Passy est une ancienne commune de la Seine, dont la majeure partie du territoire fut rattachée à Paris le . Son territoire correspond depuis cette date à ceux des quartiers de la Muette, de la Porte-Dauphine et de la partie ouest de Chaillot, situés au nord du quartier d'Auteuil dans le 16e arrondissement de Paris.
La plus ancienne trace écrite de Passy qui soit restée figure dans la mention d'un bail en villenage, c'est-à-dire d'un prêt gracieux et précaire à titre privé, donné en par les Génovéfains, alors propriétaires de la paroisse d'Auteuil, à Simon « prêtre d'Auteuil » (« p৳r autolio »)[1]. Les différents terrains concédés sont désignés par des repères géographiques, « dans le marais », « à la fontaine », « à l'entrée de la ville », « à la croix », ou par des noms de lieux-dits, « in grois », « ad oserios » et un demi arpent« apd pacacĩ », pour « apud paciacum », c'est-à-dire près de Passy. Ce n'est pas le premier document à indiquer un Paciacum (demeure de Passius ou domaine foncier de Paccius[2]) mais c'est le premier qui se rapporte explicitement à celui de la paroisse d'Auteuil. Ce toponyme (Paciacum devenant Passy) est attesté par l'abbé Lebeuf (dans ses écrits du XVIIIe siècle) puis par Ernest Nègre (1990).
Au XIVe siècle, le roi Charles V autorise ses habitants à clore de murs leurs champs. Un siècle plus tard, en 1416, Passy est élevé au rang de seigneurie au bénéfice de Jeanne de Paillard.
En 1638 est découverte une source près de ce qui deviendra la rue des Eaux. Elle double celle qui, située sur l'actuelle place Jean-Lorrain, a fait la fortune d'Auteuil et le lieu-dit Pacy se fait connaître par lui-même.
Claude Chahu, seigneur de Passy, financier et conseiller du roi, fait ériger une chapelle en 1666, Notre-Dame-de-Grâce, qui devient une paroisse indépendante en 1672. Le marquis de Boulainvilliers est le dernier seigneur Passy.
Au XVIIIe siècle, le village de Passy, limité pour l'essentiel à un triangle de trois rues, la Grande-Rue, actuelle rue de Passy, la rue Basse (rue Raynouard) et la rue de l'Église (rue de l'Annonciation), est entouré de plusieurs grands parcs :
le parc de l'hôtel de Travers entre la rue Bois-le-Vent et le parc de l'hôtel de Valentinois à l'emplacement de l'actuel marché de Passy, d'une surface moins importante mais entravant le développement du village au sud de la rue de l'église ;
au-delà, le vaste domaine de château de Passy ou château de Boulainvilliers (nom adopté à partir de 1747) de la rue des Vignes à la rue des Tombereaux, actuelle rue de l'Assomption, qui forme la limite de la paroisse puis de la commune d'Auteuil et s'étend jusqu'à la route de Versailles, actuelle avenue du Président-Kennedy, à l'emplacement de la maison de Radio France, de part et d'autre de la rue Basse, au nord-est jusqu’à l’actuelle avenue Mozart. C’est au banquier Samuel Bernard que l’on doit ses dimensions ;
également entre la rue Basse et la Seine (route de Versailles) au nord du domaine de Lamballe, le parc des Eaux à l'emplacement de l'actuel parc de Passy ;
au nord du parc des Eaux, le domaine du couvent des Minimes s'étendant de la rue Vineuse jusqu'à la partie sud des jardins du Trocadéro au-delà de l'actuelle rue Le Nôtre, à la limite du couvent de la Visitation de Chaillot dont le domaine était celui des jardins du Trocadéro ;
au nord de la rue de Passy, le parc de l'amiral d'Estaing constitué vers 1760 qui s'étendait sur plus d'un hectare entre la rue de la Pompe et l'emplacement de l'actuelle rue Vital jusqu'à la rue de la Tour et un parc moins étendu à l'arrière de l'hôtel de la Folie à l'emplacement de l'actuelle rue Claude-Chahu et d'une partie de la rue Eugène-Manuel.
Le village était également bordé au nord de carrières où l'on accédait par la rue des Carrières, actuelle rue Nicolo. L'impasse des Carrières en conserve le souvenir.
Au-delà de cette zone de carrières, la plaine de Chaillot s'étendait jusqu'à la route de Neuilly (actuelle avenue de la Grande Armée), où de nombreux moulins à vent fonctionnèrent jusqu'au XIXe siècle. Ce territoire qui correspondait approximativement au quadrilatère entre les actuelles avenues de la Grande Armée, Kléber, Georges-Mandel, les rues Spontini et Pergolèse dépendait de Chaillot.
A la suite de l'intégration en 1659 du village de Chaillot comme faubourg de Paris (faubourg de la Conférence) puis de la construction du mur des fermiers généraux en 1787-1789, ce territoire situé à l'ouest de l'enceinte fut rattaché en 1790 à la commune de Passy sous le nom de "plaine de Passy".
La création de ce mur entre les domaines des couvents de la Visitation et des Minimes entraîna le rattachement à Passy de celui-ci et une diminution de son domaine avec ouverture d'une nouvelle rue, l'actuelle rue Franklin.
