Paul Wittek

Paul Wittek
Paul Wittek vers 1937
Biographie
Naissance

Banlieue de Vienne (Autriche)
Décès
(à 84 ans)
Eastcote (Angleterre)
Nationalité
Autrichien
Activité
Historien orientaliste
Conjoint
Rocina Kara-Michaïlova
Suzanne De Jongh
Enfant
Jean « Frédéric », Maddy et Martin
Autres informations
Domaine
Histoire de l'Empire ottoman
Maître
Johannes Heinrich Mordtmann
Œuvres principales
« Thèse gazie »

Paul Wittek est un historien orientaliste autrichien, né le à Baden dans la banlieue de Vienne et mort le à Eastcote dans le Middlesex (Angleterre). Il est spécialiste de l'histoire du début de l'Empire ottoman.

Mobilisé dans l'armée austro-hongroise au début de la Première Guerre mondiale, il sert d'abord comme officier de réserve dans un régiment d'artillerie, en Galicie où il est blessé en octobre 1914, puis sur l'Isonzo en 1917. Il trouve sa passion pour l'histoire ottomane alors qu'il est détaché en 1918 comme conseiller militaire en Syrie puis à Istanbul. Il obtient un doctorat en histoire en 1920 à l'université de Vienne. Vers 1924, il épouse Rocina Kara-Michaïlova, le couple aura trois enfants, nés à Istanbul[1], où Paul Wittek travaille désormais détaché par l'Institut archéologique allemand entre 1924 et 1934. À son retour, pour fuir le nazisme, il s'installe, avec ses trois enfants, à Bruxelles où il enseigne à l'Université libre de Bruxelles. Son épouse meurt vers 1936[2]. En 1937, il fait la connaissance de Suzanne De Jongh fraîchement diplômée d'histoire et de 19 ans sa cadette. Ils se marient en 1938 et la famille s'installe chez les De Jongh où ils occupent le rez-de-chaussée de la maison familiale au no 73 de l'Avenue Émile Verhaeren. Sa belle-sœur, Andrée De Jongh, s'illustrera en mettant sur pied la ligne d'évasion Comète dont Suzanne sera également un agent[1].

En , La Belgique est envahie. Paul Wittek, sa femme et ses enfants sont contraints de prendre les routes de l'exode pour gagner la France et, de là, tenter de rallier l'Angleterre. Paul est arrêté à la frontière par la Police belge qui a reçu ordre d'interpeler tout ressortissant "suspect" et de les envoyer en France[Notes 1]. Suzanne et les trois enfants ne peuvent le suivre et doivent rejoindre Bruxelles. Paul parvient in extremis à rejoindre Dunkerque et à prendre l'un des derniers bateaux en partance pour l'Angleterre. Son objectif de partir aux États-Unis ne se concrétisera pas malgré les démarches entreprises par son ami, Sydney Nettleton Fisher (en). Paul Wittek restera, la guerre durant, exilé à Londres où il enseigne à l'université[3],[4].

Sa femme, Suzanne, agent de liaison entre Bruxelles et Paris est arrêtée en , elle est déportée en tant que Nacht und Nebel. Elle survit cependant à sa déportation et est libérée en [1]. Paul Wittek ne retrouve sa femme et ses enfants, qu'après la guerre, lorsqu'il peut rentrer à Bruxelles[4].

En Paul Wittek et sa famille s'installe à Londres où il a accepté un poste à l'université de Londres au sein de l'École des études orientales et africaines pour y enseigner le turc, ce qu'il fera jusqu'à sa mise à la retraite en 1961[5],[4].

Le principal apport de Paul Wittek à l'étude de l'Empire ottoman est le développement de la « Thèse gazie » qui fut la théorie dominante dans l'historiographie ottomane jusqu'aux années 1980[6].

La thèse gazie

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La thèse gazie défend que l'Empire ottoman est à l'origine le regroupement des ghazis, des guerriers saints de l'islam, qui se sont regroupés pour mener une guerre sainte (ġazā, غزا) contre les chrétiens et élargir le Dar al-Islam (en arabe : دار الإسلام). Paul Wittek développe cette théorie dans son ouvrage Rise of the Ottoman Empire en 1938.

Cette théorie est aujourd'hui obsolète ayant été révisée et réfutée par la génération suivante d'historiens spécialisés en histoire ottomane (principalement Cemal Kafadar)[6],[7].

Notes et références

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  1. La Belgique craignait alors l'émergence d'une cinquième colonne.

Références

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  1. a b et c Marie-Pierre d'Udekem d'Acoz, Andrée De Jongh. Une vie de résistante, Bruxelles, Racine, 2016, 272 p. (ISBN 9-782-87386-978-6)
  2. « fiche B022 », sur www.cometeline.org (consulté le )
  3. d'Udekem d'Acoz 2016, p. 14.
  4. a b et c Heywood 2021.
  5. John Wansbrough, « Obituary: Paul Wittek », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 42, no 1,‎ , p. 137–139 (ISSN 0041-977X, lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b (en) Heath W.Lowry, The Nature of the Early Ottoman State, New York, State University of New York Press, , 143 p. (ISBN 0-7914-5636-6).
  7. (en) Cemal Kafadar, Between two Worlds, The Construction of the Ottoman State., Los Angeles, University of California Press, , 154 p. (ISBN 0-520-08807-7)

Bibliographie

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Publications

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  • (de) Paul Wittek, Das fürstentum Mentesche [« Le beylik de Menteşe »], Istanbul, Universum druckerei, , 192 p. (LCCN ac35002827).
  • (de) Karl Wulzinger, Paul Wittek et Friedrich Sarre, Das islamische Milet [« Le millet islamique »], Berlin et Leipzig, W. de Gruyter & co., , 127 p. (LCCN ac35001211).
  • (en) Paul Wittek, The rise of the Ottoman empire, Londres, The Royal Asiatic Society, , 54 p. (LCCN 40002228).
  • (tr) Paul Wittek, Menteşe Beyliǧi : 13-15 inci asirda garbî Küçük Asya tarihine ait tetkik [« Le beylik de Menteşe »], Ankara, Türk tarih Kurumu basimevi, (réimpr. 1986), 191 p. (LCCN 56055022, DNB 363100423).
  • (en) Paul Wittek, Vocabulary to the Turkish reader, Londres, Lund Humphries & Co., (réimpr. 1956), 134 p. (LCCN 46012483).
  • (tr) Paul Wittek, Osmanlı İmparatorluğuʾnun doğusu [« La formation de l'Empire ottoman »], Istanbul, Sirketi Mürettibiye Basımevi, , 128 p. (LCCN unk83073656).
  • Paul Wittek (trad. V. L. Ménage), La formation de l'Empire ottoman, Londres, Variorum Reprints, (ISBN 0860781003).
  • (en) Paul Wittek, The Rise of the Ottoman Empire: Studies in the History of Turkey, Thirteenth-Fifteenth Centuries, Londres et New York, Routledge, , 194 p. (ISBN 978-0-7007-1500-8, lire en ligne).

Liens externes

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Articles connexes

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