Issu d'une famille bourgeoise qui le destinait à devenir avocat, il préfère suivre sa vocation et devenir acteur. Son frère est Paul Mounet (1847-1922), acteur, professeur d'art dramatique et sociétaire de la Comédie-Française.
Après un an d'études au Conservatoire de Paris, Mounet-Sully débute à l'Odéon en 1868, où il n'a que de petits rôles.
Lors de la guerre de 1870, il est affecté comme lieutenant en Dordogne. De retour à Paris, l'Odéon lui ferme ses portes. Grâce à l'appui de son ancien maître au Conservatoire, il entre alors à la Comédie-Française. Il y débute le dans le rôle d'Oreste. Le public l'applaudit, mais la critique reste réservée, lui reprochant son jeu trop peu conventionnel. Servi par une stature imposante, des gestes harmonieux et une belle voix, il va néanmoins s'imposer comme un des tragédiens les plus renommés de son temps. Ayant une haute idée de son art, il renouvelle un art qui n'avait pas connu un tel bouleversement depuis Talma. À l'encontre de Diderot et de son Paradoxe sur le comédien, Mounet-Sully pense en effet que l'acteur doit abandonner sa personnalité en montant sur scène, pour se laisser entièrement absorber par son rôle.
En 1882, des soucis familiaux et une maladie des yeux le tiennent quelque temps éloigné de la scène. En 1885, il met en scène une version plus moderne de Britannicus qui emporte l'adhésion du public. Il joue Néron, Marguerite Durand est Junie, Albert Lambert Britannicus. En 1886, il connaît un nouveau triomphe dans le rôle d'Hamlet. Il tient ensuite de nombreux rôles, aussi bien dans le répertoire classique que moderne.
Il devient doyen en 1894, après le départ d'Edmond Got. En 1914, lorsque la guerre éclate, son statut le conduit à défendre les intérêts de la Comédie-Française alors qu'une partie de la troupe est mobilisée, et qu'il devient difficile de jouer. Bien qu'âgé de plus de soixante-dix ans, il joue lui-même encore de temps à autre. Ainsi, en , on le voit dans un des rôles qui avait le plus contribué à son succès des années auparavant, celui de Polyeucte. C'est sa dernière apparition.
Il est également l'auteur d'une pièce en cinq actes, La Buveuse de larmes, et de deux pièces en vers : Gygès et La Vieillesse de Don Juan.
Amant de Sarah Bernhardt, Mounet-Sully a été le compagnon de la comédienne Jeanne Rémy dont il a eu une fille qui deviendra elle aussi sociétaire sous le nom de Jeanne Sully.
Une plaque indiquant que « Mounet-Sully et son frère Paul Mounet sont nés dans cette maison » est apposée sur la façade du 8 rue Mounet-Sully à Bergerac (anciennement Rue Bellegarde jusqu'en 1920[7])
Sur la façade du 1 rue Gay-Lussac dans le 5e arrondissement de Paris une plaque indique que « Le tragédien Mounet-Sully né à Bergerac en 1841 est mort dans cette maison le 1er mars 1916 ».
Une école élémentaire porte le nom de Mounet-Sully à Saint-Astier en Dordogne[8]. Un grand médaillon en bronze par la sculptrice et médailleuse française Josette Hébert-Coëffin représentant Mounet-Sully dans son rôle d'Œdipe roi est fixé sur la façade dans la cour de l'école.
Un monument à la mémoire de Mounet-Sully et de son frère Paul Mounet se trouve dans le parc du Square Jean Jaurès à Bergerac. Les deux médaillons figurant les artistes qui se font face sont un travail du sculpteur modeleur Jean Varoqueaux[10].
La voûte de la coupole du dôme de la grande salle de l'Opéra de Vichy décorée par l'artiste polonais Léon Rudnicki est ornée de nombreux visages d'artistes dont ceux, entre autres, de Sarah Bernhardt et de Mounet-Sully[11].
A la Comédie-Française, un buste de grand format en bronze à patine brune de Mounet-Sully par le sculpteur français Lucien Pallez accueille le public à l'entrée du péristyle. Une version de ce buste en tous points identiques (mêmes dimensions H. 0,95m) mais en plâtre à patine claire se trouve exposée au Musée du Tabac à Bergerac[12].
Un important groupe relié en plâtre d'une hauteur de 2,35 mètres du sculpteur français Théodore Rivière intitulé Œdipe et l'exode représente l'acteur dans le rôle d'Œdipe accompagné de ses filles Ismène et Antigone après qu'il se soit crevé les yeux. L'Œuvre se trouve exposée au Musée des Augustins à Toulouse[13].
En 1976, pour le 60e anniversaire de sa disparition, la Poste émet un timbre à son effigie. La réalisation en a été confiée à l'artiste peintre René Dessirier qui le représente dans son rôle d'Hamlet.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Larousse Mensuel Illustré 1916, page 875.
Emile Fabre et Eugène Silvain, Funérailles de Mounet-Sully le 3 mars 1916, Discours prononcés par M. Emile Fabre et M. Silvain, Paris, Plon-Nourrit et Cie, , 15 p.
A. Joannidès, Relevé de représentations de Mounet-Sully à la Comédie-Française, Paris, Librairie Plon, , 17 p.
François-Paul Alibert et Jean Hervé, Les Dioscures, Hommage aux frères Mounet, Prologue récité devant le Mur d'Orange le 1er août 1925 par les artistes de la Comédie-Française, Carcassonne, Pierre Polère, , 28 p.
André de lorde, Mounet-Sully intime, Paris, In Revue des Deux Mondes, , 25 p.
Jean Cocteau, Portrait de Mounet-Sully, prose inédite de Jean Cocteau, Paris, François Bernouard, , 19 p.
Jeanne Sully, Mounet-Sully, Paris, In Les Annales (Revue mensuelle des lettres françaises), , 13 p.
Robert Coq, Souvenirs d'Œdipe-Roi, Bergerac, Imprimerie générale du Sud-Ouest, , 13 p.
Romain Rolland, Mounet-Sully vu par Romain Rolland, Paris, In Revue d'Histoire du Théâtre (Société d'Histoire du Théâtre), , 30 p.
Bernard Clergeot et Jean-Claude Lasserre, Mounet-Sully, ou : Un théâtre est mort, vive le théâtre !, Bordeaux, In Le Festin (SAI Société Atlantique d'Impression) (no 14), , 10 p.
Anne Penesco, Mounet-Sully et la Partition intérieure, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Cahiers du Centre de recherches musicologiques », , 149 p. (ISBN2-7297-0644-5, lire en ligne)
Anne Pellois, Les Héroismes de l'acteur au XIXe siècle : L'héroïsme anachronique de Mounet-Sully, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Théâtre et société », , 15 p. (ISBN978-2-7297-0884-9, lire en ligne)
Fabrice Masanès, « Le Masque du tragédien : Réflexions sur quelques portraits de Mounet-Sully », Histoires littéraires, no 20, , p. 62-79
Frédérick Sully et Alain Carou, De la scène à la pellicule : Mounet-Sully entre deux Oedipe, Paris, L'oeil d'or, , 28 p. (ISBN978-2-4904-3712-2)