Philadelphia soul

Ne pas confondre avec Philadelphia Soul, une franchise américaine de football américain en salle évoluant en Arena Football League.
Philadelphia Soul
Description de cette image, également commentée ci-après
The O'Jays dans l'émission Soul Train en 1974.
Origines stylistiques Musique soul, rhythm and blues, funk, pop baroque
Origines culturelles Fin des années 1960 ; États-Unis
Instruments typiques Chant, instrument à cordes, section de cuivres, batterie, chœurs
Popularité Internationale des années 1960 jusqu'au début des années 1980.
Scènes régionales Philadelphie, Pennsylvanie

Genres dérivés

Disco, smooth jazz

La Philadelphia soul, parfois appelée Philly soul, Philadelphia sound, Philly sound ou T.S.O.P. (The Sound of Philadelphia), est un style de musique soul, originaire de la ville de Philadelphie aux États-Unis, populaire à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Caractérisé par des influences funk et jazz, des arrangements sonores riches comportant souvent des instruments à cordes (violons, guitares...), une batterie marquant le rythme sur la Grosse caisse plutôt que sur la caisse claire, des cuivres et des chœurs pénétrants et accordés, ce style est souvent présenté comme le précurseur de la musique disco.

En raison de l'accent mis sur le son et l'arrangement et l'anonymat relatif des nombreux musiciens jouant en groupe en studio, la soul de Philadelphie est souvent considérée comme un genre de producteur[1]. Bunny Sigler, Kenny Gamble et Leon Huff sont reconnus pour avoir développé le genre[2]. Le label Philadelphia International Records, fondé en 1971 par Gamble et Huff, a contribué à une large diffusion de ce style.

Les principaux auteurs-compositeurs et producteurs de soul de Philadelphie sont, outre Gamble et Huff, Bobby Martin[3], Thom Bell, Linda Creed, Norman Harris, Dexter Wansel, ainsi que les équipes de production McFadden & Whitehead. Ils travaillent avec une écurie de musiciens de studio utilisée comme support sur de nombreux enregistrements pour développer le son unique de Philadelphie. Beaucoup de ces musiciens enregistrent également en leur nom, comme le groupe instrumental MFSB, qui obtient un succès avec TSOP (The Sound of Philadelphia) en 1974, un morceau emblématique de la soul de Philadelphie[4].

D'autres architectes notables du son de Philadelphie sont le bassiste Ronald Baker, le guitariste Norman Harris et le batteur et chanteur Earl Young, qui enregistrent également au sein du groupe Trammps et produisent eux-mêmes des disques. Ce trio (B-H-Y) compose la section rythmique de base de MFSB. Ils se ramifient en un sous-label de Philadelphia International appelé Golden Fleece, distribué par CBS Records. Peu de temps après, Harris crée le label Gold Mind en collaboration avec Salsoul Records. L'écurie Gold Mind comprend notamment First Choice, Loleatta Holloway et Love Committee, qui participent tous aux productions Baker/Harris/Young. Le succès de Ten Percent de Double Exposure en 1976 est le premier single maxi 45 tours commercial[5].

La soul de Philadelphie est populaire tout au long des années 1970, et elle prépare le terrain pour les constructions en studio des musiques disco et urban qui émergent plus tard dans la décennie[1]. Le style a une forte influence sur les acteurs ultérieurs de Philadelphie, notamment The Roots, Vivian Green, Jill Scott et Musiq Soulchild[6].

Dans les années 1960, la ville de Philadelphie n'est pas reconnue pour ses productions de soul music, comme peuvent l'être Memphis ou Détroit, grâce aux firmes Stax et Motown. Quelques petits labels représentent quand même ce style musical, comme Harthon Records, fondé en 1963, Cameo-Parkway, ou Arctic, qui obtient un hit national en 1965 avec Yes, I'm Ready de Barbara Mason, enregistrement sur lequel figurent d'ailleurs les musiciens Norman Harris, Earl Young, Ronnie Baker et Kenny Gamble[7]. Ces labels jettent les bases de la soul de Philadelphie. Gamble et Huff font partie des Romeros, signés chez Arctic, Thom Bell travaille pour Cameo-Parkway et les futurs Trammps, qui s’appellent encore les Volcanos, officient chez Harthon[8].

Développement

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Gamble et Huff fondent Gamble Records en 1966, puis Neptune en 1969, tandis que Thom Bell est embauché comme A&R par Philly Groove à sa création en 1967[8]. Les premiers tubes du Philly sound sont Expressway to Your Heart des Soul Survivors en 1967[9], La-La (Means I Love You) et Ready or Not Here I Come (Can't Hide from Love) des Delfonics, Cowboys to Girls et (Love Is Like a) Baseball Game des Intruders en 1968. Le groupe texan Archie Bell & the Drells, qui a déjà connu le succès avec Tighten Up, vient à Philadelphie enregistrer I Can't Stop Dancing avec Gamble & Huff. Ces chansons ont en commun « un goût pour les arrangements somptueux, les volutes de violons, les mélodies sucrées et les voix passionnées »[8].

