Le patrimoine d'une personne, d'un groupe de personnes (une famille par exemple), d'une organisation (syndicat de copropriété ou société de personnes par exemple) ou administré par une entité fiduciaire (patrimoine d'affectation) est constitué de valeurs mobilières et immobilières. La valeur nette du patrimoine se définit comme étant :
Le patrimoine d'une personne physique peut être décrit sous forme de rapport d'inventaire ou de bilan financier regroupant les actifs et les passifs :
La valeur actualisée des rentes, pensions à recevoir et autres redevances n'est pas prise en compte dans le bilan financier car non réalisable à la date du bilan. Néanmoins, elle peut être prise en considération dans un exercice d'anticipation du patrimoine futur.
Les dettes latentes (comme les impôts à payer, la sentence d'un jugement à venir, les mauvaises créances) sont tributaires de la réalisation d'un événement ou de conditions particulières. La réglementation comptable impose d'établir des provisions pour risques éventuels.
Le bilan patrimonial net (état de la situation financière) d'une personne morale comprend l'actif brut moins le passif. En s'inspirant des normes de l'IFRS (International Financial Reporting Standard)[1], le bilan d'une personne morale se présente ainsi (en sommaire):
Le passif regroupe les éléments du patrimoine ayant une valeur économique négative pour la personne morale, notamment les obligations potentielles ou certaines à l'égard d'un tiers.
L'actif net est obtenu en déduisant de l'actif brut, les dettes de la personne morale (emprunts, dettes sociales et fiscales, etc); l'actif net comprend les fonds propres et les provisions.
En doctrine de droit, toute personne est titulaire d'un patrimoine[2]. Toutefois, la nature des droits relatifs au patrimoine peut varier selon les juridictions.
L'administration du patrimoine doit considérer notamment les droits, les attributs, les modes de détention, les phases et les risques relatifs ou inhérents au patrimoine.
Droits et attributs du patrimoine
Les éléments constitutifs du patrimoine comportent trois attributs :
Modes de détention stratégique du patrimoine
Les principaux modes de détention du patrimoine sont: la détention directe (ex.: individuelle ou en copropriété), sous forme de société, de fiducie (incluant succession), etc.
Le choix stratégique du mode de détention des biens constituant le patrimoine est généralement tributaire:
L'administration patrimoniale se divise en plusieurs phases dynamiques et séquentielles:
Note : Chaque phase de l'évolution du patrimoine intègre des décisions dynamiques de nature tactique ou stratégique: financières, fiscales, juridiques (incluant contractuelles) et administratives.
Chaque risque s'avère dynamique et implique des stratégies patrimoniales.
Principaux risques endogènes à l’égard du patrimoine
Un risque endogène est propre au patrimoine. Les principaux risques endogènes se catégorisent ainsi :
Principaux risques exogènes sur le patrimoine
Un risque exogène est extérieur au patrimoine. Les principaux risques exogènes se catégorisent ainsi :
Risques patrimoniaux reliés au: | |||||
Marché | Managérial | Financier | Technologique | Environnemental | |
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Endogènes | Produits ou services obsolètes, capacité de production | Organisation du travail (ressources humaines, financières, matérielles et informationnelles), erreur humaine, incompétence, ignorance | Liquidité, crédit, financement, fiscalité | Sécurité informatique, défaillance, obsolescence, etc. | Contamination, maladie, etc. |
Exogènes | Changements des habitudes de consommation, entrée de substituts, autres facteurs géopolitiques (fiscal, légal...), etc. | Absence ou imprécision de règles de gouvernance, éthiques et déontologiques, et autres aspects géopolitiques. | Coût de crédit, récession (ex.: après , crise financière (2008-2009)). | Nouvelle technologie, arnaque, etc. | Contamination, catastrophe naturelle, guerre, attentat, épidémie, etc. |
Cours DSR5970 dispensé par le professeur-enseignant Yvon Rudolphe, MBA fin., É.A., CMC, F. Adm.A., de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). |
Selon les juridictions fiscales, le patrimoine peut faire l'objet :
En sommaire, les revenus imposables reliés au patrimoine concernent surtout :
Les revenus nets comprennent les revenus bruts moins les dépenses admissibles à la déduction.
La gestion de patrimoine consiste à planifier, organiser, coordonner, diriger et contrôler des ressources nécessaires dans le cadre d'un mandat ou d'un contrat de travail. Ces ressources comprennent notamment des ressources humaines, financières, matérielles et informationnelles[4].
La gestion de patrimoine peut s'effectuer soit en autogestion de son patrimoine ou par délégation (gestion du bien d'autrui en tout ou en partie). Les rôles en gestion du bien d'autrui peuvent être exercés sous forme de rôle conseil ou de rôle de gestionnaire patrimonial. Le rôle conseil consiste à des avis professionnels, mises en garde, avertissements, opinions, suggestions, recommandations, propositions et/ou stratégies dans le cadre d’un mandat de services professionnels. Le rôle conseil ou de gestion s'exerce en fonction notamment des objectifs, contraintes, priorités et normes[4].
