La psychiatrie transculturelle est une branche de la psychiatrie qui vise à rendre compte de l'hétérogénéité culturelle dans laquelle cette discipline se développe, et de la nécessité d'articuler les savoirs académiques et les savoirs locaux, pour parvenir à des diagnostics et à des soins pertinents, lorsqu'on est dans une situation transculturelle. Cette discipline doit donc s'adosser à d'autres, comme l'anthropologie et la sociologie. Prendre en compte des langues, traditions et manières de penser différentes permet d'éviter les erreurs de diagnostic[1].
Depuis le XIXe siècle, la psychiatrie a été concernée par la rencontre avec des patients issus de cultures non-occidentales. Différents termes ont été utilisés par les chercheurs qui se sont intéressés à ces questions, tandis que les concepts se modifiaient.
En 1904, Emil Kraepelin effectue un voyage d'étude à Java afin d'y tester la valeur universelle de sa classification. Il y identifie un certain nombre de troubles spécifiques à cette région comme l'amok et le latah pour lesquels il trouve des correspondances avec les entités diagnostiques qu'il a défini préalablement. Ce voyage marque la naissance de la « psychiatrie comparée »[2]. Ainsi, pour Kraepelin, même s'il existe à Java des tableaux cliniques d'allure exotique, ceux-ci sont réintégrés dans sa nosologie.