Patrick Chamoiseau, né le à Fort-de-France, est un écrivain français originaire de la Martinique. Auteur de romans, de contes, d'essais, théoricien de la créolité, il a également écrit pour le théâtre et le cinéma. Le prix Goncourt lui a été décerné en 1992 pour son roman Texaco.
Après des études en France métropolitaine, Patrick Chamoiseau rentre en Martinique et s'intéresse de près à la culture créole. Il publie son premier roman en 1986. Il obtient la consécration en 1992 en recevant le prix Goncourt pour son roman Texaco, une œuvre vaste présentant la vie de Martiniquais sur trois générations.
Avec Jean Bernabé et Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau participe également à la création du manifeste de la créolité, Éloge de la créolité, publié en 1989[1].
Ce courant a un grand retentissement, d’abord dans les milieux littéraires antillais, avec le ralliement relatif du Guadeloupéen Ernest Pépin, et l’intérêt de l’Haïtien René Depestre.
Il écrit les scénarios de l'Exil du roi Behanzin (1994), Passage du milieu (2000) et Biguine (2004) (tous trois réalisés par Guy Deslauriers). En 2007, il écrit le scénario du nouveau film de Guy Deslauriers retraçant la vie du journaliste André Aliker, qui fut assassiné alors qu’il s’apprêtait à dévoiler une affaire compromettante entre békés.
Ami d’Édouard Glissant (Traité du Tout-monde, 1997), il cherche à développer avec celui-ci le concept de mondialité, en vue de traduire, sur le point de vue politique et poétique, une nouvelle conception du monde qui serait fondée sur l’ouverture des cultures, la protection des imaginaires des peuples, lesquels disparaissent lentement sous l’action uniformisatrice de la mondialisation.
Réédition en édition bilingue Éloge de la créolité / In Praise of Creoleness, Gallimard, 1993
Martinique, Ed. Hoa-Qui, 1989.
Lettres créoles : tracées antillaises et continentales de la littérature, Haïti, Guadeloupe, Martinique, Guyane (1635-1975), avec Raphaël Confiant, Hatier, 1991.
Elmire des sept bonheurs : confidences d'un vieux travailleur de la distillerie Saint-Étienne, Gallimard, 1998, photographies de Jean-Luc de Laguarigue
Livret des villes du deuxième monde, Patrimoine, 2002
Quand les murs tombent : l'identité nationale hors-la-loi ?, avec Édouard Glissant, Galaade, 2007
L'Intraitable Beauté du monde : adresse à Barack Obama, avec Edouard Glissant, Galaade, 2009
Césaire, Perse, Glissant, les liaisons magnétiques, Philippe Rey, 2013
Faire-Pays,- Éloge de la responsabilisation, Le Teneur, 2023
Participations
Écrire la parole de nuit. La nouvelle littérature antillaise, Gallimard, 1994, collectif.
Manifeste pour les "produits" de haute nécessité : Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion Galaade, 2010, collectif.
« Préface » à Écologie tropicale : de l’ombre à la lumière. Ouvrage collectif dirigé par Pierre-Michel Forget, Martine Hossaert-McKey et Odile Poncy, Le Cherche midi, 2015.
Interventions
Nous caribéens ne sommes pas prêts, mais nous avons la ressource pour nous accorder aux mutations impérieuses.[3]
Son œuvre dépeint les traits de la culture populaire martiniquaise, celle des petites gens et de leurs combats. Chronique des sept misères évoque le triste destin des djobeurs, hommes à tout faire sur les marchés de Fort-de-France, dont la présence se fit de plus en plus rare avec la perte d'influence de ces mêmes marchés. Cet ouvrage déplore la disparition d'une créativité qui alimentait l'identité créole et dénonce l'acculturation du peuple martiniquais, largement due à la départementalisation.
Texaco explore l'histoire moderne de la Martinique. Ce roman revisite l'épopée du petit peuple martiniquais à travers le récit du combat des habitants d'un bidonville situé en bord de mer, près des raffineries de Fort-de-France. Il évoque ainsi le combat pour la sauvegarde de certains modes de vie authentiquement créoles. Texaco est reconnu comme l'une des œuvres antillaises majeures de la fin du XXe siècle.
