Ce groupe de bactéries a d'abord été appelé «Bactéries pourpres et proches» par Carl Woese en [3]. Ensuite Proteobacteria a été proposé comme une classe par Stackebrandt et al. en afin de les y regrouper[4]. En , les protéobactéries sont élevées au niveau de phylum pour toutes les bactéries dont la séquence ARNr 16S est proche de celles de l'ordre des Pseudomonadales, ordre type de ce phylum[5].
Le terme protéobactéries provient du dieu grec Protée, une divinité marine qui avait la capacité de se métamorphoser, en référence à la grande variété de formes au sein de ce groupe. Il n'a pas été nommé ainsi du fait de l'existence d'un genre bactérien nommé Proteus appartenant aux Protéobactéries[4],[6]. Il a récemment été renommé Pseudomonadota par l'ICSP () [7].
Le groupe des Proteobacteria a d'abord été défini sur la base des séquences de l'ARN ribosomique (ARNr). Ensuite il a été élevé en tant que phylum avec cinq classes à la sortie de Bergeys de 2005. Les classes étant Alphaproteobacteria, Bbetaproteobacteria, Gammaproteobacteria, Deltaproteobacteria et Espilonproteobacteria. Chacune d'entre elles est monophylétique[8],[9],[10].
En , Emerson et al. proposent l'ajout de la classe Candidatus ZetaProteobacteria[11] mais sa publication est jugée invalide[12],[13].
La plupart des protéobactéries sont mobiles grâce à un flagelle, mais d'autres peuvent être immobiles ou se déplacer par glissement. Ces derniers sont les Myxobacteria, un groupe unique de bactéries capables de s'agréger formant des corps fructifiants multicellulaires ; elles présentent aussi une grande variété de métabolismes. La plupart sont anaérobies strictes ou facultatives et hétérotrophes, comme les animaux, mais les exceptions sont nombreuses. Certaines protéobactéries, les bactéries pourpres, sont autotrophes et photosynthétiques. Les protéobactéries sont à Gram négatif, c’est-à-dire qu'elles possèdent une membrane externe composée de lipopolysaccharides (LPS) mais pauvre en peptidoglycane.
Certaines Alphaproteobacteria peuvent croître sur de très faibles niveaux de nutriments et ont des morphologies très particulières, comme des tiges ou des bourgeons, ou forment des filaments avec des pédoncules. On compte également des bactéries importantes au niveau de l'agriculture avec des bactéries capables de fixer l'azote en symbiose avec les plantes. L'ordre type est celui des Caulobacterales, comprenant des bactéries filamenteuses gainées capables de former un pédoncule telles que Caulobacter. Selon la théorie endosymbiotique, les mitochondries présentes dans les eukaryotes, et qui leur permettent de « gérer » l'énergie grâce à l'ATP, proviennent de protéobactéries incorporées au sein d'archéobactéries par endosymbiose. Selon certains, la mitochondrie serait un descendant d'une alphaproteobactérie[18].
Les Gammaproteobacteria représentent la plus grande classe en nombre d'espèces publiées de manière valide. L'ordre type est les Pseudomonadales, c'est-à-dire l'ordre type des Protéobactéries, qui inclut le genre Pseudomonas et les bactéries fixatrices d'azote Azotobacter[5].
Les Hydrogenophilalia sont des thermophiles strictes et incluent des hétérotrophes et des autotrophes. L'ordre type est les Hydrogenophilales.
La classe des Acidithiobacillia contient seulement des autotrophes oxydant le soufre, le fer, et l'uranium. L'ordre type est les Acidithiobacillales, qui inclut des organismes importants économiquement utilisés dans l'industrie de la mine tels que les différentes espèces d'Acidithiobacillus.
Le processus de transformation, par lequel du matériel génétique peut être transféré d'une bactérie à une autre[19], a été identifié dans plus de 30 espèces de Pseudomonadota parmi les classes alpha, beta, et gamma[20]. Parmi les espèces les plus étudiées sur ce phénomène chez les Pseudomonadota pour la transformation de matériel génétique naturellement sont les pathogènes humains Neisseria gonorrhoeae (classe beta), etHaemophilus influenzae (classe gamma)[21]. La transformation de matériel génétique naturel est une forme de processus sexuel impliquant le transfert d'ADN d'une bactérie à une autre par l'intégration de séquences génomiques du donneur dans le génome du receveur. Chez les Pseudomonadota pathogènes, la transformation apparaît comme un mécanisme de réparation de l'ADN, processus permettant de protéger l'ADN du pathogène des dégradations subies par la production de dérivés réactifs de l'oxygène des défenses phagocytaires de l'hôte[21].
Les Pseudomonadota sont aussi fréquemment associées au déséquilibre du microbiote du tractus génital inférieur féminin. Plusieurs espèces de Pseudomonadota sont associées à l'inflammation de ce tractus[22].
L'analyse de la séquence du gène codant l'acide ribonucléique ribosomique 16S permet de diviser les protéobactéries en 5 classes, allant de α à ε[5] auxquelles s'est ajoutée une sixième classe en 2007 avec ζ.
Dans la classification controversée de Cavalier-Smith, les Proteobacteria sont subdivisées en trois sous-phyla, eux-mêmes subdivisés en de nouvelles classes[23].