Règle générale, le rôle conseil implique une responsabilité de moyens; le rôle de gestionnaire patrimonial, une responsabilité de moyens et/ou de résultats. Les résultats attendus sont habituellement définis par les parties prenantes dans le cadre d'une entente initiale; cette entente devrait aussi définir la nature et la portée (globale ou segmentée) du mandat du gestionnaire de patrimoine, les grandes orientations, les ressources impliquées (honoraires et l'attribution des dépenses encourues), les éléments concernés du patrimoine, les livrables et les échéanciers. Néanmoins, la réalisation du projet peut nécessiter des réajustements, au fur et à mesure, selon les circonstances[4].
Le conseil et la gestion du patrimoine d'autrui engage une responsabilité du professionnel. Dans l'exercice de sa profession, il doit appliquer des principes de saine gestion généralement reconnus du bien d'autrui, des processus et des procédures de travail efficients, ainsi que faire usage d'une instrumentation appropriée. Selon le contexte socio-économique, la raison d'être du gestionnaire de patrimoine est de contribuer par son expertise, ses connaissances, ses moyens, ses outils, ses contacts, etc. Dans le cadre de ses fonctions, il doit appliquer des stratégies de protection, de préservation, d'accumulation ou de disposition du patrimoine. Ces stratégies visent notamment la maîtrise du coût de vie en vue de dégager des excédents de liquidité pour créer une accumulation dans le patrimoine[4].
Un professionnel en gestion de patrimoine peut exercer comme généraliste ou spécialiste. La gestion de patrimoine peut englober plusieurs domaines, notamment en gestion :
Parfois, la gestion du bien d'autrui découle d'un régime de protection, telle la sauvegarde de justice, la curatelle ou la tutelle. Ces types de mandats peuvent être exercés notamment par un mandataire, un liquidateur, un séquestre, un syndic, etc., selon les juridictions.
La gestion patrimoniale qui peut être exercée par divers types de professionnel, existe surtout dans les juridictions où le droit patrimonial et fiscal ont un impact significatif sur l'évolution du patrimoine. Dans les pays francophones les expressions généralement utilisées pour désigner l'activité sont : "gestion de patrimoine", "gestion privée de patrimoine" ou "gestion de fortune". Les pays anglo-saxons utilisent généralement l'expression asset management (ou private asset management) et wealth management (ou private wealth management). Ces expressions se limitent souvent à la gestion de portefeuille.
Par ailleurs, l'offre de services en gestion de patrimoine peut viser des domaines d'intervention, des clientèles particulières ou des régions spécifiques. L'offre de services peut s'appliquer à partir d'une valeur minimale d'actif sous gestion ou d'autres critères de sélection.
La norme internationale ISO 22222 (de 2005) définit des normes relatives à la pratique des professionnels en gestion de patrimoine, notamment des processus de travail, des exigences de compétences et de conformité, ainsi que des principes d'éthique et de comportement professionnel[5].
L'AFNOR Certification est habilitée en France à délivrer une telle norme. La CGPC (Compagnie des Conseillers Patrimoniaux Certifiés) habilite ses adhérents (conseillers indépendants), par délégation, à la norme ISO 22222[6].
La démarche générale d'un professionnel en gestion de patrimoine s'appuie sur l'éthique, la déontologie (normes professionnelles) et les meilleures pratiques généralement reconnues en saine gestion, notamment:
La démarche générale d'un professionnel en gestion de patrimoine, autant pour une personne physique que morale, consiste à :
En gestion de patrimoine, la démarche de gestion des tâches, responsabilités, délégation et impartition se résume ainsi, selon le contexte :
La gestion de patrimoine implique une veille juridique, fiscale et générale relativement au patrimoine, notamment la vérification des aspects suivants :
Le métier de généraliste de conseil et de gestion de patrimoine ne doit pas être confondu avec les autres métiers spécialisés.
Règle générale, les offres de services des conseillers/professionnels exerçant en conseil et de gestion de patrimoine peuvent :
Un «planificateur financier» est un conseiller/professionnel qualifié et accrédité selon les juridictions professionnelles, qui exerce en planification patrimoniale. Il dispense un service conseil en appliquant des processus d'anticipation relativement aux affaires du patrimoine.
Le conseiller en investissements financiers est un professionnel dont l'offre de services est axé sur des conseils en investissement, en fonction des partenariats financiers développés avec ses fournisseurs[7]. Selon les juridictions, plusieurs titres se réfèrent à ce métier.
La liste des conseillers en investissement financiers autorisés à avoir une activité est consultable sur le site de:
Qu'il soit gestionnaire d'un portefeuille de valeurs mobilières, d'un compte-titre sous mandat, gérant d'un OPCVM dédié ou gérant d'une unité de compte dédié dans le cadre d'une assurance-vie, le métier est sensiblement le même. La spécialisation de gestion de portefeuille est un sous-élément de la gestion de patrimoine.
Dans l'exercice de ce métier, l'analyste/gestionnaire doit:
La profession de fiscaliste constitue une spécialité en fiscalité des entreprises ou des particuliers. Cette profession est exercée par divers professionnels tels avocat-fiscaliste, notaire-fiscaliste, comptable-fiscaliste, administrateur agréé fiscaliste, etc.