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Bibliographe, éditeur, orientaliste, écrivain, érudit du judaïsme, professeur d'université, bibliothécaire |
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Ephraim Veitel Stiftung (d) (à partir de ) Université de Leipzig |
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Maître |
Hirsch Bär Fassel (en) |
The Arabic Literature of the Jews (d) |
Moritz Steinschneider, né le à Prossnitz, margraviat de Moravie et mort le , est un bibliographe et orientaliste juif de Moravie.
Son père, Jacob Steinschneider (1782-1856), qui n'était pas seulement un talmudiste érudit mais était aussi versé dans les disciplines profanes, lui donne une première formation en hébreu. La maison de son père est le lieu de rencontre de nombreux hébraïstes progressistes, parmi lesquels son beau-frère, le médecin et écrivain Gideon Brecher.
Steinschneider signifie littéralement « tailleur de pierres ». Ceci semble indiquer que ses ancêtres occupaient la profession de joaillier ou de tailleur de pierres précieuses.
À l'âge de six ans, le petit Moritz est envoyé à l'école publique, ce qui est inédit à cette époque pour un enfant juif; et à l'âge de treize ans, il devient l'élève du rabbin Nahum Trebitsch, qu'il suit à Nikolsburg en 1832. L'année suivante, dans le but de poursuivre ses études talmudiques, il s'installe à Prague, où il restera jusqu'en 1836, suivant en parallèle des cours à l'École normale. Son compatriote Abraham Benisch, qui étudie aussi à Prague à cette même période, lance avec quelques amis intimes une sorte de mouvement sioniste auquel se joint Steinschneider. Plus tard en 1842, ce dernier voyant l'impraticabilité d'un tel programme, il le quitte définitivement.
En 1836 Steinschneider se rend à Vienne pour continuer ses études, et sur les conseils de son ami Leopold Dukes, il se consacre presque exclusivement à la littérature orientale et en hébreu moderne, et tout particulièrement à la bibliographie, qui deviendra son principal centre d'intérêt.
En tant que Juif, Steinschneider n'est pas autorisé à entrer à l'Académie orientale, et pour la même raison, il ne peut même pas obtenir la permission de copier des extraits des livres et des manuscrits en hébreu de la Bibliothèque impériale de Vienne. En dépit de ces inconvénients, il continue ses études en arabe, en syriaque et en hébreu avec le professeur Kaerle à la Faculté de théologie catholique de l'Université. À ce moment-là, il a l'intention d'embrasser la carrière rabbinique. À Vienne comme précédemment à Prague, il gagne sa vie en donnant des leçons et en enseignant entre autres sujets, l'italien.
Pour des raisons politiques, il est obligé de quitter Vienne, et décide d'aller à Berlin. Mais, incapable d'obtenir le passeport nécessaire, il s'installe à Leipzig. Là, à l'université, il continue ses études en arabe avec le professeur Fleischer. C'est à cette époque qu'il commence la traduction du Coran en hébreu et collabore avec Franz Delitzsch en éditant 'Etz Chayyim d'Aaron ben Elijah (Leipzig, 1841); mais les lois de la censure autrichienne ne lui permettent pas la publication avec son nom comme coéditeur. Pendant son séjour à Leipzig, il contribue à un grand nombre d'articles sur les littératures juive et arabe dans l'Universal Encyklopädie de Pierer.
Ayant finalement obtenu son passeport, Steinschneider part en 1839 pour Berlin, où il suit les cours universitaires de Franz Bopp sur la philologie comparative et l'histoire des littératures orientales. Il fait alors la connaissance de Leopold Zunz et de Abraham Geiger. En 1842, il retourne à Prague et en 1845, il suit Michael Sachs à Berlin; mais les tendances orthodoxes de ce dernier, lui font abandonner définitivement ses intentions de devenir rabbin. Il devient reporter au National-Zeitung pour les sessions de l'Assemblée nationale à Francfort et correspondant du Präger Zeitung. En 1844, avec David Cassel, il ébauche le Plan der Real-Encyclopädie des Judentums, qui sera publié dans le Literaturblatt des Orients; mais le projet final ne sera pas mené à bien par Steinscheider.
Le , Steinschneider, après beaucoup de difficultés, réussit à obtenir la nationalité prussienne. La même année, il est chargé de préparer le catalogue des livres en hébreu de la Bodleian Library de l'université d'Oxford (Catalogus Librorum Hebræorum in Bibliotheca Bodleiana, Berlin, 1852-60), un travail qui va l'occuper pendant treize années, durant lesquelles il passera quatre étés à Oxford.