Chamoiseau interroge également les formes d'expression créoles. Prenant acte de l'existence d'une culture créole essentiellement travaillée par l'oralité, il envisage le développement d'une littérature orale pour laquelle l'écrivain, héritant des tournures orales et des conteurs créoles, aurait pour rôle de s'ériger en « marqueur de paroles ». Son style, qualifié de « merveilleux », chercherait à compenser les manques et les trahisons qui traversent son œuvre[7].
Il évoque sa démarche littéraire et son itinéraire artistique dans l'essai Écrire en pays dominé.
Des éléments autobiographiques de son enfance sont présents dans la trilogie « Une enfance créole », comprenant Antan d'enfance (1990), Chemin d'école (1994) et À bout d'enfance (2005).
Prix Kléber Haedens, pour Chronique des sept misères (1986)
Prix de l'île Maurice, pour Chronique des sept misères (1986)
Prix international francophone Loys Masson, pour Chronique des sept misères (1987)
Grand Prix de la littérature de jeunesse, pour Au temps de l’antan[4], illustré par Mireille Vautier (1988)
"Mention" Premio Grafico Fiera di Bologna per la Gioventù de la Foire du livre de jeunesse de Bologne[8] (Italie) pour son ouvrage jeunesse Au temps de l'antan : contes du pays Martinique illustré par Mireille Vautier (1989)
Prix Carbet de la Caraïbe, pour Antan d'enfance (1990)
Sophie Choquet, Sculpter l'identité : les formes de la créolité dans l'œuvre de Patrick Chamoiseau, Université de Limoges, 2001, 450 p. (thèse)
Parevadee Chinien, Les communautés orientales aux Antilles : intégration ou marginalisation dans les œuvres de Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant ?, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 2006, 427 p. (thèse)
Lorna Milne, Patrick Chamoiseau : espaces d'une écriture antillaise, Amsterdam New York, Rodopi, , 226 p. (ISBN90-420-2021-0, lire en ligne)
(en) Maeve McCusker, Patrick Chamoiseau : recovering memory, Liverpool, Liverpool University Press, , 184 p. (ISBN978-1-84631-048-5, lire en ligne)
Liviu Lutas, Biblique des derniers gestes de Patrick Chamoiseau : fantastique et histoire, Lund, Lunds Universitet, Språk- och Litteraturvetenskapligt centrum Franska, , 235 p. (ISBN978-91-628-7472-8)
Noémie Auzas, Chamoiseau, ou, Les voix de Babel : de l'imaginaire des langues, Paris, Imago, , 304 p. (ISBN978-2-84952-073-4)
Dominique Chancé, Patrick Chamoiseau, écrivain post-colonial et baroque, Honoré Champion, Paris, 2010
(en) Wendy Knepper, Patrick Chamoiseau: A Critical Introduction, University Press of Mississippi, 2012
Samia Kassab-Charfi, Patrick Chamoiseau, Paris: Institut Français / Gallimard, 2012, 172 p. (ISBN978-2-07-013759-6)
Contient un CD audio : Entretiens avec Patrick Chamoiseau
Analyses comparées
Louise Hardwick, Childhood, Autobiography and the Francophone Caribbean, Liverpool University Press, 2013, 256 p. (ISBN978-1-8463-1841-2)
Rose-Myriam Réjouis, Veillées pour les mots : Aimé Césaire, Patrick Chamoiseau et Maryse Condé, Karthala, Paris, 2005.
Patrick Chamoiseau à la Bibliothèque universitaire des Antilles et de la Guyane, le 23/10/1992, Pointe-à-Pitre, 1992 (VHS)
Identités et devenir, film documentaire réalisé par Federica Bertelli, chapitre « Un imaginaire pour une mondialité à faire » constitué de deux rencontres avec Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant, édité en DVD par la revue Les périphériques vous parlent [présentation en ligne]
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