À l'âge de dix-huit ans, il assiste à un concert de musique baroque dans une église de Paris où chante le contreténor Fabrice di Falco. Troublé par cette voix, il décide de rencontrer son professeur de chant, Nicole Fallien[5], avec laquelle il travaille encore[6].
Philippe Jaroussky explique son choix concernant le développement de sa tessiture de tête grâce à son aisance et son plaisir d'interprétation dans ce registre. Il précise que la décision fut prise en accord avec son professeur de chant, révélant ainsi à quel point le travail d'une voix cherche à mettre en valeur ses particularités.[réf. nécessaire]
Sa carrière commence tôt, en 1999. Lors d'un stage de chant à Royaumont en septembre, il est choisi par le contreténor Gérard Lesne pour incarner Ismaele, le fils de Sedecia (chanté par Gérard Lesne) dans l'oratorioIl Sedecia, re di Gerusalemme d'Alessandro Scarlatti. Il a vingt-et-un ans et seulement trois ans de chant derrière lui[7].
En 2002, il crée l'ensemble Artaserse, afin d'explorer en toute liberté les partitions qui l'intéressent[6]. L'ensemble était constitué à l'origine de Claire Antonini au théorbe, Nanja Breedijk à la harpe baroque, Christine Plubeau à la viole de gambe et Yoko Nakamura au clavecin et à l'orgue.
Son disque La dolce fiamma - airs de castrats oubliés, sorti le , reprend des airs composés par Johann Christian Bach. Le contreténor est accompagné par Le Cercle de l'Harmonie, dirigé par le jeune chef d'orchestre Jérémie Rhorer. Caldara in Vienna () est consacré pour sa part à des airs d'Antonio Caldara écrits pour les castrats italiens du settecento.
En 2017, il crée avec son compagnon Sébastien Leroux[9] l'Académie musicale Philippe Jaroussky[10], qui a lancé son programme d’actions dans le cadre de l’ouverture de La Seine musicale.
Elle a pour vocation principale d’accompagner gratuitement sur le long terme (plusieurs années) et sur différents axes (chant et pratique instrumentale) une centaine de jeunes filles et garçons, chaque saison, qui n’ont pas nécessairement les moyens financiers ou techniques de faire de la musique. En intervenant auprès de deux classes d’âge distinctes, l'académie musicale permet l’accompagnement à la formation musicale d’un jeune public de sept à douze ans (avant l’entrée au conservatoire) mais aussi pour les jeunes adultes (dix-huit à vingt-cinq ans) fraîchement diplômés qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement pour s’insérer professionnellement dans le domaine de la musique classique.[réf. souhaitée]
2009 : le , le contreténor reçoit l'insigne de chevalier, de la ministre de la Culture Christine Albanel, dans le cadre du Midem à Cannes[12].
2019 : le , le contreténor reçoit l'insigne d'officier, du ministre de la Culture Franck Riester, dans le cadre de l'inauguration de sa statue au musée Grévin.
Son nom de famille vient en fait d'une petite confusion... Fuyant la révolution russe, son arrière-grand-père arriva à la frontière française, où on lui demanda son nom. Ce à quoi il répondit : « ya - russky » (ce qui signifie « Je suis russe »). Ce nom est resté[13].
En voix de poitrine, il est baryton. Selon son propre aveu : « J'ai une voix de baryton très commune sans graves et sans aigus[14] ! » Même s'il se sent moins à l'aise dans cette tessiture, Philippe Jaroussky interprète parfois sur scène certains passages en voix de poitrine, comme Sombrero de Cécile Chaminade, ou Ohimè ch'io cado de Claudio Monteverdi avec L'Arpeggiata. Il joue alors de son agilité pour passer de sa voix de tête à sa voix de poitrine pour produire un effet comique (il se risque à ce genre d'effet plutôt lors des rappels, en fin de récitals).
« La voix d’Henri Ledroit m’a beaucoup marqué à mes débuts, elle est dotée selon moi d’une très grande capacité d’émotion. J’ai également subi l’influence d’un Gérard Lesne ou d’un James Bowman. J’admire énormément le travail de David Daniels qui a contribué à élargir le répertoire de contreténor, à l’opéra notamment[16]. »
« Le timbre du contreténor n'est que la voix la plus aiguë dont un homme est capable. L’émission vocale passe par la tête et non par la poitrine. C’est ce qui la différencie de celle de ténor ou de basse. Son ambiguïté naît de ce qu’elle ne se situe pas entre la voix d’homme et de femme, mais entre celle d’homme et d’enfant[17]. »
« On parle de haute-contre pour la musique baroque française : Lully, Rameau… La voix de haute contre, proche du registre très haut du fausset, s’apparente à une voix de ténor léger, aux aigus puissants. En revanche, un contreténor peut chanter Bach, Vivaldi, ou Purcell[17]. »
« J'ai rencontré à l'âge de dix huit ans Nicole Fallien, qui est toujours mon professeur, et l'apprentissage du chant fut pour moi une libération. Mes parents n'étant pas musiciens, ce n'est qu'au collège qu'on m'a conseillé d'apprendre la musique. Évidemment, j'avais onze ans, j'adorais le violon, mais je l'ai commencé malheureusement un peu tard. J'ai débuté le piano à quinze ans, avec l'idée de me diriger vers des études plus théoriques (écriture, direction d'orchestre). Ce qui m'a beaucoup plu dans le chant, c'est d'abord le fait que j'avais une facilité naturelle certaine, et que je me suis senti très jeune, ce qui n'était pas le cas avec les instruments. C'est devenu assez logique, très vite : au bout d'un an d'étude, j'ai senti que je ferai du chant. Je suis entré au CNR de Paris, dans le département de musique ancienne, où je suis resté quatre ans, et où je me suis de plus en plus passionné pour ce répertoire. Le chant pour moi, c'est une chance : ce que je voulais, c'était interpréter, et cela, je le sens profondément[14]. »
« Si je n'avais pas été musicien, j'aurais adoré être peintre[14]. »
Forgotten Arias / Avec le Concert de la Loge (Erato, 2023)
Passacalle de la Follie / Avec l'Ensemble L'Arpeggiata (Erato, 2023)
À sa guitare / Avec Thibaut Garcia (Erato, 2021)
La vanità del mondo Oratorio Arias (Erato, 2020)[18].
