Poutine doit partir (en russe : Путин должен уйти, Poutine doljen ouïti) est un site web et une campagne publique pour une pétition demandant la démission de Vladimir Poutine, alors premier ministre de la Russie. La campagne a été lancée sur Internet le par des militants de l'opposition et plusieurs intellectuels russes[2].
Le texte du manifeste, adressé aux citoyens russes, contient une critique virulente de la politique de Vladimir Poutine. Il y est écrit entre autres : « Aucune réforme de fond n’est possible tant que Poutine conserve le pouvoir réel dans le pays », clame le texte de la pétition qui énumère ses échecs sur « la réforme des retraites, de l’administration, de l’armée, des services spéciaux, du système judiciaire et des forces de l’ordre, du système de santé »[3],[4].
Le ou les auteurs du texte ne sont pas mentionnés lors de la publication. Il ressort des déclarations faites ultérieurement qu'il aurait été rédigé par un groupe de personnes, autour de Garry Kasparov[5]. Celui-ci le confirme dans le Iejednevny Journal, où la pétition a été publiée le 10 mars, en avril 2010[6]. Cependant le dans une interview à la radio proaméricaine Radio Liberty, le politologue Andrei Piontkovski revendique être l'auteur du manifeste[7].
Le , la pétition parait dans le magazine en ligne Iejednevny Journal[17],[18]. Le même jour, ce site a été attaqué par des pirates informatiques[19]. Plus tard pendant la journée, la collecte de signatures a été transférée au site web spécialement créé pour l’occasion, PutinaVotstavku.ru[20],[21].
Au cours de la première journée, aucune confirmation des courriels était demandée par les sites Iejednevny Journal et PutinaVotstavku.ru. Alors des plaisantins en ont profité pour laisser un grand nombre de fausses signatures telles que : « Obama, Medvedev, Poutine, etc. ». Le , les faux signataires ont été supprimés et le processus d'ajout de signatures a été supervisé par un modérateur. Le , les organisateurs ont affirmé que le nombre de signatures aurait pu être plus grand si le site n'avait pas été attaqué[22].
Selon les organisateurs de la pétition, le rythme des signatures est particulièrement élevé dans les premiers jours, et aurait atteint 2500 le 12 mars « le record absolu de la campagne »[23]. Les chiffres donnés par les communiqués déposés sur le site sont ensuite les suivants :
Nombre de signatures revendiqué par les organisateurs
Le , le magazine russe The New Times publia une analyse statistique des signataires en fonction de leurs lieux de résidence et professions, concluant que la pétition avait été signée, par la plupart, par la classe moyenne[30].
Le 22 mars, le magazine publia une deuxième analyse, sur une plus grande base de signatures (7 500) où il était mentionné le fait que les signatures provenaient de toutes les régions. Les exceptions étaient les républiques ethniques, en particulier dans le Caucase du Nord. Les plus actives étaient Moscou (28,8 %) et Saint-Pétersbourg (11,3 %). Un nombre relativement important de signatures avait été fourni par des résidents de la Sibérie et l'Oural, où se concentraient des industries frappées par la récession. La diaspora russe avait donné 11 %. Quant aux professions des signataires, le segment le plus important était les cols blancs (21 %) et la plupart des signataires étaient les hommes (83 %)[31].
Deux mois plus tard, le magazine publia une troisième analyse, basée elle sur les 35 018 signatures recueillies sur le site depuis la seconde analyse. La proportion de femmes avait augmenté de 17 % à 21 % et la proportion de cols bleus, de 15 % à 23 %. Parmi les régions, Moscou (et sa région) ainsi que Saint-Pétersbourg (avec la région de Leningrad) continuaient d'occuper des positions prépondérantes, leur part représentant à peu près la moitié (45 %) du nombre total des signatures. Toutefois, c'est dans le district de la Volga que la croissance avait été la plus rapide, avec une multiplication par 6,9 du nombre des signatures[32].
Outre la communication des initiateurs de la pétition sur le site internet PutinaVotstavku.ru, et les pages qu'ils annoncent avoir créées dans les réseaux sociaux[27],[26], des manifestations publiques sont organisées. Le Front civique unifié indique ainsi qu'il a commencé à tenir des piquets à Moscou pour diffuser la pétition et recueillir des signatures dès le 17 mars[33].
