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Paulo Branco, né le à Lisbonne, est un producteur de cinéma portugais.
Figure du cinéma d’auteur, il a produit durant sa carrière environ trois cents films.
Paulo Branco naît le [1] à Lisbonne[2] au sein d'une « famille traditionnelle bourgeoise » ; son père est vétérinaire[3]. Il grandit dans la campagne portugaise et étudie la chimie à la capitale[4]. Il émigre clandestinement à Londres en 1971 pour fuir la dictature de Caetano, successeur de Salazar, sévissant alors au Portugal, et notamment échapper au service militaire, qui signifiait l'envoi dans les colonies[4]. Là, il gagne sa vie au jeu et en travaillant dans des restaurants[3], avant de rejoindre Paris en 1973 où il s'installe sans régulariser sa situation[3].
C’est là que, sous l'influence de Frédéric Mitterrand et Serge Daney, il commence à travailler dans le cinéma en tant que programmateur et exploitant de salles, notamment à l'Action République dans le 11e arrondissement de Paris[4]. Renvoyé par Mitterrand, « parce qu’il avait de nouveaux associés et que c’était plus simple de virer un sans-papiers », il retourne quelque temps au Portugal, puis devient producteur au début des années 1980[4].
Il crée alors à Paris sa propre structure, Les Films du passage, en 1983, avec laquelle, entre Paris et Lisbonne, il commence à produire de grands auteurs : Manoel de Oliveira, João César Monteiro, João Botelho, Raoul Ruiz, Wim Wenders, Alain Tanner[5]. Sa société française fait faillite en 1987, mais il rebondit immédiatement en créant une nouvelle société de production et de distribution à Paris : Gémini Films.[réf. souhaitée]
Avec Gémini Films, il produit de jeunes cinéastes tels que Christophe Honoré, Olivier Assayas, Sharunas Bartas, Cédric Kahn, Lucas Belvaux, Camille de Casabianca, Valeria Bruni Tedeschi et Mathieu Amalric, tout en continuant à collaborer avec des auteurs confirmés comme Chantal Akerman, Werner Schroeter, André Téchiné, Andrzej Zulawski ou Michel Piccoli[6].
En 2007, après vingt ans d’activité et plus de cent cinquante films produits, Gémini Films fait faillite[6]. Il crée alors Alma Films, devenu Alfama Films, société de production et de distribution de films[6].
En quelques années, la société se constitue un catalogue de films accueillis dans les plus grands festivals : Mon âme par toi guérie de François Dupeyron au festival de Saint-Sébastien ou Nuit de chien de Werner Schroeter et Les Lignes de Wellington de Valeria Sarmiento à la Mostra de Venise. Les Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz reçoivent le prix Louis-Delluc du meilleur réalisateur à Saint-Sébastien.[réf. souhaitée]
Paulo Branco est aussi le président du Festival du film de Lisbonne et d'Estoril, qu’il fonde en 2007 et où il accueille de nombreux artistes internationaux tels que David Lynch, Pedro Almodóvar, Francis Ford Coppola, Juliette Binoche, Abdellatif Kechiche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Don DeLillo, Lou Reed, Stephen Frears ou John Malkovich[4].
Marié à la psychanalyste espagnole Dolores López[7], il a deux filles et deux fils, dont Juan Branco[8].
En , il est signataire de la tribune controversée N'effacez pas Gérard Depardieu visant notamment à défendre la présomption d'innocence de Gérard Depardieu, alors accusé de viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel[9].
Paulo Branco veut faire valoir devant la justice les droits qu'il estime avoir sur le scénario du film réalisé par Terry Gilliam, L'Homme qui tua Don Quichotte. S'ensuivent de nombreux procès devant différents tribunaux : ainsi, en , alors que le tournage entre dans sa dernière semaine, le tribunal de grande instance de Paris proclame la validité du contrat unissant Gilliam et Branco. Le producteur estime alors que le film ne pourra être exploité sans son accord[10],[11]. Après deux jugements à Paris et à Londres donnant raison à Paulo Branco[12], l'affaire est portée devant la cour d'appel de Paris[13].
Dans un communiqué, les producteurs et distributeurs estimeront néanmoins qu'aucune procédure judiciaire ne peut entraver la sortie du film, précisant que le contrat au cœur du conflit stipule qu'« aucun conflit juridique ne peut avoir pour effet de retarder, de quelque manière que ce soit, la production ou l'exploitation du film[14][source insuffisante]. » De fait, Paulo Branco a tenté de faire annuler le tournage en mais s'est vu débouté de ses demandes (« Dans ces conditions, les demandes reconventionnelles tendant à la suspension du tournage et à la production du dossier destiné au fonds européen Eurimages ne sont pas suffisamment justifiées et doivent être rejetées » dixit le jugement du tribunal de grande instance de Paris[15]) et l'exploitation du film se poursuit donc de manière normale.
Le , la cour d'appel de Paris proclame la validité du contrat unissant Terry Gilliam et Paulo Branco. Alors que Paulo Branco proclame son intention d'engager des poursuites pour demander des dommages et intérêts[16] et estime que ce jugement signifie que « le film appartient à Alfama [société de production créée par Paulo Branco, ndlr]"[17], les producteurs espagnols de Tornasol Films estiment au contraire dans un communiqué que « le juge a considéré le que le contrat [entre Terry Gilliam et Paulo Branco] n'avait pas été résilié proprement par M. Gilliam, et c'est la seule chose dont le jugement parle. Jamais il n'établit que les droits du film appartiennent à Paulo Branco[18]. » En effet l'arrêt[19] se contente de débouter Gilliam de sa « demande de caducité » relative à son contrat avec Branco, et le condamne aux dépens d'appel ainsi qu'à régler 10 000 euros de frais d'appel à la société Alfama Films. La sortie du film en France et dans le monde n'est pas affectée.
Cette décision sera ensuite confirmée au Royaume-Uni et en Espagne, sans que la validité des droits d'exploitation du film ne soit remise en cause pour autant, la productrice Mariela Besuievsky allant même jusqu'à préciser dans un communiqué que « Alfama et Leopardo n'ont pas contribué financièrement au film, et n'en sont donc pas producteurs. Tous les contrats signés par les coproducteurs de L'Homme qui tua Don Quichotte sont valides pour l'exploitation. Les producteurs Tornasol, Entre Chien et Loup, Kinology et Ukbar sont responsables du financement du film, aux côtés d'autres financiers. Alfama doit arrêter de propager des interprétations malveillantes des jugements français, anglais et espagnols[20]. »
Le , un tribunal portugais spécialisé en propriété intellectuelle saisi par Paulo Branco refuse de lui accorder des droits sur le film et conclut que la société de production portugaise Ukbar Filmes, attaquée par Branco, peut exploiter le film de plein droit sur le territoire portugais[21]. Branco annonce qu'il fera appel, mais cette décision juridique est un coup dur pour sa stratégie d'indemnisation puisque la cour reconnaît qu'il n'est ni créateur ni producteur de l’œuvre et ne peut donc prétendre à de quelconques droits d'auteur relatifs à celle-ci.
Allant dans le même sens, le , la justice française condamne Paulo Branco à 60 000 euros de dommages et intérêts envers les sociétés de distribution Kinology, Star Invest et Océan Films, et déclare que Branco n'a aucun droit sur le film et n'en a jamais été producteur[22].