où est la valuation de en c'est-à-dire l'ordre de si est un zéro et l'opposé de l'ordre de si c'est un pôle et est l'indice du point par rapport au lacet.
Le principe de l'argument permet de compter le nombre de tours que fait l'image de par autour de l'origine. C'est sur cette notion que se base notamment la démonstration du théorème de Rouché.
Considérons en effet le terme , et posons
, où l'on peut supposer que est fonction du paramètre
t, variant entre 0 et 1. Par définition de l'intégrale curviligne,
.
Mais cette expression définit justement l'indice de 0 par rapport au chemin , qui s'interprète comme le nombre de « tours » effectués par le point autour de 0, lorsque t varie entre 0 et 1, ou ce qui revient au même, lorsque est « revenu » à son point de départ.
Ainsi, E représente le nombre (algébrique) de tours effectués autour de l'origine par f(z), lorsque z se meut sur le chemin , jusqu'à être revenu à son point d'origine.
Soit la fonction ayant deux zéros simples en (la valuation de ces deux points est +1) et définie par :
.
Considérons le lacet le plus simple : le cercle centré à l'origine et de rayon , il y a deux cas à considérer :
tout d'abord, si , alors l'indice des deux zéros est nul et l'image du lacet par ne tourne pas autour de l'origine ;
l'autre cas est : , alors l'indice des deux zéros est égal à 1 et l'image du lacet par tourne deux fois autour de l'origine en effet :
.
Considérons à présent la fonction ayant un pôle triple à l'origine et un zéro simple en (les valuations de ces deux points sont respectivement et ) et définie par :
.
En considérant comme ci-dessus le cercle , nous avons à nouveau deux cas à considérer :
si , alors l'indice du zéro simple est nul, et il ne reste que le pôle triple à considérer, l'image du lacet par la fonction tourne trois fois (trois fois dans le sens anti-trigonométrique) autour de l'origine ;
si , on doit considérer le zéro et le pôle et donc l'image du lacet par la fonction tourne deux fois autour de l'origine.
Ces deux cas sont illustrés par les figures 1 et 2 ci-contre.
Des ouvrages d'automatique utilisent assez fréquemment ce principe comme base théorique pour le critère de stabilité de Nyquist. La thèse originale de 1932 de Harry Nyquist[3] fait usage d'une approche plutôt maladroite et primitive pour développer le critère de stabilité. Dans sa thèse, H. Nyquist ne mentionnait pas le principe de l'argument. Par la suite, Leroy MacColl[4] et Hendrik Bode[5] sont partis du principe de l'argument pour déterminer le critère de stabilité, approche qui est utilisée actuellement dans bon nombre d'ouvrages d'analyse complexe ou d'automatique.