Réalisation | Pierre Falardeau |
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Scénario | Pierre Falardeau |
Musique | Richard Grégoire |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | ACPAV |
Pays de production | Québec, Canada |
Genre | Drame historique |
Durée | 97 minutes |
Sortie | 1994 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Octobre est un film québécois réalisé par Pierre Falardeau, sorti le . Pierre Falardeau scénarise ce film à partir du livre Pour en finir avec Octobre de Francis Simard, ancien felquiste.
En plein cœur de la crise d'Octobre de 1970, les quatre felquistes de la cellule Chénier enlèvent le ministre du Travail et de l'Immigration Pierre Laporte, afin de forcer le gouvernement à négocier la libération des prisonniers politiques du FLQ. Pendant une semaine, heure après heure, jour après jour, les quatre hommes de la maison de la rue Armstrong écrivent l'histoire et changeront à jamais le visage politique du Québec et la portée du mouvement souverainiste québécois, autant sur la scène nationale qu'internationale. On vit avec les cinq hommes qui, acculés au mur par le pouvoir, piégés par l'implacable logique des événements, emportés par le poids des choses, l'un après l'autre, affrontent leur destin. À l'issue d'une semaine de séquestration, le destin se jouera pour le ministre et les felquistes. Une fin tant tragique qu'héroïque. Une mort nécessaire et injustifiable... En effet, la police retrouve le corps du ministre dans le coffre arrière d'une automobile. Que s'est-il passé ?
Dans la catégorie film marquant portant sur la crise d'Octobre, Les Ordres de Michel Brault et Octobre de Pierre Falardeau ont une place de choix. Le premier, réalisé quatre ans après les évènements, se consacre davantage sur les répercussions de la Loi sur les mesures de guerre, et plus précisément sur les arrestations arbitraires qui en découlent. Le second, réalisé 24 ans après les évènements, porte quant à lui sur l'enlèvement du ministre Pierre Laporte par la cellule Chénier. Il s'agit donc de films portant sur la même trame de fond, mais dont l'angle de réalisation est complètement différent. Le choix de Michel Brault de consacrer son film sur la Loi sur les mesures de guerre n'est pas un hasard. Au moment de la réalisation du film, la frustration de la population découlant des évènements d' est encore palpable, et ce, en raison de l'atteinte flagrante aux libertés individuelles des citoyens. Brault choisit de s'en prendre à cette loi et à la réaction du gouvernement de Pierre Elliott Trudeau de faire fi des droits et libertés des citoyens, au nom de la sécurité publique. Le message véhiculé par Michel Brault est clair, et il n'a pas pour but de s'attaquer aux actions du Front de libération du Québec, mais plutôt aux répercussions de la réaction gouvernementale sur les citoyens. D'ailleurs, il explique lui-même qu'il « n'a pas voulu faire un film sur la crise d'octobre, mais plutôt sur l'humiliation[1]. » Dans Octobre de Pierre Falardeau, c'est plutôt l'enlèvement de Pierre Laporte et l'évolution psychologique des quatre ravisseurs qui est le sujet central. Cependant, Falardeau refuse de sombrer dans les accusations et de faire le procès des ravisseurs. Il choisit plutôt de tourner le film du point de vue de ceux-ci en analysant l'évolution des évènements d' de l'intérieur de la cellule, tel que vécu par les quatre ravisseurs, une première en la matière. Au niveau communicationnel, la population prend connaissance pour la première fois d'un point de vue jusqu'ici jamais exposé. L'étroite collaboration de Pierre Falardeau avec l'ancien felquiste Francis Simard avait pour but de crédibiliser la démarche du réalisateur, soit celle de retracer l'évolution psychologique des personnages, aspect central de son film[2].
Falardeau, sans juger du bienfondé des revendications des ravisseurs, met l'accent sur le message du FLQ et sur le véhicule choisit par ses membres pour faire entendre leurs revendications. D'ailleurs, le réalisateur ne nomme jamais les membres de la cellule Chénier par leurs noms. Cette spécificité de l'œuvre de Falardeau témoigne de son désir de mettre de côté la notion historique des évènements, et de se concentrer sur l'aspect communicationnel, pour permettre aux téléspectateurs de vivre la crise avec les ravisseurs, et de faire partie intégrante des aléas psychologiques des personnages. Il s'agit d'une première en la matière ; un film portant sur les motivations ayant poussé les membres du Front de libération du Québec à enlever le « ministre du chômage et de l'assimilation »[3]. Pierre Falardeau, reconnu pour sa position assumée sur l'indépendance du Québec, s'assure néanmoins de ne pas faire l'apologie des ravisseurs, se contentant plutôt de permettre au public d'avoir une meilleure compréhension de ce qui animait les membres de la cellule Chénier. Encore une fois, ce choix du réalisateur s'explique par sa volonté de concentrer le message sur les motivations du groupe et non sur le dénouement de l'histoire, déjà connu de la population.
Octobre ne fait pas exception à la règle. Avant sa sortie officielle en 1994, le film se retrouve entre les mains du sénateur libéral Philippe Gigantès. Ce dernier, proche des politiciens en place lors de la crise d'Octobre, obtient copie du scénario de Falardeau de façon illégitime[5]. Le projet de scénario avait été soumis auprès de Téléfilm Canada, organe indépendant financé par le gouvernement fédéral. Or, Gigantès a obtenu de Téléfilm Canada la copie de ce scénario et demandait maintenant au gouvernement de ne pas financer un tel projet. Gigantès jugeait le film comme étant trop critique envers le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau[6].Pour la première fois, Pierre Falardeau est confronté à la censure, qu'il dénonce aussitôt[6]. Après avoir essuyé plusieurs refus de financement par les institutions publiques et malgré la pression exercée par le sénateur Gigantès, Falardeau réalise tout de même son film avec un budget plus modeste que prévu[7].