Les modèles DSGE jouent un rôle majeur dans l'évaluation de l'impact macroéconomique des politiques économiques actuelles. Ces modèles sont utilisés, notamment, par les banques centrales et les institutions internationales comme le Fonds monétaire international[1].
Ces modèles reposent sur deux principes. Tout d'abord, sur une modélisation des agents économiques au niveau microéconomiques, avec une prise en compte des ménages, des entreprises et de l'État ; ensuite, sur des données passées qui permettent de calibrer le modèle et l'affiner. Les agents économiques sont considérés comme maximisant leurs utilités (pour les entreprises, leurs profits).
L'objectif est de modéliser les variables macroéconomiques telles que la croissance économique, l'inflation, le chômage, etc. Le modèle est dit stochastique car il consiste pour le chercheur à introduire des processus stochastiques exogènes (dits « chocs ») qui modélisent un changement dans le système économique. Dans ces modèles, l'état de l'économie évolue par palier passant de l'instant t à l'instant t+1, les maximisations s'effectuent donc sur l'espérance de la somme des utilités ou des profits futurs tout en tenant compte des contraintes (prix, monnaie,...).
Les modèles DSGE sont issus d'un article séminal écrit par Finn E. Kydland et Edward C. Prescott, considéré comme le point de départ de cette branche des sciences économiques[2]. Aujourd'hui, deux grandes écoles de pensée économiques utilisent ces modèles, avec des paramètres différents : la Nouvelle économie classique, avec des prix libres, et la Nouvelle économie keynésienne, avec des prix imposés par des entreprises monopolistiques.
Le ménage a pour objectif de maximiser son utilité, ou préférence, définie par
avec la consommation du ménage à l'instant t et un coefficient d'actualisation.
À chaque période le ménage doit satisfaire les contraintes de son budget
avec le capital du ménage à l'instant t, le salaire et correspondant au temps de travail , le taux d'intérêt du capital et le taux de dépréciation du stock de capital.
Étant donné ce problème d'optimisation sous contrainte peut se résoudre avec la méthode des multiplicateur de Lagrange
avec le multiplicateur de Lagrange appelé utilité marginale du revenu.
En annulant les dérivées partielles de L on obtient une série d'équations nécessaires pour les optimum de la fonction L.
avec le capital nécessaire à la production de la période t et , le travail.
Étant donné le taux d'intérêt du capital et le prix du travail , l'entreprise cherche à maximiser ses profits sur chaque période
En annulant les dérivées partielles on obtient les équations nécessaires
L'ensemble des équations précédentes se résument en
ou encore
avec le capital initial, et les paramètres de la fonction de production, le taux d'actualisation de la fonction utilité, et le taux d'inflation les paramètres connus. Remarque contenu des hypothèses retenues ces équations ne dépendent ni des salaires, ni des taux d'intérêt.
Pour , la seule possibilité est de recourir à des approximations. L'équation en k admet un point d'équilibre tel que
En introduisant la déviation logarithmique de par rapport à , tel que pour proche de 0, on peut linéariser l'équation (LHS =RHS) autour du point d'équilibre.
Soit ,
de même
Finalement on obtient une équation d'une suite récurrente linéaire de second ordre pour les différences
avec et .
Soit
où , si le polynôme admet deux racines distinctes. En l’absence d'une condition initiale supplémentaire fixant , par exemple , on obtient une famille de solutions. Par exemple pour , , et on a et . Pour éviter les solutions tendant vers l'infini pour lesquelles l'approximation n'est pas valide, on peut choisir . Dans ce cas, connaissant le capital initial , l'unique solution du problème est donnée par .
Au lieu de considérer les paramètres du modèle simple, on considère certains de ces paramètres comme des variables aléatoires. Par exemple A peut être une variable aléatoire suivant un processus de Markov.
Les modèles DSGE font l'objet de diverses critiques. Pierre Dockès relève qu'ils sont critiquables dans la mesure où leurs tentatives d'intégrer la monnaie et les chocs causés par les politiques monétaire et budgétaire demeurent pauvres[4].
↑Ljungqvist and Sargent, Recursive Macroeconomic Theory, 2000, Ch. 2 pp. 33-34
↑Pierre Dockès, Le capitalisme et ses rythmes, quatre siècles en perspective: Tome 2, Splendeurs et misère de la croissance, 2 volumes, Classiques Garnier, (ISBN978-2-406-11155-9, lire en ligne)