Le , des signatures sont recueillies sur papier lors d'actions de protestation dite « la Journée de la colère »[34] où des dizaines de milliers de russes bravent les interdictions de manifester et réclament la démission de Poutine en raison de la hausse du chômage, des prix de l‘électricité et des transports, et aussi pour demander la suppression d'une taxe sur les automobiles[35],[36],[37].
L’écrivain Nikolai Starikov(en) a lancé une contre-campagne « Poutine doit rester ». Il a publié son propre manifeste disant que tout le monde doit avoir le choix de voter pour Vladimir Poutine. Le site de Starikov a rassemblé 6 616 signatures en cinq jours, puis il a cessé de fonctionner, selon Nikolai Starikov, à cause des pirates informatiques[38],[39].
Le , Boris Nemtsov et Vladimir Milov présentent leur rapport « Poutine-Résultats-10 ans », qu'ils publient à un million de copies. Sur la dernière page, ils fournissent des informations sur la campagne « Poutine doit partir ». Le même jour, la distribution du rapport commence à Moscou, puis à Saint-Pétersbourg[40],[41].
Le jour suivant le site web du rapport « www.putin-itogi.ru », ainsi que les sites web personnels de Boris Nemtsov et Vladimir Milov sont attaqués par des pirates informatiques[42].
Le , la distribution du rapport à Saint-Pétersbourg donne lieu à la saisie d'exemplaires du rapport, dont une partie est finalement retournée aux militants un camion avec 100 000 copies du rapport[43],[44]. Le , cinq militants du FCU sont arrêtés à Saint-Pétersbourg, alors qu'ils tentaient de distribuer le rapport aux participants du Forum international économique de Saint-Pétersbourg[45].
Le FCU tient des piquets « Poutine doit partir » à Moscou le 8 et [46],[47]. Durant le piquet du , les militants distribuent à la fois le texte de la pétition « Poutine doit partir » et le rapport « Poutine- Résultats-10 ans ». Selon le chef du FCU à Moscou, Lolita Tsaria, les policiers ont tenté d'entraver la distribution de ces documents[48].
Le centre analytique Levada a effectué plusieurs enquêtes, entre et , sur la notoriété du rapport : 12 % des personnes interrogées en connaissaient l'existence ou en avaient entendu parler en , 22 % en , 34 % en , puis 17 % en [49],[50].
Début , un Comité des cinq exigences ((ru) Комитет пяти требований) est créé par le FCU, Soldarnost et d'autres groupes d'opposition. Sa première revendication est la démission de Vladimir Poutine[51].
En , les membres du comité présentent une demande au bureau de maire de Moscou pour la tenue d'un rassemblement pour la démission de Poutine. Leur demande fut acceptée[52],[53]. Le rassemblement, qui a eu lieu le sur la place Pouchkine, réunit mille personnes. Parmi les orateurs figurent le chef du FCU, Garry Kasparov, le coordonnateur du Front de gauche Sergei Udaltsov, le chef du mouvement « Pour les droits de l'homme », Lev Ponomarev[54].
Le 18 et , des militants de Solidarnost et du Comité des cinq exigences ont tenu une série de piquets en face de la Maison Blanche à Moscou. Le premier était tenu par un des leaders de SolidarnostIlya Yachine, mais ce dernier fut arrêté par des agents du Service fédéral de sécurité, et déclara ensuite avoir été mis à terre et menotté par les miliciens[55]. Ilya Yachine a été condamné à une amende de 1 000 roubles au motif « d'avoir tenu un langage grossier dans un lieu public ». Les autres piquets se sont déroulés sans incidents[56],[57].
Le , sur la place Pouchkine à Moscou[58], deuxième manifestation appelant à la démission de Vladimir Poutine sous la devise « Je suis pour une Russie sans Poutine » qui réunit environ 2 000 personnes. Parmi les orateurs se trouvaient Boris Nemtsov, Garry Kasparov, Ilya Yachine, Andrei Piontkovski, Vladimir Ryjkov, Sergei Udaltsov et Yevgenia Chirikova[59],[58]. La police empêche la foule de pénétrer dans la mairie et arrête Sergei Udaltsov. Sergei Udaltsov est condamné à 15 jours d'arrêt pour « hooliganisme et la désobéissance envers des agents de police »[60].
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