En 1850, il reçoit le titre de docteur de l'université de Leipzig. En 1859, il est nommé maître de conférence à la Veitel-Heine Ephraim'sche Lehranstalt à Berlin, où ses conférences sont suivies par des étudiants aussi bien juifs que chrétiens. De 1860 à 1869 il est le représentant de la communauté juive auprès de l'administration, devant les tribunaux de la ville pour le serment more judaïco, ne laissant passer aucune opportunité pour protester contre ce restant d'humiliation moyenâgeuse. De 1869 à 1890, il est le directeur de la Mädchen-Schule (école de filles de la communauté juive), et en 1869, il est nommé assistant (Hilfsarbeiter) à la Bibliothèque royale de Berlin. De 1859 à 1882, il édite le périodique Hebräische Bibliographie. En 1872 et en 1876, il refuse des invitations respectivement de la Hochschule für die Wissenschaft des Judentums à Berlin et de la Landesrabbiner-Schule de Budapest, soutenant que les institutions adaptées pour le développement des sciences juives étaient l'université et non les séminaires théologiques juifs.
Il choisit des domaines très éloignés de la théologie, par exemple, les mathématiques, la philologie, l'histoire naturelle et la médecine, pour démontrer ce que les Juifs ont apporté dans l'histoire générale de la civilisation (Kulturgeschichte). Tandis que Leopold Zunz a présenté les bases de la science juive, Steinschneider parachève de nombreuses parties essentielles de cet édifice. Il est le premier à donner une vision systématique de la littérature juive, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, et à publier les catalogues des livres et manuscrits en hébreu conservés dans les bibliothèques publiques européennes. Le catalogue de la bibliothèque Bodléienne assure sa réputation de plus grand bibliographe juif. Ce catalogue, ainsi que ceux des bibliothèques de Leyde, Munich, Hambourg et Berlin, de même que son Hebräische Bibliographie en vingt-deux volumes donnent une mine d'informations sur l'histoire et la littérature juive.
Une de ses œuvres les plus originales est Die Hebräischen Übersetzungen des Mittelalters und die Juden als Dolmetscher: Ein Beitrag zur Literaturgeschichte des Mittelalters; meistenteils nach Handschriftlichen Quellen (Les Traductions hébraïques du Moyen Âge et les Juifs comme interprètes: une contribution à l'histoire de la littérature médiévale; principalement d'après des sources manuscrites), Berlin, 1893, projeté dès 1849. Tandis qu'il écrit sur la littérature juive pour l’Allgemeine Encyclopädie der Wissenschaften und Künste (« Encyclopédie générale des sciences et des arts ») de Ersch et de Gruber, il prend conscience de l'absence de sources sur l'influence des œuvres étrangères sur la littérature juive (1844-1847). Il se décide alors à compléter les monographies de Huet, Jourdain, Wüstenfeld et Johann Georg Wenrich sur l'histoire des traductions, en prenant comme sujet la littérature en hébreu moderne. En 1880, l'Institut de France lui offre une récompense pour une bibliographie complète des traductions en hébreu du Moyen Âge; Steinschneider obtient ce prix avec deux monographies écrites en français en 1884 et 1886. Son Übersetzungen est une traduction enrichie de celles-ci en allemand.
Steinschneider écrit avec une égale facilité en allemand, latin, français, italien et hébreu; son style n'est pas populaire, réservé seulement aux « lecteurs qui connaissent déjà quelque chose et qui désirent augmenter leurs connaissances »; mais, curieusement, il n'hésite pas aussi à écrire avec Horwitz, un petit livre de lecture pour les enfants des écoles, Imre Binah (1846), et d'autres livres scolaires pour l'école primaire de Sassoon accueillant les Bene-Israel de Bombay. En 1839, il écrit Eine Uebersicht der Wissenschaften und Künste Welche in Stunden der Liebe Nicht Uebersehen Sind (« Un aperçu des sciences et des arts que l'on n'oublient pas même aux heures de l'amour ») pour le Pester Tageblatt de Saphir et en 1846 Manne, un volume de poèmes adaptés de la poésie hébraïque qu'il dédie à sa fiancée, Augusta Auerbach, qu'il épousera en 1848.
En 1860, il crée le terme "antisémite" pour dénoncer les « préjugés antisémites »[1] d'Ernest Renan[2].
Les œuvres indépendantes les plus importantes de Steinschneider sont classées ci-dessous par ordre chronologique :
En plus, Steinschneider a écrit de très nombreux articles dans différentes revues et participé sous des formes variées aux œuvres d'autres chercheurs. Les essais suivants de Steinschneider méritent une mention spéciale :
Dans son testament philosophique qu'il écrit dans la préface de son Arabische Literatur der Juden (Littérature des Juifs en langue arabe), il pose les fondements principaux de l'étude de la littérature et de l'histoire juive, et n'hésite pas, à l'âge de quatre-vingt six ans, à formuler une « profession de foi agnostique ».