Le naphte désigne les affleurements de pétrole que l'on trouve fréquemment au Moyen-Orient et en Asie centrale. Ces affleurements proviennent d'un gisement souterrain dont une partie migre vers la surface par le biais d'une faille ou d'un sous-sol poreux. Il se présente sous la forme d'un liquide souvent visqueux, de couleur noire, inflammable.
Il ne faut pas le confondre avec le naphta, mot récent qui désigne une coupe pétrolière issue de la distillation du pétrole.
Le mot français « naphte » est la francisation du mot grec ou latin naphta, emprunté à l'iranien ancien[1], désignant une huile minérale plus ou moins raffinée, utilisée en Mésopotamie comme combustible. On retrouve la même racine dans l'arabe « nafṭ » (نَفْط), qui lui aussi signifie pétrole ou bitume. Le naphte a été distillé par les Perses et d'autres peuples de longue date. Au IXe siècle, le savant persan Al-Razi décrit la distillation et l'alambic.
Cette racine est toujours employée aujourd'hui dans de nombreuses langues : en ukrainien нафта, en russe нефть[2], etc. Naft Khaneh (« Maison du pétrole » en persan) est l'endroit où l'on découvrit l'un des tout premiers gisements de pétrole du Moyen Orient, en 1909[3], à la frontière actuelle Iran-Irak. On trouve au Moyen-Orient et en Asie centrale de nombreux noms de villes constitués à partir de cette racine : Maidan-i-Naphtun, premier site d'exploration de l’Anglo-Persian Oil Company[4], Neft-Chala, au sud de Bakou, etc.
Pline l'Ancien écrivait sur la nature du naphte : « On appelle ainsi une substance qui coule comme du bitume liquide, dans les environs de Babylone et dans l'Astacène, province de la Parthie. Le feu a une grande affinité pour elle, et il s'y jette dès qu'il est à portée. C'est ainsi qu'on rapporte que Médée brûla sa rivale : celle-ci, au moment où elle s'approchait de l'autel pour y faire un sacrifice, eut sa couronne aussitôt envahie par le feu. »[5].
Il est possible que l'huile de naphte ait été l'un des composants du fameux feu grégeois utilisé dans l'Empire byzantin jusqu'au XIVe siècle.