Le rapport a été publié pour la première fois en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq, de renommée mondiale et le futur lauréat Nobel indien Amartya Sen[2]. Son but était de placer les individus au centre du processus de développement en termes de débat, de politique et de plaidoyer économiques. Le développement était caractérisé par un ensemble de choix et de libertés.
« Les individus sont la véritable richesse d’une nation » écrivait Haq en introduction du premier rapport en 1990[3]. « L’objectif fondamental du développement est de créer un environnement permettant aux individus de bénéficier d’une vie longue, en bonne santé et créative. Ceci pourrait apparaître comme une vérité fondamentale. Mais on l’oublie trop souvent pour ne s’occuper, dans l’immédiat, que d’accumuler les biens et la richesse financière. »
L'assemblée générale des Nations unies a formellement reconnu le rapport comme « un exercice intellectuel indépendant » et « un outil important pour faire progresser la connaissance du développement humain à travers le monde ».
Le Rapport sur le développement humain est un rapport indépendant, commandité par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et il est le fruit du travail d’une équipe soigneusement choisie de savants reconnus, de praticiens du développement et de membres du Bureau du rapport sur le développement humain du PNUD. Il est rédigé en toute indépendance de l’Administrateur du PNUD, comme suggéré par Ul Haq[4]. Il est traduit dans 10 langues et publié dans plus de 100 pays chaque année[2].
Depuis 1990, plus de 140 pays ont publié quelque 600 Rapports sur le développement humain nationaux, avec le soutien du PNUD[5]. Le PNUD a également soutenu de nombreux rapports régionaux, comme le Rapport sur le développement humain arabe en 10 volumes, qui a apporté des contributions internationalement reconnues au dialogue mondial sur la démocratie, les droits des femmes, les inégalités, l’éradication de la pauvreté et d’autres questions importantes[6],[7].
L’étude des tendances de développement humain du rapport 2010 montre que la plupart des pays en développement ont fait des progrès énormes bien que souvent sous-estimés dans les domaines de la santé, de l’instruction et de niveau de vie depuis 1970, beaucoup des pays les plus pauvres ayant réalisé les plus grands progrès[8].
Le Rapport 2010 indique que le Sultanat d'Oman est, parmi les 135 pays évalués, le pays qui a fait les plus grands progrès durant les 40 dernières années (ce rapport s’attachant à étudier les progrès sur la période 1970–2010). Les pas de géant d’Oman dans l’instruction, la responsabilisation des femmes et la santé sous le patronage de l’actuel Sultan d'Oman l’ont ainsi amené à occuper la première place.
Le Rapport sur le développement humain 2009, Barrières surmontées, a été axé sur les migrations – à la fois à l’intérieur des frontières et entre pays. Cette question a été choisie parce qu’elle est saillante dans les débats nationaux et internationaux. Le rapport part du constat que la répartition mondiale des aptitudes est extraordinairement inégale, et que ceci est une cause majeure de déplacement de populations[10].
Le Rapport sur le développement humain 2010 — La véritable richesse des nations : Chemins vers le développement humain — a montré, grâce à une nouvelle analyse détaillée des tendances à long terme d’évolution de l’indice de développement humain (IDH) que la plupart des pays en développement ont fait des progrès énormes – bien que souvent sous-estimés – dans la santé, l’instruction et le niveau de vie, beaucoup des pays les plus pauvres ayant réalisé les plus grandes avancées.
Cependant, le rapport 2010 a également montré que ces progrès ont été extrêmement variables d’un pays à l’autre, certains ayant même reculé depuis 1970. En introduisant trois nouveaux indices, la 20e édition du rapport s’est fait l’écho de grandes disparités au sein de et entre les pays, ainsi que de grandes disparités entre hommes et femmes pour des indicateurs de développement nombreux et variés, et la prévalence d’une extrême pauvreté multidimensionnelle en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne[8]. Ce rapport comporte également un changement de méthodologie pour le calcul des indices, par l’usage de meilleures méthodes statistiques et de nouveaux paramètres d’évaluation de la croissance et du développement.