↑A. Oren et G.M. Garrity, « Valid publication of the names of forty-two phyla of prokaryotes », International Journal of Systematic and Evolutionnary Microbiology, vol. 71, no 10, , p. 5056 (PMID34694987, DOI10.1099/ijsem.0.005056, lire en ligne)
↑(en) P. Yarza, W. Ludwig, J. Euzéby, R. Amann, K.H. Schleifer, F.O. Glöckner et R. Rosselló-Móra, « Update of the All-Species Living Tree Project based on 16S and 23S rRNA sequence analyses », Systematic and Applied Microbiology, vol. 33, no 6, , p. 291–299 (PMID20817437, DOI10.1016/j.syapm.2010.08.001)
↑(en) Aharon Oren, George M Garrity, harles T Parker, Maria Chuvochina et Martha E Trujillo, « Candidatus list no. 1. Lists of names of prokaryotic Candidatus taxa. », International Journal of Systemtic and Evolutionary Microbiology, vol. 70, no 7, , p. 3956-4042 (DOI10.1099/ijsem.0.003789)
↑ a et b(en) K.P. Williams et D.P. Kelly, « Proposal for a new class within the phylum Proteobacteria, Acidithiobacillia classis nov., with the type order Acidithiobacillales, and emended description of the class Gammaproteobacteria », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 63, no 8, , p. 2901–2906 (PMID23334881, DOI10.1099/ijs.0.049270-0, S2CID39777860, lire en ligne)
↑(en) K.P. Williams, J.J. Gillespie, B.W.S. Sobral, E.K. Nordberg et E. E. Snyder, « Phylogeny of Gammaproteobacteria », Journal of Bacteriology, vol. 192, no 9, , p. 2305–2314 (PMID20207755, PMCID2863478, DOI10.1128/JB.01480-09)
↑ a et b(en) R. Boden, L.P. Hutt et A.W. Rae, « Reclassification of Thiobacillus aquaesulis (Wood & Kelly, 1995) as Annwoodia aquaesulis gen. nov., comb. nov., transfer of Thiobacillus (Beijerinck, 1904) from the Hydrogenophilales to the Nitrosomonadales, proposal of Hydrogenophilalia class. nov. within the "Proteobacteria", and four new families within the orders Nitrosomonadales and Rhodocyclales », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 67, no 5, , p. 1191–1205 (PMID28581923, DOI10.1099/ijsem.0.001927, hdl10026.1/8740)
↑(en) Roger, A.J., Muñoz-Gómez, S.A. et Kamikawa, R., « The origin and diversification of mitochondria », Current Biology, vol. 27, no 21, , R1177–R1192 (PMID29112874, DOI10.1016/j.cub.2017.09.015)
↑C. Johnston, B Martin, G Fichant, P Polard et JP Claverys, « Bacterial transformation: Distribution, shared mechanisms and divergent control », Nat. Rev. Microbiol., vol. 12, no 3, , p. 181–196 (PMID24509783, DOI10.1038/nrmicro3199, S2CID23559881)
↑O Johnsborg, V Eldholm et LS Håvarstein, « Natural genetic transformation: Prevalence, mechanisms and function », Res. Microbiol., vol. 158, no 10, , p. 767–778 (PMID17997281, DOI10.1016/j.resmic.2007.09.004)
↑ a et bRE Michod, H Bernstein et AM Nedelcu, « Adaptive value of sex in microbial pathogens », Infect. Genet. Evol., vol. 8, no 3, , p. 267–285 (PMID18295550, DOI10.1016/j.meegid.2008.01.002)
↑John Bennett, Raphael Dolin et Martin J. Blaser, Mandell, Douglas, and Bennett's Principles and Practice of Infectious Diseases, Philadelphia, PA, Elsevier/Saunders, (ISBN978-145574801-3)
↑ a et b(en) Thomas Cavalier-Smith et Ema E-Yung Chao, « Multidomain ribosomal protein trees and the planctobacterial origin of neomura (eukaryotes, archaebacteria) », Protoplasma, vol. 257, no 3, , p. 621-753 (PMID31900730, PMCIDPMC7203096, DOI10.1007/s00709-019-01442-7)
(en) David Emerson, Jeremy A. Rentz, Timothy G. Lilburn, Richard E. Davis, Henry Aldrich, Clara Chan & Craig L. Moyer, « A Novel Lineage of Proteobacteria Involved in Formation of Marine Fe-Oxidizing Microbial Mat Communities », PLoS ONE, vol. 2, no 8, 2007 [lire en ligne].
(en) E. Stackebrandt, R. G. E. Murray et H. G. Trüper, « Proteobacteria classis nov. a Name for the Phylogenetic Taxon That Includes the “Purple Bacteria and Their Relatives" », International Journal of Systematic Bacteriology, vol. 38, no 3, , p. 321-325
(en) Don J. Brenner, Noel R. Krieg, James T. Staley, George M. Garrity, David R. Boone, Paul De Vos, Michael Goodfellow, Fred A. Rainey et Karl-Heinz Schleifer, Bergey's Manual of Systematic Bacteriology, vol. 2 The Proteobacteria : Part A Introductory Essays, Boston, Springer, , 304 p. (ISBN978-0387-24143-2).
(en) Don J. Brenner, Noel R. Krieg, James T. Staley, George M. Garrity, David R. Boone, Paul De Vos, Michael Goodfellow, Fred A. Rainey et Karl-Heinz Schleifer, Bergey's Manual of Systematic Bacteriology, vol. 2 The Proteobacteria : Part B The Gammaproteobacteria, Boston, Springer, , 1106 p. (ISBN978-0-387-24144-9).