Michel Racovitza est issu d’une famille de boyardsmoldaves dont le représentant le plus connu est le naturaliste et explorateur antarctique des XIXe et XXe siècles, Émile Racovitza. Racoviță est le nom de leur domaine ; le nom d’origine de la famille était Cehan. Il est le fils de Ion Racoviță (mort en juin 1688) et d’Anastasie Cantacuzène, fille de Thomas Cantacuzène, frère cadet de Constantin Cantacuzène et Mare Vornic (faisant office de Premier ministre et garde des sceaux) en 1638, puis Mare Stolnic (faisant office de ministre de la Justice et de chef de la maison princière) en 1644.
Son père avait exercé pendant une trentaine d’années de nombreuses charges à la cour moldave. Par son mariage, il était entré dans l’alliance de la puissante famille phanariote des Cantacuzènes qui dominait à cette époque la vie politique des deux principautés roumaines.
Le frère aîné de Michel, Dimitrie, était marié avec Ilinca Cantacuzène, fille de Michel Canatacuzène ou Mihai Cantacuzino (1640-1716, Mare Spãtar (chef des armées) de Valachie, et sa sœur Ecaterina avait épousé Iordache Cantacuzène-Deleanu, Mare Logofãt (grand chancelier) de Moldavie.
Bien que d’origine autochtone roumaine, la forte hellénisation de la famille Racoviță et surtout les conditions dans lesquelles Michel règne dans les principautés, le font considérer comme un prince phanariote.
Le il est remplacé par son ex beau-frère, l’ancien prince Antioch Cantemir fils aîné de Constantin Cantemir qui retrouve son trône pendant deux ans. Après la seconde destitution d’Antioch Cantemir il est de nouveau porté au trône le .
Le il est destitué par les Ottomans, convaincus par Constantin II Brâncoveanu qu’il était un agent d’influence de la Russie. Michel Racoviță est d’abord emprisonné à Constantinople puis assigné à résidence dans la capitale ottomane. Les Turcs se convainquent cependant de sa fiabilité et, le , après l’élimination définitive de la famille Cantacuzène du pouvoir, il est de nouveau porté au trône de Moldavie en remplacement de Nicolas Mavrocordato promu à celui de Valachie. Lors de la Guerre vénéto-austro-ottomane il doit faire appel aux Tatars de Crimée pour repousser l’invasion autrichienne, mais ces alliés n’en mettent pas moins la Moldavie au pillage[2].
Michel Racovitza est destitué en octobre 1726 en faveur de son rival Grigore II Ghica qui commence alors sa « carrière » d’hospodar de Moldavie.
En octobre 1730, Michel Racovitza est nommé en Valachie à la place de Constantin Mavrocordato pourtant élu par les boyards à la place de son défunt père, mais que la « Sublime Porte » avait refusé d’agréer. Démis après un règne d’un an, il est de nouveau appelé à remplacer Constantin Mavrocordato de septembre 1741 à juillet 1744.
Mihai Racoviță né en 1710, Grand Drogman de 1769 à 1770, qui refuse le trône de Moldavie. Il vécut jusqu’au 6/ (selon les calendriers, julien/grégorien).
Anastasia (1713 - 1758), épouse de Scarlat Ghica de Moldavie fils du rival de son père.
Alexandru Dimitrie XenopolHistoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
Nicolae IorgaHistoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
(ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASINB0000EA1ET).
Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN2-86496-054-0)
↑Le candidat au trône devait ensuite « amortir ses investissements » par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins six à huit mois était nécessaire, mais la « concurrence » était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le « jeu des chaises musicales » sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Celui qui ne parvenait pas à rembourser ses « investisseurs » et à verser le tribut dû, risquait sa vie, mais l'enjeu était si fructueux, que les candidats ne manquèrent jamais. Quant au gouvernement, il était assuré par le Mare Vornic (sorte de premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, « postelnic »-justice, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
↑La première razzia tatare en Moldavie date de 1223, la dernière de 1788, avec une fréquence de deux à trois par siècle durant cinq siècles. Les Tatars ont eu une influence importante dans l'histoire du pays : ils ont longtemps dominé des cités comme Orhei et des territoires comme le Boudjak où ils ont laissé de nombreux toponymes, certains se sont christianisés et intégrés, à l'exemple des familles Khan Temir ou Emin, et c'est avec eux que les Roms sont arrivés dans les pays roumains comme bûcherons, charretiers, chiffonniers, chaudronniers, éclaireurs, éleveurs de chevaux, fossoyeurs, tanneurs... avant de passer, lors du reflux des Tatars, sous la protection et au service des boyards et des monastères, jusqu'à leur émancipation en 1825 et à nouveau en 1856. Il reste aujourd'hui environ 26 000 Tatars en Roumanie, et entre 500 000 et 2 millions de Roms selon les recensements et les estimations.