Nom de naissance | Paul Frankenburger |
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Naissance |
Munich, Empire allemand |
Décès |
(à 86 ans) Tel Aviv, Israël |
Activité principale | Compositeur, chef d'orchestre |
Lieux d'activité | Tel Aviv |
Formation | Akademie der Tonkunst à Munich |
Maîtres | Friedrich Klose, Walter Courvoisier, Berthold Kellermann (de), Bruno Walter, Hans Knappertsbusch |
Élèves | Eliahu Inbal, Tzvi Avni, Ben-Zion Orgad |
Distinctions honorifiques | Prix Israël (1957) |
Paul Ben-Haim (en hébreu : פאול בן חיים, également Paul Ben-Chaim, né Paul Frankenburger ; Munich, – Tel Aviv, ) est un compositeur allemand puis israélien.
Paul Ben-Haïm naît sous le nom de Paul Frankenburger, d'un père avocat, Heinrich (1856–1938), personnalité centrale de la communauté juive sécularisée de Munich. Sa mère provenait d'une famille de banquiers.
Il commence le violon, puis dès onze ans, le piano, qui devient son instrument principal. Jeune, il compose des lieder sur des poèmes d'Eichendorff et Hofmannsthal. Paul effectue ses études au Wilhelmsgymnasium de Munich[1], puis dès 1915, étudie à l’Akademie der Tonkunst à Munich. Pendant la guerre, il sert dans une unité anti-aérienne sur le front, en Belgique et en France. Il échappe de justesse à la mort lors d'une attaque au gaz. Son frère Karl est tué à Verdun. Après la guerre, jusqu'en 1920, il retourne à l’Akademie der Tonkunst et travaille la composition auprès de Friedrich Klose — un ancien élève de Bruckner — et avec le Suisse Walter Courvoisier, ainsi que Berthold Kellermann (de) pour le piano.
En 1920 et pendant quatre années, il travaille à l'Opéra de Bavière, en tant que chef assistant aux côtés de Bruno Walter et Hans Knappertsbusch : il est à la fois pianiste, chef d’orchestre, répétiteur des chœurs… et compositeur. Dès 1924, il est à Augsbourg — à 70 km au Nord-Ouest de Munich — en tant que troisième Kapellmeister[2]. Il y dirige une quarantaine d'opéras dont de nombreuses premières et des concerts[3]. Il occupe ce poste jusqu'en 1931, lors de l'arrivée d'un nouvel intendant nazi à l’Opéra, qui renvoie tous les personnels juifs, dans une vague d’antisémitisme qui déferle à cette époque sur l'Allemagne et l’empêche de retrouver un travail[4].
À la fin des années 1920, son ami Heinrich Schalit (de) (élève de Robert Fuchs), plus tard émigré aux États-Unis, l'encourage à composer de la musique juive. L'inspiration se retrouve pour la première fois dans sa Suite pour piano no 1, op. 2a, où il utilise un chant populaire juif yéménite. Ben-Haim compose plus de quatre-vingt lieder, un quatuor avec piano (1920), un trio à cordes (1927) et sa première œuvre symphonique, le Concerto grosso (1931), est créée à Chemnitz en , sous la direction de Fritz Kitzinger. La critique est positive, mais attaque les organisateurs pour avoir inclus l'œuvre d'un compositeur juif. Ces deux événements le décident à quitter l'Allemagne, il a alors trente-six ans.
Dès octobre de la même année, il s'installe à Tel Aviv, en tant que compositeur et chef d'orchestre. Sa fiancée, Hely Acham, une danseuse, le rejoint l'année suivante. Pendant le voyage en bateau, il fait la connaissance du violoniste Shimon Bachman qui lui propose d'être son accompagnateur pendant sa tournée en Palestine. Son visa de touriste ne lui permettant pas de travailler, l'imprésario de Bachman propose de changer son nom sur les programmes des concerts, qui devient « Ben-Haim », du nom de son père, mais aussi avec le sens de « vie » en hébreu[4]. Il est parmi la quarantaine de compositeurs qui ont trouvé asile en Palestine.
