Ses gouaches, rares, et ses dessins, sont très estimés et collectionnés depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Élève de François Boucher, il est considéré comme l'un des maîtres de Fragonard[1].
Pierre-Antoine Baudouin est le fils d'un graveur. Il devient l'élève puis le gendre de Boucher, qui fut son maître en peinture et en genre.
Il épouse, en effet, la plus jeune fille de François Boucher, Marie-Émilie, le [2]. Il se spécialise ensuite dans les miniatures à la gouache qu’il expose pour la première fois au Salon de 1761. Il est reçu membre de l’Académie royale en 1763 avec une petite gouache de sujet historique Phryné accusée d’impiété devant l’Aréopage, (Paris, musée du Louvre) et il peint par la suite des illustrations d’épisodes bibliques.
Cependant, il fait surtout sa renommée en tant que dessinateur de scènes libertines dans un cadre contemporain. De telles gouaches furent exposées au Salon de 1763 à 1769. Certaines furent condamnées par l’archevêque de Paris et même par Diderot — lui-même auteur de romans libertins sous pseudonyme — qui écrit : « Greuze s'est fait peintre, prédicateur des bonnes mœurs ; Baudouin, peintre, prédicateur des mauvaises. Greuze, peintre de famille et d'honnêtes gens ; Baudouin, peintre des petites-maisons et des libertins »[3]. Et celui-ci d'ajouter en guise de portrait : « Un type sympathique, facile à vivre, plein d'esprit et quelque peu enclin à mener une vie dissolue ; mais qu'ai-je à craindre, ma femme a plus de quarante cinq ans ! »[4].
L'un de ses chefs-d’œuvre est sans doute la suite de quatre gouaches intitulée Les quatre heures du jour (1753) et que De Ghendt transpose sur cuivre avec une grande délicatesse de tons (1765).
Un certain nombre de ses œuvres est directement inspiré par les scènes d’amour pastoral de Boucher mais l’attention aux thèmes moraux et aux détails démontre qu’il était aussi influencé par Jean-Baptiste Greuze.
Il reçut bien entendu des commandes de la Cour. Il est élu le membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture et est nommé peintre du roi. Il peint ainsi en 1766, deux portraits pour le roi et une Suite de la vie de la Vierge, en 1767, pour Mme du Barry, alors favorite de Louis XV, et mécène avisée.
Baudouin a sans doute été pour Fragonard un mentor en iconographie libertine. À partir de 1765, ils se partagent l’atelier du défunt peintre Jean-Baptiste Deshays de Colleville au Louvre — dont Baudouin était le beau-frère par alliance. En 1767, ils font la demande d’aller copier ensemble les tableaux de Rubens au palais du Luxembourg. Au moment du décès précoce de Baudouin en 1769, les dessins et tableaux de Fragonard abondent dans son atelier[1].
Baudouin fut l’un des dessinateurs les plus populaires des dernières décennies de l’Ancien Régime. En 1760, lors de la vente Testard, l'une de ses petites gouaches trouve preneur à 1 750 livres[2]. Il reçut des commandes d’importants collectionneurs tel que le marquis de Marigny. Plusieurs de ses gouaches gravées par Nicolas Ponce[5], tel Annette et Lubin connurent un grand succès. La vente de son atelier a lieu en [2].
Son fils, François-Jean Baudouin (1759-1835) devient, en dépit de sa généalogie et de l'abhorration du libertinage après 1789, l'imprimeur officiel des assemblées révolutionnaires à partir de 1790, car il fut élevé après la mort de son père par l'imprimeur Michel Lambert qui était son oncle paternel[7].
Une première tentative de catalogue raisonné de l'œuvre a été publiée en 1875 par Emmanuel Bochet (1835-1919) et encore, de façon indirecte, c'est-à-dire par les gravures tirées de ses gouaches et dessins[8]. L'ensemble se compose principalement de gouache sur papier, de dessin à la plume et sanguine, de miniatures sur ivoire ou bois, de pastels, et de très rares huiles sur toile. Fréquemment reproduites en gravure du vivant de l'artiste et à titre posthume, certaines œuvres originales ne sont connues que par la seule mention faite au Salon, et également par la gravure même.
Curieusement, Portalis et Beraldi signalent Baudouin comme auteur, à ses débuts, d'une seule gravure : il s'agit d'une eau-forte ornant le livret de La Princesse de Navarre, comédie-ballet créée à Versailles le . Aussi, ne faut-il pas le confondre avec le colonel et graveur Simon René de Baudouin[9].
« Les quatre heures du jour » (série de 4 gouaches, 25,9 × 20 cm, 1753)
Le Repos pendant la fuite en Égypte, gouache de 1761.
Loth et ses filles endormies, gouache de 1761.
Phryné accusée d’impiété devant les aréopagites, gouache, Salon de 1763, 46,4 × 38,2 cm, Paris, musée du Louvre[12]
Le Curieux, 1763-1769, gouache, collection particulière[13]
Le Cueilleur de cerises (vers 1764-65), peinture sur toile, 91,1 × 71,8 cm, Canada, collection privée (ancienne collection Cailleux, première série d'amours champêtres ?)[14].
Le Catéchisme, gouache de 1765, États-Unis, collection privée.
↑Emmanuel Bocher, Les gravures françaises ou catalogue raisonné des estampes, eaux-fortes, pièces en couleur, au bistre et au lavis, de 1700 à 1800. Deuxième fascicule : Pierre-Antoine Baudouin, Paris, La Librairie des bibliophiles, 1875.
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« Pierre-Antoine Baudouin » par Charles Blanc, In: Histoire des peintres de toutes les écoles. L'École française II, volume VII, Paris, Vve Jules Renouard, 1868 — sur Gallica.
Emmanuel Bochet, Les gravures françaises du XVIIIe siècle : ou, Catalogue raisonné des estampes, vignettes, eaux-fortes, pièces en couleur au bistre et au lavis, de 1700 à 1800, Paris, Jouaust-La Librairie des bibliophiles, 1875 [réédition], Deuxième fascicule — « Pierre-Antoine Baudouin » — lire sur archive.org.