Dès le premier Rapport sur le développement humain a été introduit cet indicateur novateur qu’est l’IDH[3]. En analysant l’évolution d’indicateurs de développement sur plusieurs des décennies précédentes, il concluait déjà que « il n’existe aucun lien automatique entre croissance économique et progrès humain ».
L’étude rigoureuse des tendances à plus long terme faite par le rapport 2010 — revenant sur l’évolution des indicateurs de type IDH pour la plupart des pays depuis 1970 — montre qu’il n’existe aucune corrélation cohérente entre performance économique nationale et résultats dans les domaines de la santé et de l’instruction, que l’IDH met en avant[8].
Globalement, comme le montre l’analyse du rapport sur tous les pays pour lesquels des données de développement humain complètes sont disponibles sur les 40 dernières années, l’espérance de vie a augmenté de 59 ans en 1970 à 70 ans en 2010 ; l’inscription à l’école est passé d’à peine 55 % à 70 % pour les enfants en âge d’aller à l’école primaire ou secondaire ; et le PNB par habitant a doublé pour dépasser 10 000 dollarsUS. Des individus de tous les continents ont, à des degrés divers, profité de ces progrès. Par exemple, l’espérance de vie a augmenté de 18 ans dans les États arabes entre 1970 et 2010, et de 8 ans en Afrique subsaharienne. Les 135 pays étudiés couvrent 92 % de la population mondiale.
Par son classification intitulé « Top 10 Movers », dix pays ont été particulièrement mis en avant dans le rapport 2010, listant ceux des 135 pays qui avaient vu leur IDH progresser le plus fortement durant ces 40 dernières années. Le premier d’entre eux était Oman, qui a investi dans l’instruction et la santé publique les gains qu’il avait accumulés durant plusieurs décennies grâce à son secteur énergétique.
Les neuf autres pays du classement Top 10 Movers sont la Chine, le Népal, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, le Laos, la Tunisie, la Corée du sud, l’Algérie et le Maroc. De manière assez remarquable, la Chine a été le seul pays à ne rejoindre cette liste que du fait de sa performance en matière de revenus, les principaux critères en matière de réussite de développement humain étant la santé et l’instruction. Parmi les 10 pays suivants dans le classement (classés 11e à 20e), on trouve plusieurs pays à faible revenus mais fort progrès de développement humain, que, note le rapport, « on ne décrit pas habituellement comme des pays ayant réussi », comme l’Éthiopie (11e), le Cambodge (15e) ou le Bénin (18e) — tous ayant fait d’énormes progrès en matière d’instruction et de santé publique.
Le Rapport sur le développement humain 2010 a entretenu la tradition des indicateurs novateurs entamée avec l’IDH, en introduisant de nouveaux indices mettant en évidence des facteurs cruciaux de développement que l’IDH ne mettait pas directement en valeur[8] :
L’indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI) : le rapport 2010 a étudié les données de développement humain à travers l’angle des inégalités, ajustant la valeur de l’indice de développement humain en fonction des disparités de revenus, de santé et d’instruction.
L’indice d’inégalité selon le genre (IIG) : le rapport 2010 a introduit un nouvel indicateur des inégalités entre hommes et femmes, prenant en compte les taux de mortalité des femmes en couches et la représentation féminine dans les parlements. L’IIG révèle la perte de développement humain du fait des inégalités entre hommes et femmes, allant des Pays-Bas (pays le plus égalitaire en termes d’IIG) au Yémen (pays le plus inégalitaire).
L’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IMP) : le rapport 2010 a mis en place un nouvel indicateur multidimensionnel de la pauvreté qui vient en complément des différentes évaluations de la pauvreté reposant sur le niveau de revenus. Cet indicateur prend en compte de multiples facteurs au niveau des foyers, comme le niveau de vie, l’accès à l’école, à l’eau potable et aux soins médicaux. Le rapport estime qu’environ 1,7 milliard de personnes — un bon tiers de la population des 104 pays pour lesquels l’IMP a été calculé — vivent en situation de pauvreté multidimensionnelle, soit plus que les 1,3 milliard de personnes estimées vivant avec moins de 1,25 dollar par jour.