La mission New Worlds (nouveaux mondes en anglais) est une proposition de mission spatiale étudiée dans les années 2000 par l'agence spatiale américaine, la NASA, dont les caractéristiques techniques permettraient d'étudier directement la lumière des planètes gravitant autour d'autres étoiles (exoplanètes). Son concept repose sur l'association d'un télescope spatial avec un grand système d'occultation (appelé starshade) placé dans l'espace à grande distance de celui-ci (plusieurs dizaines de milliers de kilomètres) et conçu pour bloquer la lumière de l'étoile centrale afin d'observer ses exoplanètes. Les observations pourraient être effectuées avec un télescope spatial existant, comme le télescope spatial James-Webb (JWST) lorsqu'il aura été lancé, ou un télescope optique dédié et travaillant dans le domaine de la lumière visible, avec une conception optimisée pour la recherche de planètes extrasolaires.
Un projet de recherche préliminaire est financé entre 2005[1] et 2008 par le NASA Institute for Advanced Concepts (NIAC) et dirigé par Webster Cash de l'Université du Colorado à Boulder en partenariat avec Ball Aerospace & Technologies, Northrop Grumman, le Southwest Research Institute et d'autres structures. Depuis 2010, le projet fait l'objet d'une recherche de financements complémentaires par la NASA ou d'autres sources, pour un montant d'environ 3 milliards de dollars américains. Ce montant inclut le financement de son propre télescope de 4 mètres[2]. Une version alternative et moins coûteuse du projet impliquerait une dépense de 750 millions de dollars, ceci pour un seul starshade (système d'occultation d'étoile) qui serait utilisé en conjonction avec le JWST[3].
En 2019 aucune suite n'avait été donnée au projet compte tenu de son cout et des risques découlant des nouvelles techniques mises en œuvre. Mais en le concept de cette mission est relancé lorsque la NASA décide de financer l'étude détaillée de la mission mDOT (Miniature Distributed Occulter Telescope) une version miniaturisée de New Worlds proposée par Simone D’Amico. Celui-ci est professeur à l'université Stanford et responsable du laboratoire Space Rendezvous Laboratory spécialisé dans la mise en oeuvre de constellations de micro-satellites. Le projet mDOT, qui a pour objectif principal de valider le concept développé avec New Worlds, comprend d'une part un micro-satellite de 240 kilogramme portant un système d'occultation de 3 mètres de diamètre et d'autre part un CubeSat 12U positionné à environ 500 kilomètres du système d'occultation, comportant un télescope de 10 centimètres d'ouverture. Si l'étude financée par la NASA est concluante, le projet, qui est en compétition avec 7 autres propositions de mission, pourrait être développé dans le cadre du programme Explorer. La décision est attendue en 2019[4],[5].
Au moment de la conception de la mission (décennies 2000 et 2010) la détection directe de planètes extrasolaires (ou exoplanètes) était très difficile et l'est toujours. Ceci est essentiellement dû aux faits que :
La difficulté d'observer des planètes à l'éclat si faible, si proches d'une étoile brillante, est l'obstacle qui a empêché les astronomes de photographier directement les exoplanètes. Au moment de la conception de la mission, seule une poignée d'exoplanètes a été photographiée[6].
La première exoplanète à avoir été prise en photo, 2M1207 b, est en orbite autour d'une étoile nommée 2M1207. Les astronomes ont été en mesure de photographier cette planète car elle est très inhabituelle, étant située très loin de son étoile à environ 55 unités astronomiques (soit environ deux fois la distance de Neptune par rapport au Soleil). De plus, l'étoile présente elle-même une très faible luminosité car il s'agit d'une naine brune.
Pour surmonter la difficulté à distinguer des planètes aux caractéristiques plus proches de la Terre et situées au voisinage d'étoiles brillantes, la mission New Worlds bloquerait la lumière de l'étoile avec un équipement d'occultation optique appelé starshade. Celui-ci empêcherait la lumière de l'étoile de parvenir à l'observateur, tout en permettant à celle de la planète de passer sans perturbation. Le starshade mesurerait quelques dizaines de mètres et serait probablement constitué de kapton, un matériau léger semblable au mylar[7].
Les méthodes traditionnelles de détection des exoplanètes reposent sur des moyens indirects de déduire l'existence de corps en orbite. Ces méthodes comprennent :
Toutes ces méthodes fournissent des preuves convaincantes de l'existence de planètes extrasolaires, néanmoins aucune ne fournit de réelles images des planètes en question.
