Membre de la Chambre des lords | |
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depuis le | |
Deputy Governor of the Bank of England (en) |
Naissance | |
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Nationalités | |
Formation |
Université américaine au Caire St Antony's College Université du Massachusetts à Amherst London School of Economics Schutz American School, Alexandria (en) |
Activité | |
Conjoint |
Raffael Jovine (d) |
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Distinction |
Nemat Talaat Shafik, (en arabe: نعمت شفيق), aussi connue sous le nom de Minouche Shafik, née le en Égypte, est une économiste de formation, ayant occupé plusieurs postes de direction dans des organisations internationales, et détentrice de trois nationalités : égyptienne, américaine et britannique. Elle a également enseigné et publié plusieurs ouvrages, notamment sur la mondialisation, les marchés émergents et l'investissement privé, le développement international, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'environnement. À partir de septembre 2017, elle est directrice de la London School of Economics, puis présidente de l'université Columbia de juillet 2023 à août 2024.
Nemat Shafik est née à Alexandrie, en Égypte, de parents musulmans, en 1962. Sa famille, dépossédée d'une grande partie de ses biens à la suite des nationalisations décidées par le président Nasser[1], quitte l'Égypte dans les années 1960[2]. Elle vit une partie de son enfance aux États-Unis puis revient en Égypte, où elle poursuit sa scolarité. Elle entreprend ensuite des études supérieures, tout d'abord à l'université américaine au Caire, à l'université du Massachusetts à Amherst puis à la London School of Economics, suivies d'un doctorat en économie au St Antony's College d'Oxford en 1989. Entre ses années d'études aux États-Unis et sa formation complémentaire en Angleterre, s'intercalent deux ans de travail sur les questions de développement, en Égypte, pour le bureau du Caire de l'Agence américaine pour le développement international. Nemat Shafik parle l'anglais américain et détient les nationalités égyptienne, américaine et britannique[3].
Après Oxford, Nemat Shafik rejoint la Banque mondiale et y exerce plusieurs fonctions dans le département de la recherche, où elle travaille sur la modélisation et de la prévision économique mondiale, puis plus tard sur les questions environnementales. Elle se consacre ensuite à des travaux macroéconomiques sur l'Europe de l'Est pendant la période de transition et sur le Moyen-Orient. Elle publie plusieurs ouvrages durant cette période[4]. Elle y rencontre également son premier mari, Mohamed A. El-Erian[1].
À 36 ans, elle devient le plus jeune vice-président de la Banque mondiale[5]. En 2002, elle épouse Raffael Jovine, son second mari, un biologiste marin, avec qui elle a deux jumeaux, un garçon et une fille[1],[6].
Puis elle est appelée par le gouvernement britannique au département du Développement international (DFID), détachée comme directrice générale pour les programmes par pays, où elle est responsable de l'ensemble des bureaux à l'étranger et des financements, notamment pour l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie, l'Amérique latine et l'Europe de l'Est. À partir de 2008, elle devient secrétaire permanente du DFID, où elle dirige le programme d'aide bilatérale dans plus de 100 pays, les politiques multilatérales de financement et les relations avec les organisations internationales, tout en étant responsable de 2 400 employés. Elle agit en lien étroit avec les ministres et intervient régulièrement devant le Parlement[Lequel ?][7]. Au cours de son mandat, le DFID est décrit par l'OCDE comme « un leader dans le développement, au niveau international »[8].
D'avril 2011 à 2014, elle rejoint l'équipe dirigeante du Fonds monétaire international (FMI)[4]. Elle arrive au FMI dans une période tumultueuse pour cette institution, à la suite du scandale qui touche son chef, Dominique Strauss-Kahn, démissionnaire en , provoquant la nomination de l'ancienne ministre de l'Économie et des Finances française Christine Lagarde, première femme à la tête du FMI[3]. En , en tant que directrice déléguée aux opérations, Nemat Shafik remplace au pied levé, pour une réunion de l'Eurogroupe, Dominique Strauss-Kahn, placé en garde à vue, alors que la zone euro traverse une crise[9]. Elle devient ensuite la seule femme parmi les quatre adjoints dont s'entoure Christine Lagarde[10].
En 2014, elle est choisie comme vice-gouverneure de la Banque d'Angleterre, responsable notamment des marchés bancaires et membre du comité de politique monétaire[11]. Elle y secoue « le teint mâle et pâle » de la vieille institution. « Il y a des preuves que plus il y a d'hommes sur les places de marché, plus les niveaux de prise de risque sont élevés » affirme-t-elle à la presse anglaise, précisant encore : « Mon ancienne patronne [au FMI], Christine Lagarde, avait coutume de dire que si les Lehman Brothers avaient été les Lehman Sisters, on n'aurait pas eu le même pétrin »[6]. Le , sa désignation comme prochaine directrice de la London School of Economics est annoncée. Elle prend ses fonctions le [12],[13].
Au Royaume-Uni, elle est créée pair à vie le 15 octobre 2020. Elle devient baronne[2].
À partir de juillet 2023, Nemat Shafik dirige l'université Columbia (États-Unis) ; elle est la première femme à accéder à cette fonction. Début 2024, elle fait face à des appels à démission à la suite des manifestations étudiantes dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza, à la suite des attentats du Hamas, et qui se sont intensifiées en avril de la même année sur le campus. Elle demande alors l'intervention de la police pour « maintenir l’ordre »[2]. Le président du Yad Vashem Dani Dayan envoie de son côté une lettre à la présidente de l'université, lui demandant de prendre position contre les appels à « la destruction et l'élimination du État juif »[14],[15]. Le 14 août 2024, elle finit par démissionner de la présidence de Columbia pour rejoindre le ministère britannique des Affaires étrangères[16].