Ces succès poussent Gamble et Huff à fonder Philadelphia International Records (P.I.R.) en 1971[8]. La major Atlantic demande à Thom Bell de reprendre en main la carrière des Spinners[8], pour qui il écrit notamment I'll Be Around et Could it Be that I'm Falling in Love. The O'Jays otiennent plusieurs hits avec Love Train[10], Back Stabbers[11] et Use ta Be My Girl, Billy Paul avec Me and Mrs. Jones[12], Harold Melvin & the Blue Notes avec The Love I Lost et If You Don't Know Me by Now[13] et MFSB and The Three Degrees avec l'instrumental TSOP (The Sound Of Philadelphia).

Le succès de ces productions incite des artistes de renommée internationale à venir travailler à Philadelphie. Dusty Springfield y enregistre l'album A Brand New Me dès 1969[14], Wilson Pickett grave Wilson Pickett in Philadelphia en 1971, David Bowie enregistre Young Americans aux Sigma Sound Studios en 1974[15], et les Jacksons, qui viennent de quitter Motown, collaborent avec Gamble & Huff et McFadden & Whitehead pour l'album The Jacksons en 1976[16]. Dans la chanson Philadelphia Freedom, Elton John rend hommage à la musique de la ville en même temps qu'à la joueuse de tennis Billie Jean King[17].

Des morceaux comme Love Train des O'Jays, TSOP de MFSB, The Love I Lost d'Harold Melvin[18] ou You'll Never Find Another Love like Mine de Lou Rawls[19], contiennent les prémices de la musique disco, notamment grâce au jeu de batterie d'Earl Young[8]. Certaines des productions plus tardives des labels de Philadelphie, comme Brazil et The Best Disco in Town par The Ritchie Family ou Do It Any Way You Wanna de People's Choice, sont d'ailleurs à 100% des titres disco. La reprise de Don't Leave Me This Way d'Harold Melvin & the Blue Notes par Thelma Houston est un tube disco en 1976. Les morceaux K-Jee par MFSB et Disco Inferno par The Trammps[20] sont choisis pour figurer sur la bande son du film Saturday Night Fever en 1977.

Principaux artistes

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Producteurs et auteurs

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Références

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  1. a et b (en) « Philly Soul Music : Genre Overview », sur AllMusic
  2. (en) « Bunny Sigler, Who Helped Create 1970s Philly Sound, Dies », sur nbcphiladelphia.com, (consulté le )
  3. (en) Chris Rizik, « R.I.P. Legendary soul music producer Bobby Martin », sur soultracks.com/ (consulté le )
  4. (en) Jack McCarthy, « TSOP (The Sound of Philadelphia) », sur philadelphiaencyclopedia.org, (consulté le )
  5. (en) Kris Needs, George Clinton & The Cosmic Odyssey of the P-Funk Empire, Omnibus Press, , 376 p. (ISBN 978-1-78323-037-2, lire en ligne)
  6. (en) « Underrated Philadelphia Soul Singers », sur songsinthekeyoflife.net, (consulté le )
  7. (en) David Freeland, Ladies of Soul, Univ. Press of Mississippi, (ISBN 978-1-60473-727-1, lire en ligne), p. 103-104
  8. a b c d e et f Alexandre Gimenez-Fauvety, « Dance to the Music #2 : Philly Soul », sur section-26.fr, (consulté le )
  9. (en) Aaron Mendelson, American R&B : Gospel Grooves, Funky Drummers, and Soul Power, Minneapolis, Twenty-First Century Books, , 64 p. (ISBN 978-1-4677-0151-8, lire en ligne), p. 36
  10. (en) Steve Sullivan, Encyclopedia of Great Popular Song Recordings, vol. 1-2, Lanham, The Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-8296-6, lire en ligne), p. 790
  11. (en) Steve Sullivan, Encyclopedia of Great Popular Song Recordings, vol. 3-4, Rowman & Littlefield, , 832 p. (ISBN 978-1-4422-5448-0, lire en ligne), p. 488
  12. Sullivan 2017, p. 492.
  13. Sullivan 2017, p. 491.
  14. (en) Karen Bartlett, Dusty : An Intimate Portrait of a Musical Legend, Londres, Biteback Publishing, , 352 p. (ISBN 978-1-84954-763-5, lire en ligne)
  15. (en) Thomas Forget, David Bowie, New York, Rosen Publishing Group, , 112 p. (ISBN 978-0-8239-3523-9, lire en ligne), p. 69-70
  16. Brice Najar, The Jacksons : Musicographie 1976-1989, Saint-Denis, Éditions Édilivre, (ISBN 978-2-332-72394-9, lire en ligne)
  17. (en) Stephen Spignesi et Michael Lewis, Elton John : Fifty Years On, Post Hill Press, , 311 p. (ISBN 978-1-64293-328-4, lire en ligne)
  18. Alexandre Augrand, Une histoire de la Dance Culture : De Kingston à Tokyo, Camion Blanc, , 428 p. (ISBN 978-2-35779-939-4, lire en ligne)
  19. Sullivan 2017, p. 521.
  20. Sullivan 2017, p. 525.

Bibliographie

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Liens externes

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