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Cimetière du Petit-Saconnex (d) |
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Université de Lausanne Université de Bourgogne Collège Saint-Joseph (en) |
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Mohammad-Ali Djamalzadeh (en persan : محمدعلی جمالزاده / Moḥammad-ʿAli Jamâl-Zâde), né le à Ispahan en Perse et décédé le en Suisse, vécut notamment en Suisse (pays où se réfugia quelque temps le pamphlétaire et journaliste iranien Ali Akbar Dehkhoda dans les années 1900), à Lausanne et à Genève. Devenu citoyen d'honneur de Genève, Jamalzadeh y mourut plus que centenaire en 1997.
Seyyed Mohammad-Ali Djamalzadeh[1], le fondateur du genre de la nouvelle dans la littérature de langue persane en Iran, est né à Ispahan dans une famille de la classe moyenne. La date de sa naissance est incertaine, car il n'y avait ni état-civil, ni noms de famille à l'époque dans le pays; elle a été mentionnée entre 1892 à 1896 et même lui-même n’était pas certain à ce sujet. Dans la plupart des références, l’année 1895 est supposée comme sa date de naissance.
Le père de Djamalzadeh, Seyyed Djamal ad-Din Esfahani, était un mollah progressiste et prêcheur qui devint révolutionnaire constitutionnel, faisant des sermons enragés qui ont inspiré son fils mais qui lui ont coûté la vie; il est en effet exécuté en 1908 sur ordre du chah Mohammad-Ali Qadjar, qui le considérait comme l'un de ses ennemis les plus dangereux.
Le jeune Djamalzadeh a vécu en Iran jusqu’à ses douze ou treize ans. Par la suite, il s’installe au Liban avec son père, où il complète ses études, d’abord à l’école catholique d'Aintoura (1908) près de Beyrouth, puis en France (1910), et en Suisse ou il étudie le droit à l'université de Lausanne et plus tard à l'université de Dijon, en France.
Après la mort de son père, la vie de Djamalzadeh est bouleversée, mais grâce au soutien de beaucoup de ses amis et à son petit gagne-pain d’enseignant occasionnel, il survit à la misère. Il rejoint encore jeune à l'époque de la Première Guerre mondiale un groupe d'Iraniens nationalistes à Berlin et, en 1915, il publie le journal Rastakhiz (la Résurrection) pour ce groupe à Bagdad[2]. En même temps, il écrit aussi pour le périodique Kāveh (1916)[3].
En 1917, il publie son premier livre Gandj-e shaye-gan (Trésor mérité) qui est une vue d’ensemble de l’Iran au tournant du siècle. Gandj-e Shaye-gan traite des problèmes socio-économiques de l’Iran et fait un pont entre la littérature et la science. La même année, il représente le nationalisme de Perse au Congrès mondial des socialistes de Stockholm.Dans les années qui suivent, jusqu’en 1931 où il trouve enfin une situation stable à Genève à l’Organisation internationale du travail, il occupe des emplois temporaires, comme un poste à l’ambassade iranienne à Berlin. Durant toutes ces années, Djamalzadeh a très peu de contact avec l’Iran. Mais il n’a pas cessé pour autant d’apprendre le persan par lui-même. Basé sur ses expériences de jeunesse, il écrit au sujet de la vie de ses contemporains iraniens. Il est attentif à un usage particulier de la langue persane, incluant des répétitions, la multiplication d'adjectifs, et l'emploi du langage populaire dans certaines phrases, rappelant ainsi à ses lecteurs quelle est véritablement l’arrière pensée de l'écrivain dans une intention sincère de mieux décrire la réalité. Pourtant la distance physique de l'écrivain par rapport aux événements décrits dans ses récits en compromet parfois la justesse.
Commencer une histoire par Yeki boud yeki naboud (littéralement « Un qui était, et un qui n'était pas… », équivalent français : « Il était une fois ») prépare les auditeurs (surtout la jeunesse) ou les lecteurs à accepter que ce qu’ils entendent ou ce qu’ils lisent, n’est pas nécessairement vrai. Beaucoup de gens peuvent être d’accord avec l’auteur des notes en bas de page, qu’entendre les mots Yeki boud yeki naboud crée tout de suite un sentiment d’intimité et de rapprochement chaleureux chez les enfants; ce sentiment est évoqué souvent chez les jeunes gens aussi[4]. Le public, spécialement le clergé, a détesté la description faite par Djamalzadeh de son pays à tel point que des exemplaires du livre sont brûlés sur certaines places publiques. Yeki boud yeki naboud, qui est une série de six histoires, relate les conditions sociales et économiques en Iran au tournant du siècle, sujet qui était jusqu’alors hors de portée des auteurs et poètes en général. De plus, le livre milite contre l’interférence occidentale en Iran et se moque ouvertement du fanatisme religieux.
Le style simple et le langage familier de Djamalzadeh, combinés à un humour mesuré, accentuent l’impact de son écriture, et attisent l’aspect poignant de ses histoires, comme Yeki boud yeki naboud et Farsi shekar ast (Le Persan est du sucre) plus qu’on ne pourrait imaginer.
La réaction hostile du public a affecté Djamalzadeh à tel point que pendant les vingt années qui suivent, il s’abstient de s’engager dans une quelconque activité littéraire. Il recommence à écrire dans les années 1940, mais avec le temps il avait perdu sa dextérité en partie inconsciente, sa nouveauté de forme, son originalité des idées, son sens mordant de l’humour, et la structure ferme de ses histoires du passé. Tautologie, tendance à sagement utiliser des remarques, faire des spéculations philosophiques et mystiques, et indifférence pour les ordres sont devenus la marque de ses écrits postérieurs. Sahra-ye Mahshar (Armageddon) (1947), Talkh-o Shirin (Amer et sucré) (1955), Kohne va Now (Vieux et nouveau) (1959), Qair az Khoda hitchkas naboud (Nul n’existait à part Dieu) (1961), Asman-o Risman (Le firmament et la corde) (1965), Qesse-ha-ye koutah bara-ye batchcheha-ye rish-dar (De courtes histoires pour les enfants barbus [i.e. pour Adultes]) (1974), et Qesse-ye ma be akhar rasid[5] (Ainsi se termine notre histoire) (1979) étaient écrites dans cette phase littéraire. Bien que Djamalzadeh ait continué à critiquer la cour royale et le clergé, certains de ses écrits de cette période manquent d'originalité[6].
À part le persan, Djamalzadeh maîtrisait le français, l’allemand, et l’arabe. Il a traduit beaucoup de livres de ces langues en persan. Djamalzadeh est mort à l’âge de 105 à Genève, en Suisse. Il s'était marié en 1914 en premières noces avec une Suissesse, Joséphine, et avait épousé Marguerite (Fatemeh) Eggert en secondes noces en 1931, qui est enterrée avec lui au cimetière du Petit-Saconnex de Genève.
La littérature iranienne du XXe siècle compte quelques écrivains célèbres, parmi lesquels Sadegh Hedayat (1903 - 1951), Houshang Golshiri et Mohammad-Ali Djamalzadeh.