Vivaldi, Pieta, Œuvres sacrées pour alto, Avec l'Ensemble Artaserse, Erato, 2014
Pergolèse, Stabat Mater, Laudate pueri Dominum, Confitebor tibi Domine. Avec Julia Lezhneva, Coro della Radiotelevisione svizzera, Lugano, I Barocchisti & Diego Fasolis. Erato, 2013
Claudio Monteverdi, Teatro d'amore. Avec Christina Pluhar & L'Arpeggiata, Núria Rial, Auvity, van Elsacker, Fernandes. Virgin Classics ( à Vredenburg, Utrecht ; janvier/ et à la chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, Paris).
Beata Vergine, Motets à la Vierge entre Rome et Venise. Avec l’Ensemble Artaserse. Virgin Classics (rec. , Église Notre-Dame du Liban, Parigi, France).
Antonio Vivaldi, Griselda. Lemieux, Cangemi, Kermes, Ferrari, Davies. Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi. Naïve - Opus 111 (, Salle Surcouf, Foyer du Marin, Brest, France).
Claudio Monteverdi : L'Orfeo. van Rensburg, Gerstenhaber, Thébault, Gerstenhaber, Gillot, Kaïque. La Grande Écurie, Jean-Claude Malgoire. Dynamic (, Théâtre Municipal, Tourcoing, France).
Antonio Vivaldi, Orlando furioso. Larmore, Lemieux, Cangemi. Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi. Naïve - Opus 111 (, Église de Daoulas, Bretagne, France).
Claudio Monteverdi, Selva morale e spirituale. Spiritualità e liturgia/I salmi vespertini/Vespro dei Martiri/L'eloquenza divina. Ensemble Elyma, Gabriel Garrido. Ambronay Édition (2003/2004, Festival de Ambronay, France).
Un concert pour Mazarin. Avec l’Ensemble La Fenice, Jean Tubéry. Virgin Classics, 2004 (, Abbaye de Saint-Michel, Thiérache, France).
Georg Friedrich Haendel, Agrippina. Gens, Perruche, Smith, Grégoire, di Falco. La Grande Écurie, Jean-Claude Malgoire. Dynamic (, Théâtre Municipal, Tourcoing, France).
Antonio Vivaldi, La Verità in cimento. Rolfe-Johnson, Stutzmann, Laurens, Mingardo. Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi. Naïve - Opus 111 (, Église de Daoulas, Bretagne, France).
Antonio Vivaldi, Catone in Utica. Edwards, Laszczkowski, Cangemi, Faraon. La Grande Écurie, Jean-Claude Malgoire. Dynamic (, Théâtre Municipal, Tourcoing, France).
Giovanni Battista Bassani : La morte delusa. Galli, del Monaco, Piolino, Sarragosse. Ensemble La Fenice, Jean Tubéry. Opus 111 (rec. , Delft, Pays-Bas).
Saverio Tomasella, Le Chant des songes, Aix-en-Provence, Persée, : ce roman historique sur le castrat italien Gioacchino Conti, dit Gizziello, est dédié à Philippe Jaroussky.
Frédéric Wagner, C'est l'ange qui poignarde : Scènes de la vie gay, L'Harmattan, : le roman est dédié à Philippe Jaroussky. Il y fait même plusieurs apparitions, sous les traits de Daniel D., un jeune contreténor surdoué et terriblement séduisant.
Christel Bosquart, Doux Piège, Paris-Bruxelles, Champs-Élysées Deauville, (ISBN9782379390647) : Philippe Jaroussky inspire l'un des trois personnages principaux du roman. Un contreténor y est passionnément aimé par une femme et par le mari de celle-ci. Le livre fait référence au répertoire de Philippe Jaroussky et liste en fin d'ouvrage les différents arias chantés par le personnage principal.
(es) María Condor, La grandeza : Teatro, poesía y política en la España del Siglo de Oro, Madrid, Compañía Nacional de Teatro Clásico, (ISBN9788490414118) : ce livre est dédié à Philippe Jaroussky. Le dernier chapitre, sur les commencements de la musique scénique en Espagne, traite en profondeur du plus ancien opéra conservé du XVIIe siècle espagnol, Celos aun del aire matan(es) (1660, livret de Pedro Calderón de la Barca et musique de Juan Hidalgo de Polanco), dans lequel Jaroussky a chanté le rôle de la furie Alecto (Théâtre royal de Madrid, 2000).
↑Lors de sa sortie ce disque a été distingué d'un « 10 » dans le magazine Répertoire no 152 ; de « 5 clés » dans Diapason no 486 et d'un 4 dans Classica no 37.