La musique croate est indissociable des musiques de l'ex-Yougoslavie, dont elle faisait partie.
En plus des influences variées de ses voisines (slovène, serbe, bosniaque, monténégrine), elle se décline aussi dans ses régions dans des genres très différents, aux confluences des styles méditerranéens (sur la côte), balkanique (dans les montagnes) et slave (au centre et au nord).
Si la musique traditionnelle est encore très en vogue, elle se caractérise aujourd'hui par une osmose avec la musique actuelle, produisant un genre folk/pop très populaire. Il existe d'importantes communautés croates pratiquant cette musique en Hongrie, au Kosovo, mais aussi en Australie ou aux États-Unis.
Il existe plusieurs variétés régionales exécutées avec divers instruments :
Typique de l'Herzégovine, c'est un rare type de chant responsorial avec un chanteur principal accompagné par un chœur. Des thèmes passionnés politiques y sont incorporés désormais. Les hommes et les femmes ne se mêlent pas, mais les confessions chrétienne ou musulmane le peuvent.
La klapa (« groupe ») exécute un chant populaire a cappella apparu dans les années 1960 à partir des chants liturgiques de la côte dalmatique et d'Herzégovine, sur des thèmes sentimentaux, viticoles, ruraux ou maritimes. L'ensemble se compose de deux ténors, un baryton et une basse, parfois accompagnés de guitare ou mandoline ; c'est un genre difficile réclamant une bonne maîtrise musicale entre polyphonie et diaphonie. Là aussi les hommes et les femmes ne se mêlent pas.
La tamburica (diminutif de l'instrument tambura) est une musique apparue en 1847 (le premier sextet fut formé par Pajo Kolarić d'Osijek) et qui s'est répandue dans le nord et l'est du pays (Slavonie) ainsi qu'en Russie, en Autriche, en Italie, en Ukraine et aux États-Unis. Les thèmes sont ruraux ou sentimentaux, mais aussi religieux, car les ensembles participent à la messe. Cette formation très populaire est devenue professionnelle aujourd'hui avec Zlatni dukati, Ex Panonia, Zdenac, Slavonske Lole, Berde Band et Gazde. Ils accompagnent aussi souvent les danses kolo et hora. On y retrouve les instruments suivants (accompagnés parfois d'accordéon, violon ou clarinette) : berga ou 'begeš, bugarija ou kontra, celo ou celović, brač ou baßprim et bisernica ou prime.
Le banvarock est joué sur les gusle et sa poésie épique évoque l'histoire, les thèmes patriotiques et les affaires de brigandages (tel les hajduks ou les uskoks). Andrija Kačić Miošić est un auteur fameux du XVIIIe siècle ayant composé maints deseteraca (« poèmes de dix vers ») et son livre Razgovor ugodni naroda slovinskog est devenu la principale source d'inspiration actuelle des joueurs de gusle ou de mišnica tel que Mile Krajina.
Malgré l'apparition du chant chrétien au XIe siècle et des premiers compositeurs au XVe siècle (Andrija Motovunjanin et Franjo Bosanac), la Croatie n'a pas connu de riches heures en musique classique avant la Renaissance où Julije Skjavetić, Ivan Lukačić et Vinko Jelić bénéficièrent d'apports italiens. C'est à cette époque que sont rédigés les Pavlinski zbornik et Cithara Octochorda, des recueils de chants liturgiques. La période baroque voit les compositions de Petar Nakić, Luka Sorkočević et Ivan Mane Jarnović.
Du fait de l'absence d'infrastructures musicales, malgré son ancienne intégration à l'Autriche-Hongrie, la musique ne prit un véritable essor qu'à partir du XIXe siècle où des compositeurs d'audience nationale firent leur apparition tels Vatroslav Lisinski, auteur du premier opéra croate Ljubav i zloba (« Amour et malice ») en 1846, ou Ivan Plemeniti Zajc, Ivan Zajc et Jakov Gotovac. Ils furent suivis au XXe siècle par Bruno Bjelinski, Dora Pejačević, Ivo Malec, Stanko Horvat, Stjepan Sulek, Igor Kuljerić, Krsto Odak, Ivan Božičević, Anđelko Klobučar et Dubravko Detoni.