La phase supérieure de la société communiste est caractérisée, dans la théorie marxiste, par une organisation sociale sans classe et sans État[1], par la propriété collective des moyens de production et un accès gratuit[2],[3] aux biens de consommation, ce qui implique la fin de l'exploitation par le travail. Dans sa Critique du programme de Gotha, Karl Marx décrit cette phase :
« Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l'asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l'horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! »[4]. »
— Karl Marx, Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand, 1875
Le communisme est une étape spécifique du développement socio-économique fondée sur une surabondance des richesses matérielles, résultant des progrès techniques accomplis par les forces productives. Il permettrait la distribution des moyens en fonction des besoins et des relations sociales fondées sur une libre association entre les individus[4],[5].
Cette « Phase supérieure de la société communiste » s'entend ici dans son sens théorique et se distingue des régimes politiques communistes (dits également « socialistes ») dirigés par un parti se réclamant du marxisme-léninisme[6].
Sous le capitalisme, les moyens de production et d'échange sont la propriété privée d'une classe sociale : la classe capitaliste. La majorité n'a que « son travail à vendre ». La propriété privée des moyens de production est donc indissociable de l'existence, dans la société, de classes antagonistes en lutte perpétuelle.
Dans une société communiste, c'est l'ensemble des individus qui possèdent les moyens de production : usines, banques, exploitations agricoles ou pétrolières, grands moyens de transport et de communication, etc. La société cesserait donc d'être divisée en classes.
Sous le capitalisme, la concurrence et l'accumulation de profit sont les moteurs de l'économie. Selon les communistes, cette situation engendre crises, guerres, destructions, désastres écologiques, etc. Dans la société communiste, la production et la distribution des biens et des services sera réorganisée de façon rationnelle. Le fait de produire telle ou telle quantité de telle ou telle marchandise, par exemple, ne dépendrait pas de la rentabilité, mais des besoins. La société communiste est organisée selon l'adage de Louis Blanc repris par Karl Marx : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».
La société communiste, la production et la distribution seront organisées à l'avance, au moins dans les grandes lignes. C'est ce qu'on appelle la planification économique.
Il existe des débats, dans les rangs des communistes, à propos du rôle plus ou moins grand que les mécanismes de marché joueront ou non dans la société communiste. Mais personne parmi eux ne conteste la nécessité d'une planification plus ou moins précise.
Étant donné que les moyens de production et d'échanges seront la propriété de tous, ce serait aux individus eux-mêmes de prendre les décisions politiques et économiques. Selon les communistes, ce serait une extension de la démocratie. Le communisme devrait faire fleurir des organes de démocratie directe (conseils d'usine, de quartier…), élirait des organes sur la base de mandats tournants et révocables… La démocratie ne se limiterait pas l'élection des représentants mais elle comprendrait la gestion directe des moyens de production et le contrôle permanent sur les élus. Les décisions seraient prises à l'issue de discussions.
La fin de l'exploitation saperait les bases matérielles de nombreuses autres oppressions. Par exemple le racisme généralisé provient fondamentalement de l'inégalité entre pays imposé par l'impérialisme, et, particulièrement en temps de crise, des tentatives des politiciens de désigner des boucs émissaires pour détourner sur eux l'exaspération des classes laborieuses.
Les marxistes[Qui ?] ont[Quand ?] de nombreux débats[Quoi ?] sur la question de l'articulation des différentes oppressions (sexisme, homophobie…) avec le capitalisme (et donc de ce qui se passerait sous le communisme)[réf. nécessaire].
Marx évoquait déjà une distinction entre une « première phase de la société communiste », qui commence avec la révolution communiste, et qui évolue progressivement jusqu'à une « phase supérieure de la société communiste »[7]. Lénine a formalisé et développé cette distinction, en parlant de phase socialiste et de phase communiste.
La première phase (socialisme) résulte de la prise du pouvoir par le prolétariat, qui est censé prendre le contrôle de tous les leviers de l'économie et créer un nouvel État (fondé sur la dictature du prolétariat) pour s'assurer que le capitalisme soit renversé à l'échelle mondiale. Cette révolution implique plusieurs réformes :
Cependant, cette première phase nécessite une certaine continuité avec le capitalisme et l'économie de marché :
« Ce à quoi nous avons affaire ici, c'est à une société communiste non pas telle qu'elle s'est développée sur les bases qui lui sont propres, mais au contraire, telle qu'elle vient de sortir de la société capitaliste ; une société par conséquent, qui, sous tous les rapports, économique, moral, intellectuel, porte encore les stigmates de l'ancienne société des flancs de laquelle elle est issue[7]. »
Dans cette première phase, la société ne peut pas encore donner à chaque individu ce qu'il veut sans demander un travail équivalent en échange. Il s'agit donc dans un premier temps d'une généralisation du modèle « à chacun selon son travail ».
« Le droit égal est donc toujours ici dans son principe… le droit bourgeois, bien que principe et pratique ne s'y prennent plus aux cheveux, tandis qu'aujourd'hui l'échange d'équivalents n'existe pour les marchandises qu'en moyenne et non dans le cas individuel[7]. »
Toutefois, comme Marx le soulignait, ce droit égal comporte une certaine injustice, puisque les individus ont des capacités (notamment physiques) différentes, des charges différentes (nombres enfants…). Pour les prendre en compte, c'est au contraire des modulations du « droit égal » qu'il faut introduire (ex. : allocations pour handicap, pour enfants…).
« Mais ces défauts sont inévitables dans la première phase de la société communiste, telle qu'elle vient de sortir de la société capitaliste, après un long et douloureux enfantement. Le droit ne peut jamais être plus élevé que l'état économique de la société et que le degré de civilisation qui lui correspond[7]. »
Les rapports socialistes, associés à une hausse des forces productives pour répondre aux besoins, seraient la base d'une nouvelle évolution vers de nouveaux rapports, cette fois-ci communistes.
« Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l'asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l'horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins[7] ! ». »
Dans cette nouvelle société, l'argent deviendrait obsolète et les biens de consommation seraient distribués en libre-service. Beaucoup envisagent qu'il puisse exister des restrictions, en raison par exemple des limites naturelles.
Les communistes internationalistes affirment que dès lors que le communisme se sera répandu mondialement, l'État sera voué à disparaître (Dépérissement de l'État). Si on envisage les choix politiques qui demeurent à faire (comme la recherche dans les innovations technologiques par exemple), ils seront réalisés par la société elle-même, au sein d'organes démocratiques non séparés d'elle.
Une telle société communiste ferait également disparaître (naturellement) les frontières et les états-nations, sans doute réduites à des indications culturelles et touristiques.
« it influenced Marx to champion the ideas of a 'free association of producers' and of self-management replacing the centralized state. »
« Marx distinguishes between two phases of marketless communism: an initial phase, with labor vouchers, and a higher phase, with free access. »
.« Communism would mean free distribution of goods and services. The communist slogan, 'From each according to his ability, to each according to his needs' (as opposed to 'work') would then rule »
« In a modern sense of the word, communism refers to the ideology of Marxism-Leninism. »