Réalisation | Abel Ferrara |
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Scénario |
Abel Ferrara Maurizio Braucci Nicola Tranquillino |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Capricci Films Urania Pictures SRL Tarantula Dublin Films |
Pays de production |
France Italie Belgique |
Genre |
Drame Biographique |
Durée | 84 minutes |
Sortie | 2014 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Pasolini est un drame biographique franco-italien, écrit et réalisé par Abel Ferrara et sorti en 2014.
Le film traite des derniers jours de la vie du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini, interprété par Willem Dafoe. Il s'agit du 23e film d'Abel Ferrara, et de son second film biographique, après Welcome to New York.
Rome, .
Pier Paolo Pasolini est sur le point d’achever le montage de Salò ou les 120 Journées de Sodome. Il poursuit sa critique impitoyable de la classe dirigeante démocrate-chrétienne. Plusieurs journalistes, écrivains et érudits aux déclarations scandaleuses, au verbe fort et revendicatif — comme lui — sont censurés, persécutés, battus, ou assassinés. Mais Pasolini veut dénoncer l’injustice, ce « pouvoir de marionnettes », quoi qu’il lui en coûte. Il va passer ses dernières heures dans le cocon familial, avec sa mère adorée, puis avec ses amis proches qui le mettent en garde.
Il retrouve son jeune acteur fétiche, Ninetto Davoli, à qui il parle d'un projet de scénario, qui nous emporte dans un univers onirique et hors de la narration : Epifanio, homme fantasque d'âge mûr, descend en ville pour acheter du café à sa femme. Il s’aperçoit que la comète du Messie est dans le ciel : il prend ses affaires, et suivi de son fils il part suivre la comète dans une sorte de quête d'absolu. Le scénario, intitulé Porn-Teo-Kolossal, raconte les pérégrinations de ce père et de ce fils. Pasolini veut proposer le rôle d'Epifanio à Eduardo De Filippo, et celui du fils à Ninetto Davoli.
Au volant de son Alfa Romeo, Pasolini part à la quête d’une aventure dans la cité éternelle... Il récupère un très jeune amant, et l'emmène sur la plage. Au lever du jour, l’écrivain est retrouvé mort, atrocement mutilé, sur une plage d’Ostia, aux abords de la ville.
Le film a été interdit au moins de 12 ans lors de sa sortie en salles en France.
Le film a été tourné à Rome en cinq semaines, à compter du . Il a été en partie post-produit en France, à Bordeaux, où sont situées deux des sociétés productrices du film de Ferrara.
Abel Ferrara, grand admirateur de Pier Paolo Pasolini n'a eu de cesse pendant la promotion de son film, de clamer son amour inconditionnel pour le travail du cinéaste italien :
« À l'époque, tu pouvais pas cliquer sur internet, il fallait se bouger le cul pour trouver les putains de films, et on finissait par dénicher le fucking Salò dans une salle de downtown Manhattan. Pasolini est mort pendant le montage de Salò. Après sa mort, on a tout appris sur lui : c’était un putain de gay, un putain de révolutionnaire, un putain de fouteur de merde, et on a fini par le buter. Quelles que soient nos raisons, c’était fucking romantique pour nous à l’époque, cette vie et cette œuvre. C’était tout le truc “vis vite, meurs jeune, crève dans la rue”[1]. »
« J’aurais pu choisir n’importe quel jour de sa vie, ils étaient tous intéressants. La vie était une aventure permanente pour Pasolini, il ne s’arrêtait jamais, il évoluait sans arrêt. Mais bon, le jour de sa mort nous a semblé évident. La mort met la vie d’un individu en perspective, encore plus avec Pasolini. À la fin de sa vie, il avait bougé et considérait sa Trilogie de la vie comme de la merde, il était déjà ailleurs. Mec, Pasolini était toujours en mouvement, il écrivait Pétrole… Ce type avançait, mec, il n’avait aucun orteil dans le passé[1]. »
Le Pasolini de Ferrara a globalement été bien accueilli par la critique internationale.
La presse française, elle, est moins mitigée. Les Cahiers du Cinéma lui confèrent cinq étoiles (sur cinq, ce qui est rare), tandis que Le Monde n'hésite pas à titrer: "Pasolini: un jeu de miroirs entre Ferrara et son sujet"[2]; dans Les Inrocks, Jean-Baptiste Morain ne tarit pas d'éloges: "Willem Dafoe, dans le rôle de Pasolini, se montre admirable de sobriété, de retenue, d’intelligence du personnage et de l’artiste. Mais le plus beau, et aussi le plus émouvant du film, se situe ailleurs : dans la tentative de nous montrer ce qu’il y a, au moment de mourir, dans le cerveau de Pasolini. Et qui restera inachevé. [...] Il faut sans doute un certain courage artistique, aussi, pour adapter quelques scènes du dernier scénario écrit par Pasolini et faire jouer l’un des rôles principaux par le vrai Ninetto Davoli."[3]
De son côté, Julien Gester de Libération: "Par-delà la révérence, la valeur de ce superbe portrait antispectaculaire réside dans sa façon de restituer sans ânonnement béat un Pasolini en liberté, un peu las de ce monde mais agité d’autant d’appétits que de fulgurances, rendus ici à leur souveraine et sauvage actualité."[4] Tandis que L'Humanité, par la plume de Vincent Ostria, le qualifie de "brillant"[5].
D'un autre côté, Jacques Morice de Télérama est un peu plus mitigé: "Deux projets [les scènes oniriques et le biopic en tant que tel] que Ferrara illustre à travers des séquences fantasmatiques plutôt confuses. Le cinéaste captive davantage lorsqu'il montre simplement, à travers deux interviews, un Pasolini radical, en guerre contre le libéralisme en train de gangrener le prolétariat comme l'intelligentsia."[6]