En mathématiques, et notamment en combinatoire, les nombres de Delannoy dénombrent les chemins joignant deux points d'un réseau carré, en pas horizontaux, verticaux, et aussi diagonaux. Ils sont ainsi nommés en l'honneur de l'officier français, mathématicien amateur et aussi historien Henri Auguste Delannoy[1]. Ce dernier a présenté ce problème comme recherche de dénombrement de chemins parcourus par la reine dans un échiquier[2].
Le nombre de Delannoy est le nombre de chemins de joignant le point au point en utilisant des pas élémentaires de direction nord (ajout de ), nord-est (ajout de ), et est (ajout de ).
Notons que , le coefficient binomial ne comptant que les chemins prenant des directions est et nord.
est aussi le nombre de chemins de joignant le point au point en utilisant des pas élémentaires de direction nord-est (ajout de ), sud-est (ajout de ), et des pas doubles de direction est (ajout de ).
est le nombre de points du réseau situés à une distance d'au plus pas de l'origine[3], autrement dit, le nombre de points à coordonnées entières de l'hyperoctaèdre plein.
On a donc ici un exemple de généralisation en dimensions supérieures du concept de nombre figuré (tel qu'étudié notamment par Pythagore et Pascal), les nombres de Delannoy correspondant en l'occurrence à des "nombres hyperoctaédriques centrés"[4].
Définitions combinatoires des nombres de Delannoy « centraux »
Tout comme les nombres de Catalan, de Motzkin, de Fibonacci, etc.,
les nombres de Delannoy apparaissent dans de nombreux problèmes. On trouvera notamment dans l'article de Sulanke[5] 29 définitions combinatoires différentes des nombres de Delannoy « centraux » .
Cette ubiquité s'explique en partie par des définitions récursives assez naturelles, et donc promptes à apparaître dans diverses situations.
Comme pour le triangle de Pascal, on peut aussi disposer les nombres de Delannoy en triangle. La ligne du triangle est constituée des nombres pour , vérifiant pour ; chaque terme est la somme de trois termes : les deux termes situés juste au-dessus de lui et un troisième situé deux-lignes au-dessus (par exemple 25=13+7+5, comme illustré en couleur dans la figure suivante).
Justification de la première formule : la liste des pas successifs d'un chemin possédant pas diagonaux possède forcément pas horizontaux et pas verticaux. Le dénombrement de ces listes est donc donné par le coefficient multinomial.
Plus généralement les polynômes vérifient la relation de récurrence .
Sommes de diagonales "super-montantes" du tableau (i.e., sommes des diagonales montantes du triangle) :
où est la suite de Tribonacci (d'où le nom de triangle de Tribonacci donné au triangle de Delannoy dans[8]),
formule à mettre en parallèle avec celle concernant le triangle de Pascal :
Les nombres de Delannoy sont reliés au nombre ; les valeurs de la ligne de leur tableau interviennent en effet dans la formule d'accélération de convergence suivante (voir A001850) :
Nombres de Motzkin dénombrant les chemins reliant le point au point , constitués de pas élémentaires nord-est (ajout de ), sud-est (ajout de ) ou est (ajout de ) et restant au-dessus de l'axe horizontal.
↑H. Delannoy, « Emploi de l’échiquier pour la résolution de certains problèmes de probabilités », Comptes-Rendus du Congrès annuel de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences, 24, Bordeaux, , p. 76 (lire en ligne)
↑(en) Sebastian Luther, Stephan Mertens, « Counting lattice animals in high dimensions », Journal of Statistical Mechanics: Theory and Experiment, (lire en ligne)
↑(en) Robert A. Sulanke, « Objects counted by the central Delannoy numbers », Journal of Integer Sequences, Vol. 6, (lire en ligne)
↑ a et b(en) Sebastian Luther, Stephan Mertens, « Counting lattice animals in high dimensions », Journal of Statistical Mechanics: Theory and Experiment, , p. 4 (lire en ligne)
Cyril Banderier et Sylviane Schwer, « Why Delannoy numbers? », Journal of Statistical Planning and Inference, vol. 135, no 1, , p. 40-54 (lire en ligne).
Louis Comtet, Analyse combinatoire, Paris, PUF, , p. 93-94.
Leo Moser, « King Paths on a Chessboard », Math. Gaz., vol. 39, , p. 54.