Le terroir agricole était donc pour l'essentiel restreint à l'espace entre le jardin du Ranelagh, la rue des Tombereaux (de l'Assomption) et les parcs de Valentinois et de Boulainvilliers, comprenant les lieux-dits Les Bauches (signifiant terrains boueux qui abritent des sangliers), dont la rue des Bauches conserve le souvenir, les Chenilles à l'emplacement de l'actuelle rue Robert-Le-Coin, les Guignières (plantation de cerisiers) et le Calvaire à l'emplacement de l'actuel lycée Molière, aux jardins à l'intérieur du triangle formé par la Grande-Rue, la rue Basse et la rue de l'Église et au domaine du couvent des Minimes comprenant des vignes à l'est de la rue Vineuse et une ferme au sud de la rue de la Montagne, actuelle rue Beethoven.
Les limites de la commune de sa création le à sa disparition le par rattachement à la ville de Paris étaient :
au nord, la route de Neuilly, actuelle avenue de la Grande Armée qui la sépare de la commune de Neuilly qui englobait jusqu'en 1859 le territoire de l'actuel quartier des Ternes.
à l'ouest, la clôture de l'ancienne faisanderie du château de la Muette sur le territoire de la commune de Neuilly, la limite étant la rue du Petit Parc tracée en 1825, (actuelles rue Pergolèse et Spontini) jusqu'à la rue de Longchamp et le bois de Boulogne au-delà du parc de la Muette.
au sud la rue des Tombereaux, actuelle rue de l'Assomption et la partie de la rue de Boulainvilliers au sud de l'actuelle Maison de la Radio, ces rues formant la limite avec la commune d'Auteuil (également entre les actuels quartiers de La Muette et d'Auteuil).
à l'est la Seine jusqu'aux actuels jardins du Trocadéro et le mur des fermiers généraux à l'emplacement de l'actuelle avenue Kléber.
Au début du XIXe siècle, Passy connait une période d'industrialisation, notamment avec la création en 1811 de la première raffinerie de sucre de betterave par Benjamin Delessert à l'emplacement de l'actuel parc de Passy, d'une deuxième raffinerie de sucre ouverte en 1834 par les frères Périer dans les bâtiments de l'ancien couvent des Minimes (emplacement à l'angle de la rue Beethoven et du boulevard Delessert) et d'une filature de coton par Benjamin Delessert.
L'exploitation des eaux minérales interrompue pendant la période révolutionnaire est relancée à partir de 1803 par Benjamin Delessert dans le parc thermal entre la rue des Eaux et l'actuelle rue d'Ankara.
La Société des terrains de la plaine de Passy lotit en 1825 le territoire entre l'avenue de Neuilly, actuelle avenue de la Grande-Armée au nord, le boulevard extérieur de l'enceinte des Fermiers généraux, actuelle avenue Kléber à l'est, l'ancienne faisanderie du château de la Muette à l’ouest, la rue de Longchamp au sud, autour de voies formant l’essentiel du futur réseau, à l'exception de l'avenue Foch surimposée en 1854.
Au nord, le territoire de la plaine de Passy se construisit lentement. Quelques maisons sont édifiées entre la rue du Bel Air (actuelle rue Lauriston) et le mur d'enceinte (actuelle avenue Kléber) et rue Saint-Didier mais à l'ouest ce secteur était encore presque vide de construction au milieu du XIXe siècle. Son urbanisation, activée par l'ouverture en 1854 de la ligne d'Auteuil et l'aménagement de l'avenue de l'impératrice (actuelle avenue Foch), ne s'amorce, le long des voies tracées par le lotissement de 1825, que dans les années précédant l'annexion de Passy à la ville de Paris en 1860[3].
La commune se développe dans les années précédant l'annexion avec un doublement de sa population en 10 ans, de 1846 à 1856. Celle-ci finit par dépasser celle du village dont deux siècles plus tôt Passy a été détaché, Auteuil.
Commune de Passy
Passy en 1824 avec les limites communales.
Plan de lotissement de la plaine de Passy de 1825.
Avant 1836, la mairie de la commune de Passy se situe au n°3 de la rue Franklin, dans un immeuble qui appartenait à Auge de Fleury, maire de Passy. Il s'agit d'un local, agrandi de trois pièces en 1828 contre un loyer annuel de 800 francs. À partir du , la mairie se trouve au n°67 rue de Passy[6].
Jacques Gabriel Victor Allain (1773-1852), général de brigade honoraire de la Révolution et de l’Empire, commandeur de la Légion d'honneur, mort à Passy ;
Giuseppe Verdi et Giuseppina Strepponi ont passé deux étés (1848 et 1849) à Passy, durant la période parisienne du maestro qui avait rejoint sa future compagne dans la capitale française ;
↑Bernard Rouleau, Villages et faubourgs de l'ancien Paris : histoire d'un espace urbain, Paris, éditions du Seuil, , 276 p. (ISBN2-02-008896-7), p. 269.
↑Décret du 3 novembre 1859 qui fixe les dénominations des vingt arrondissements municipaux de la ville de Paris, dans le Bulletin des lois [lire en ligne].
Ève et Lucie Paul-Margueritte, Auteuil et Passy. Des origines à nos jours, sous le patronage de la Société historique d'Auteuil et de Passy, 1946.
N. Weiss, « Le Protestantisme à Auteuil, Passy et Billancourt, en », in Bulletin historique et littéraire, t. XXXVIII, Paris, Agence centrale de la Société de l'histoire du protestantisme français, 1889.