues, plus de 200 nouveaux taxons fongiques, dont les genres Chitonospora, Pteromyces et Trichosphaerella [8].

En 1924, Mariette Rousseau est décorée de l'Ordre de Léopold.

Son nom est immortalisé dans le genre fongique Roussoëlla, nom donné, en 1888, par le mycologue italien Pier Andrea Saccardo qui faisait partie du cercle d'amis des Rousseau. Deux espèces lui sont également dédiées : Nectria rousseauana (Sacc. & Roum., 1883) et Fabraea rousseauana (Sacc. & E. Bommer, 1886). En 1965, l'œuvre scientifique de cette mycologue est commémorée dans le genre Roussoëllopsis[8],[9].

Publications

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Mariette Rousseau mena ses recherches mycologiques conjointement avec Elisa Bommer. Leurs travaux firent notamment l'objet d'une série de monographies publiées dans le Bulletin de la Société Royale de Botanique de Belgique.

  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Catalogue des champignons observés aux environs de Bruxelles », Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, vol. 18,‎ , p. 61-221 (lire en ligne)
  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Florule mycologique des environs de Bruxelles », Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, vol. 23,‎ , p. 15-365 (lire en ligne)
  • Elisa Bommer, Mariette Rousseau, Florule mycologique des environs de Bruxelles: Champignons coprophiles de la Belgique; Pyrenomycetes coprophiles nouveaux pour la flore belge, Gand, 1884.
  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Contributions à la flore mycologique de Belgique », Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, vol. 25,‎ , p. 163-187 (lire en ligne)
  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Contributions à la flore mycologique de Belgique », Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, vol. 29,‎ , p. 205-303 (lire en ligne)
  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Fungi belgici », Annales Mycologici, vol. 3, no 6,‎ , p. 507-510
  • Elisa Bommer et Mariette Rousseau, « Champignons », dans Expédition antarctique belge : résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897-1899 sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery, rapports scientifiques publiés aux frais du gouvernements belge, Anvers,

Citons également la nécrologie qu'elle fit de sa collègue et amie :

  • « Nécrologie : Madame J. E. Bommer, née Elisa Destrée », Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, vol. 47,‎ , p. 256-261 (lire en ligne)

Bibliographie

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  • Marguerite Wodon, « Hannon-Rousseau (Marie-Sophie-Josèphe-Pauline-Jeanne, dite Mariette) », dans Biographie nationale de Belgique, t. 37, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, (lire en ligne), p. 206-208 (col.405-410). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mary Creese, Ladies in the laboratory II : West European women in science, 1800-1900, A survey of their contributions to research, Lanham et Oxford, The Scarecrow Press, (lire en ligne), p. 105. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Patricia Berman, James Ensor : Christ's entry into Brussels in 1889, Los Angeles, Getty Publications, (lire en ligne), p. 44.
  • André Fraiture, « Quelques grandes figures de la mycologie belge », Revue du Cercle de Mycologie de Bruxelles, no 6,‎ , p. 17-40 (lire en ligne)
  • Catherine Jacques, « Hannon-Rousseau Marie-Sophie, Josèphe, Pauline, Jeanne, dite Mariette (1850-1926) épouse Rousseau », dans Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant, Dictionnaire des femmes belges: XIXe et XXe siècles, Bruxelles, éditions Racine, (lire en ligne), p. 309-310. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Denis Diagre, Le Jardin botanique de Bruxelles, 1826-1912 : Reflet de la Belgique, enfant de l'Afrique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, .
  • Jean-Jacques Symoens et Henri J. Dumont, « Une famille belge de la Belle Epoque : les Hannon et les Rousseau, leur activité et leur héritage scientifique... », Les Naturalistes belges, no 93,‎ , p. 1-28 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Hannon (Rousseau), Mariette (1850-1926) », sur Bestor, Belgian Science and Technology Online Resources, (consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Sara Maroske et Tom W. May, « Naming names: the first women taxonomists in mycology », Studies in Mycology,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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Notes et références

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  1. Ernest Rousseau junior sera également président-fondateur de la société savante Les Naturalistes belges à laquelle Mariette participera activement par l'organisation d'excursions mycologiques et d'expositions publiques consacrées aux champignons.
  2. Le jardin des Rousseau est conservé au Cleveland Museum of Art (voir en ligne).
  3. Le Désespoir de Pierrot faisait partie de la Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé et a été vendu près de 5 millions d'euros en 2009 (voir en ligne).

Références

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  1. Laurence Brogniez et Tatiana Debroux, « Une exposition à l’échelle de la ville », COnTEXTES [Online], 19, 2017, consulté le 11 mars 2018, lire en ligne.
  2. Maison bourgeoise du 20 rue Vautier sur l'inventaire du patrimoine architectural de la région de Bruxelles-Capitale.
  3. E. Min, La vie très secrète de James Ensor, Le Vif, 18/07/2015, lire en ligne.
  4. Francine-Claire Legrand, James Ensor, précurseur de l'art moderne, Tournai : la Renaissance du Livre, 1999, p. 110 (lire en ligne)
  5. A. Swinbourne (dir.), James Ensor, New-York : The Museum of Modern Art, 2009, p.29 (voir en ligne).
  6. James Ensor and Photography.
  7. "Belgique - Mort de M. Ernest Rousseau", in: L'Indépendance belge, 79 (1908), 24 décembre, p. 4.
  8. a et b Maroske S, May TW, "Naming names: the first women taxonomists in mycology", Studies in Mycology (2018), https://doi.org/10.1016/j.simyco.2017.12.001, p. 9-11 (lire le pdf)
  9. Roussoëlla, Nectria rousseauana, Fabraea rousseauana et Roussoëllopsis sur l'Index Fungorum.



M.Rousseau est l’abréviation botanique standard de Mariette Rousseau.

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