Jusqu'alors, il baignait dans la tradition de la culture musicale allemande, grand admirateur des romantiques et de Mahler. Grâce à sa collaboration avec la chanteuse folklorique et ethnomusicologue d'origine yéménite, Braha Zefira (c.1910–1990), rencontrée en 1939, il apprend à connaître les chants juifs et arabes (mais également d'autres traditions, comme les yéménite, grecque, séfarade et persane) dont les mélodies et le rythme sont sources d'une inspiration nouvelle pour ses compositions ; son style subit un changement profond[5]. Il effectue pour elle, de 1939 à 1951, trente-cinq transcriptions de chants traditionnels (par exemple l'une des œuvres les plus connues du compositeur, la Berceuse sfaradite, sous sa forme originelle Mama yo no tengo visto) et l'accompagne souvent au piano.
La première œuvre importante de musique de chambre composée en Palestine est son Quatuor à cordes (1937). Son Concerto grosso est créé en 1939 par le jeune Orchestre de Palestine, fondé trois ans auparavant — et qui deviendra le Philharmonique d’Israël — mais Ben-Haim en vient à négliger ensuite ses œuvres de sa période allemande. En 1940, il achève sa première symphonie (le jour de la capitulation française) et à la fin de la guerre, une seconde, terminée le qui est son œuvre la plus longue du genre (près de trois-quarts d'heure).
Au début des années 1950, peu avant sa mort, Serge Koussevitzky lui commande une œuvre pour célébrer le troisième millénaire de Jérusalem. Ce sera, sous l'inspiration du roi David, « Le Doux Psalmiste d'Israël » (1953), créé plus tard en première américaine à New York en 1959, lors de son premier séjour aux États-Unis, par Leonard Bernstein et l'Orchestre philharmonique de New York[3]. C'est son œuvre la plus connue. Elle reçoit le Prix Israël en 1957.
En 1960, il compose son Concerto pour violon pour Zvi Zeitlin. Il intègre principalement des matériaux orientaux dans son langage musical occidental d'une forme très classique. C'est le fondement du style ou « École méditerranéenne orientale », qui est attribué à l’auteur[6] et défendu par Alexander Uriah Boskovich (en) notamment. Alors qu'en 1951, sous l'inspiration de la sonate de Bartók, il écrit en trois jours, une Sonate en sol pour violon seul, op. 44, dédiée à Yehudi Menuhin, l'une de ses dernières œuvres achevée est destinée au violoniste : Trois Études pour violon seul (1981).
Parmi ses élèves, on compte Eliahu Inbal, Tzvi Avni, Ami Maayani, Ben-Zion Orgad, Noam Sheriff, Avraham Sternklar et Shulamit Ran. Il prend son nom juif en devenant un citoyen israélien, après l'indépendance du pays en 1948.
Ben-Haim a reçu pour son œuvre The Sweet Psalmist of Israel le Prix Israël en 1957.
La ville d'Augsbourg (où en 1931 il a été licencié du théâtre municipal) lui a rendu hommage en 2010 en donnant à une rue le nom de « Paul-Ben-Haim-Weg »[7].
Ben-Haim a composé deux symphonies (1940 et 1945), un concerto pour piano, un pour violon et un pour violoncelle et différentes œuvres pour orchestre, une sonate pour 2 mandolines, guitare, clavecin, harpe et orchestre à cordes, des sonates pour violon, des chœurs, des oratorios (Joram, 1933, texte de Rudolf Borchardt (de)[8]), des œuvres liturgiques et des lieder.
L'oratorio Joram (1931–1933), après avoir été créé en 1979 à Tel Aviv, est donné dans sa version d'origine, non tronquée pour la première fois en Israël, en . L'Orchestre philharmonique d'Israël et le Münchner MotettenChor (de) sous la direction de Hayko Siemens (de) ont créé l'œuvre à l'Auditorium Smolarz de l'Université de Tel Aviv[9].