Le but de la mission New Worlds est de bloquer la lumière en provenance d'étoiles proches avec un équipement d'occultation. Ceci permettrait l'observation directe des planètes en orbite. L'équipement d'occultation serait une grande feuille discoïdale placée à des milliers de kilomètres dans la ligne de visée. Le disque mesurerait vraisemblablement plusieurs dizaines de mètres de diamètre. Le dispositif est conçu pour tenir sous la coiffe d'un lanceur existant et serait déployé après le lancement.
Une difficulté avec ce concept est que la lumière en provenance de l'étoile cible se diffracterait autour du disque et qu'il se produirait une interférence constructive le long de l'axe central. Ainsi, la lumière de l'étoile serait toujours aisément visible, rendant la détection de planète impossible. Ce concept d'occulteur fut initialement théorisé par Siméon Poisson afin de démontrer que la théorie ondulatoire de la lumière était fausse, car il pensait que l'existence d'un point brillant au centre de l'ombre n'avait aucun sens. Toutefois François Arago vérifia expérimentalement l'existence de la tache de Fresnel. Heureusement, cet effet peut être annulé en donnant une forme particulière de l'équipement d'occultation. En ajoutant des pétales de forme spécifique sur le bord externe du disque, la tache de Fresnel disparaîtra, permettant ainsi de supprimer la lumière de l'étoile.
Cette technique rendrait la détection planétaire possible pour des étoiles se situant approximativement à 10 parsecs de la Terre (environ 32 années-lumière). On estime qu'il pourrait y avoir jusqu'à plusieurs milliers d'exoplanètes dans ce volume d'espace. Le starshade est similaire à un Aragoscope[8] mais ne soit pas être confondu avec cette dernière proposition de dispositif, conçue pour utiliser la diffraction de la lumière autour d'un disque parfaitement circulaire afin de produire une image. Le starshade est, quant à lui, un projet de coronographe en forme de fleur de tournesol qui a été conçu pour bloquer la lumière stellaire qui interfère avec l'observation d'autres mondes au télescope. Les « pétales » de la forme en « tournesol » du starshade sont conçus pour éliminer la diffraction qui est au contraire la caractéristique centrale d'un Aragoscope.
Le starshade est un dispositif optique conçu par Webster Cash, un astrophysicien du Center for Astrophysics and Space Astronomy (Centre pour l'Astrophysique et l'Astronomie Spatiale) de l'Université du Colorado[9].
Le véhicule spatial proposé est conçu pour fonctionner en tandem avec un télescope spatial comme le télescope spatial James-Webb ou un nouveau télescope spatial de 4 mètres[7].
Il évoluerait à 72 000 km en face d'un télescope spatial (entre le télescope et une étoile cible) et approximativement à 238 000 km de la Terre, en dehors de l'orbite héliocentrique de notre planète[10]. Une fois déployé, le starshade ressemble à une fleur de tournesol, avec des protubérances pointues tout autour de sa circonférence. Le starshade agit comme un très grand coronographe : il bloque la lumière d'une étoile distante, rendant plus aisée l'observation des planètes associées. Le starshade pourrait réduire la lumière collectée des étoiles brillantes d'un facteur aussi élevé que 10 milliards. La lumière s'échappant autour des bords serait utilisée par le télescope tandis qu'il scannerait le système à la recherche d'exoplanètes. Avec la réduction de l'éblouissante lumière, les astronomes seront en mesure d'inspecter les atmosphères d'exoplanètes situées à des dizaines de trillions de kilomètres, à la recherche de potentielles signatures de vie extraterrestre[1].
La mission New Worlds vise à découvrir et analyser des exoplanètes :
En plus de trouver et analyser des planètes telluriques, il sera également possible de découvrir des géantes gazeuses. La mission New Worlds trouvera aussi des exolunes et des anneaux autour des planètes extrasolaires. Elle étudiera ces lunes et anneaux en détail et découvrira si ces lunes peuvent également supporter la vie si, par exemple, elles orbitent autour d'une géante gazeuse évoluant elle-même dans la zone habitable de son étoile parente.
Plusieurs architectures sont envisagées pour la mission New Worlds :
Si elle était financée et lancée, la mission durerait 5 ans.