Le Pseudo-Démocrite est l'auteur d'un certain nombre de textes sur les vertus magiques des plantes et des pierres, les sympathies et l'alchimie, attribués au philosophe atomisteDémocrite d'Abdère (-460/-370), à partir du Ier siècle av. J.-C. de notre ère[1]. Il est souvent identifié à Bolos de Mendès ou Bolos le démocritéen qui aurait vécu entre -250 et -115[1].
Sénèque attribue à Démocrite des réussites alchimiques ou simplement métallurgiques :
« Mais, voyons, vous oubliez que ce même Démocrite a inventé le moyen d’amollir l’ivoire, le moyen de convertir par la cuisson le caillou en émeraude, comme, de nos jours encore, on colore par le recuit toute pierre reconnue utilisable pour ce genre de travail. J’admets qu'un sage a trouvé ces secrets[2]. »
On dispose dans la Collection des alchimistes grecs de fragments d'un texte de recettes intitulé Physica et mystica (en grec φυσικὰ καὶ μυστικά (physica kai mystica)), attribué à Démocrite et commenté à la fin du IVe siècle av. J.-C. par un pseudo-Synésios, et qui se serait composé de « quatre livres sur les teintures : De l'or, De l'argent, Des pierres et du Porphyre»[1].
Rapport entre le pseudo-Démocrite et Bolos de Mendès
« Les rapports entre Bolos et les Physica et Mystica ne sont pas universellement admis : Lagencrantz [3], Diels[4], Wellman[5], Festugière[6], Lindsay[7], affirment une influence lointaine de Bolos ; le rapport entre les deux œuvres est complètement nié par Hammer-Jensen[8], Kroll [9], Preisendanz[10].»[11]. Les études plus récentes ont conduit à rejeter cette hypothèse[12]
Il est très similaires aux recettes des papyrus de Leyde et de Stockholm, avec lesquels ils constituent les premiers textes de nature alchimique connus.
Le pseudo-Démocrite déclare détenir son savoir d'Ostanès le Mage. Il relate ainsi sa découverte de textes contenant la sagesse ancestrale (topos qui donnera le mythe de la Table d'émeraude hermétique)[13] :
« Alors que nous nous trouvions dans le temple, une petite colonne se brisa par hasard, dont nous constatâmes que l'intérieur était vide. Pourtant Ostanès affirma qu'en elle se trouvaient, précieusement conservés, les livres ancestraux, et il la fit voir en grande pompe à tout le monde. En nous penchant pour regarder à l'intérieur, nous eûmes la surprise de voir que nous avions laissé échapper quelque chose, car nous y découvrîmes ce mot si utile [attribué à Ostanès] : La nature se plaît dans la nature, la nature triomphe de la nature, la nature domine la nature. »
Cette maxime revient en leitmotiv à la fin des recettes.
↑Hermann Diels, Antike Technik, Teubner, 1914, pp. 127-128, 138
↑Max Wellman, Die Φυσιϰά des Bolos Demokritos und der Magier Anaxilaos aus Larissa, Abhandlungen der preussischen Akademie der Wissenschaften, Phil.hist. Klasse, (Berlin, 1928), pp. 68, 69, 75
↑Jack Lindsay, The Origin of Alchemy in Graeco-Roman Egypt, Trinity Press, Londres, 1970, [passage promotionnel] 100-108
↑Ingeborg Hammer-Jensen, art. Demokritos (Suppl.), dans RE, Supplt Bd IV (1924),col. 219-223
↑Wilhelm Kroll, "Bolos und Demokritos", Hermes, 69 (1934) p. 230-231
↑ K. Preisendanz, art. Ostanes, dans RE, XVIII, 2 (1942), col. 1629
↑Robert Halleux, Le problème des métaux dans la science antique, Presses Universitaires de Liège], 1973, p. 37
↑J. P. Hershbell, "Democritus and the Beginnings of Greek Alchemy", Ambix, 34 (1987), p. 5-20[1] - Matteo Martelli, Pseudo-Democrito. Scritti alchemici con il commentario di Sinesio, Textes et travaux de Chrysopoeia 12, Paris - Milano, S.E.H.A - Archè, 2011 : « Martelli démolit aussi bien l’identification précédemment soutenue, entre pseudo-Démocrite et l’Égyptien Bolos de Mendès qu’entre Synésius et son homonyme, le philosophe néoplatonicien et évêque de Cyrène. » revue par Cristina Viano ; «Martelli ([passage promotionnel]99-114) also disposes of the earlier , frequently repeated in the literature, that the Physika kai mystica was written by one Bolos of Mende, a Greco-Egyptian author of the third and second centuries BC » Lawrence M. Principe, The Secrets of Alchemy, University of Chicago Press, , p. 215
Max Wellmann, "Die Φυσικά des Bolos Demokritos und der Magier Anaxilaos aus Larissa", Abhandlungen…, 1928 (7).
W. Kroll, "Bolos und Demokritos", Hermes, 69 (1934), p. 228-232.
André-Jean Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. 1 (1944), Paris, Les Belles Lettres, rééd. 1981, p. 197-200 (sur Bolos de Mendès), 222-238 (sur les Phusika kai mustika).
Jack Lindsay, The Origin of Alchemy in Graeco-Roman Egypt, Trinity Press, Londres, 1970, p. 90-110.
(de) "Bolos von Mendes", dans Lexikon der antiker Autoren (1972), notice de P. Kroh.
R. Laurenti, « La questione Bolo Democrito », L'atomo fra scienza e letteratura, Gênes, 1985.
J. P. Hershbell, "Democritus and the Beginnings of Greek Alchemy", Ambix, 34 (1987), p. 5-20[3].
Peter Kingsley, 'From Pythagoras to the Turba philosophorum: Egypt and Pythagorean Tradition', Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, volume 57 (London, 1994), p. 1–13 (en faveur de l'identification Bolos/Pseudo-Démocrite).
Jean Salem, Démocrite : grains de poussière dans un rayon de soleil, Vrin, , « Traditions alchimiques : le pseudo-Démocrite », p. 360-370.
Robert Halleux (coordination éditoriale Henri-Dominique Saffrey), Les Alchimistes grecs, t. 1 : Papyrus de Leyde - Papyrus de Stockholm - Recettes, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France / Série grecque » (no 281), (1re éd. 1981), 303 p., p. 62-69.
M. W. Dickie, « The Learned Magician and the Collection and Transmission of Magical Lore », in: D. R. Jordan, H. Montgomery, and E. Thomassen (eds.), The World of Ancient Magic (Bergen 1999).
Marek Węcowski, . "Pseudo-Democritus, or Bolos of Mendes." Brill's New Jacoby . Ian Worthington (ed;) Brill, 2011 [4].
Matteo Martelli et T. Dorandi, Pseudo-Democrito. Scritti alchemici con il commentario di Sinesio, Textes et travaux de Chrysopoeia 12, Paris - Milano, S.E.H.A - Archè, 2011, pp. 180-205 (en défaveur de l'identification Bolos/Pseudo-Démocrite).
Matteo Martelli, The Four Books of Pseudo-Democritus, Maney Publishing, 2014 (en défaveur de l'identification Bolos/Pseudo-Démocrite pp. 36-48).