Naissance | |
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Décès | |
Prénoms sociaux |
元镇, 元鎮 |
Noms de pinceau |
云林, 幻霞生, 荆蛮民, 雲林 |
Activités | |
Lieu de travail | |
Mouvement | |
Père |
Ni Bing (d) |
Conjoint |
Jiang Yuanming (d) |
Enfants |
Ni Zan (chinois simplifié : 倪瓒 ; chinois traditionnel : 倪瓚 ; pinyin : ) est un artiste peintre de shanshui, calligraphe et poète chinois de la dynastie Yuan. Ni Zan ou Ni Tsan, surnom : Yuanzhen, noms de pinceau : Yunlinzi, Ni Yu, Jingming Jushi, est né en 1301 à Wuxi (province du Jiangsu), et mort en 1374[1]. Il est considéré comme l'un des « quatre maîtres de la fin des Yuan » avec Huang Gongwang (1269-1358), Wu Zhen (1280-1354), et Wang Meng (v.1308-v.1385).
L'occupation mongole de la Dynastie Yuan (1279-1368) qui marque une longue période d'humiliation dans l'histoire de la Chine, voit par contre un étonnant renouveau créateur souffler dans le domaine artistique. En effet, nombre de fonctionnaires lettrés se trouvent libres de toutes préoccupations administratives et politiques et, s'isolant dans une retraite protestataire, ont tout le loisir de cultiver les choses de l'esprit que sont la calligraphie, la poésie et la peinture.
Loin de tout impérialisme académique, arbitre officiel du bon goût, la peinture redevient une activité d'amateurs raffinés et renoue avec la notion de « peinture de lettré », ce wenren hua, si cher à Mi Fu (1051 – 1107). Des quatre grands maîtres Yuan (Huang Gongwang, Wu Zhen, Ni Zan, Wang Meng), s'il n'est pas le plus puissant, il est sans doute le plus pur, tant sa vie, sa personnalité et son œuvre présentent une cohérence interne et une originalité irréductibles et illustrent de façon exemplaire la noble désinvolture et le détachement intérieur, le yi, qualité suprême et impondérable de l'esthétique lettrée.
Homme du sud, il se montre dans sa peinture étroitement fidèle au terroir des abords du lac Taihu et aux collines qui l'entourent. Issu d'une famille fortunée, Ni Zan, passionné de culture et d'esthétique, met à profit sa jeunesse opulente pour s'entourer de livres rares, d'objets anciens, de calligraphies et de peintures, évoluant ainsi dans un univers spirituel contemplatif propre à susciter la méditation taoïste, dont il est un adepte zélé, et à la création artistique.
Le lyrisme intime qui imprègne sa poésie est d'une grande originalité, tout comme sa calligraphie volontairement teintée d'archaïsme et ces deux disciplines constituent des composantes essentielles dans l'élaboration de sa peinture. D'ailleurs il illustre volontiers l'unité fondamentale de ces trois arts en calligraphiant ses propres poèmes sur ses œuvres peintes. Passé l'âge de la maturité, Ni Zan se libère de sa fortune en distribuant ses richesses parmi ses proches et en passant les vingt dernières années de sa vie comme un ermite errant, vagabondant dans une maison flottante le long des rives du lac Taihu, se contentant d'un banc de bois et d'une lampe de bambou, fréquentant le petit peuple des campagnes et lui donnant ses peintures.
Cette existence dans laquelle culmine sa carrière le transforme auprès de la postérité en figure légendaire, modèle idéal de l'éthique lettrée. Son surnom, Yuanzhen, le très tranquille, et ses noms de pinceau, Yunlinzi, l'enfant des nuages et des forêts et Ni Yu, Ni l'inapprochable, sont révélateurs de son tempérament solitaire et sensitif et reflètent sa quête de pureté.
Toute sa création picturale est sous-tendue par cette même recherche et répond exactement à la définition que donne le grand maître individualiste du XVIIe siècle, Shitao, de l'attitude idéale du peintre paysagiste : « Sur la surface limitée d'une peinture, il ordonne le Ciel et la Terre, les monts, les fleuves et l'infinité des créatures, et tout cela d'un cœur détaché et comme dans le néant », c'est-à-dire dans une disposition d'esprit nonchalante et oisive, libre et détachée, sobre et dépouillée, épurée et vide, usant de cette encre pâle-insipide (dan) propre aux saveurs secrètes de la création lettrée. C'est pourquoi son registre apparemment étroit est, en réalité, d'une originalité absolue, lieu d'une ineffable absence où, dans un vide animé, tout est offert et tout semble caché.
La peinture de Ni Zan est construite par des notations sèches portées sur un premier tracé d'encre pâle que recouvrent des traits plus foncés. Le travail du pinceau, oblique et léger, est statique mais chargé de tension nerveuse ; les textures sèches construisent, tandis que les touches mouillées définissent les limites et vivifient les zones cernées. Refusant presque systématiquement la présence de couleurs, il organise invariablement sa composition en trois étages : l'avant-plan pierreux d'une rive que bordent quelques arbres émaciés, le vide immense d'une vaste étendue d'eau, l'horizon distant des collines de terre, dépouillement frémissant qui révèle souvent la mélancolie de l'automne et de l'hiver, où toute présence humaine est mystérieusement bannie, où chaque élément manifeste une autonomie hautaine que sépare du monde vulgaire un écran translucide de silence et de vide.
Il ne faut donc pas confondre son apparente irrésolution quand il écrit : « Ma peinture, ce n'est rien que quelques coups de pinceau jetés au hasard, sans souci de ressemblance, pour mon amusement », avec la certitude spirituelle absolue et la rigueur technique dont est empreint son œuvre. Ni Zan a d'innombrables imitateurs mais le dépouillement arbitraire de ces derniers tombe le plus souvent dans la pauvreté et, comme le dit Shitao, « les peintres des époques ultérieures ont limité seulement l'aspect de sécheresse, de solitude, ou les parties les plus légères, aussi leurs copies n'ont-elles pas atteint l'esprit ».
Les critiques chinois ne se laissent d'ailleurs pas tromper et un connaisseur de l'époque Ming peut écrire qu'il est facile de copier les maîtres Song, mais qu'il est difficile de copier les maîtres Yuan ; qu'il est possible de copier les maîtres Yuan, mais qu'il est impossible de copier Ni Zan.
Héritier d'une riche famille commerçante à Wuxi dans le sud de la Chine, né au nord ouest de Suzhou, Ni Zan a pu jouir très tôt des richesses matérielles et culturelles de sa famille, collection de bronzes et de peintures anciennes, bibliothèque garnie, nombreux pavillons, jardins et maisons (le jardin Shi Zi Lin à Suzhou)[2]. À 50 ans, sous la pression des nouvelles taxes instaurées par la jeune dynastie Yuan, il cède toutes ses propriétés pour ne conserver qu'un bateau sur lequel il navigue avec sa femme de lac en lac. Il est aussi connu pour être un maniaque de la propreté[3].