Rifat Chadirji

Rifat Chadirji
Rifat Chadirji en 2013.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 93 ans)
LondresVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
رفعت الجادرجيVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Kamel al-Chaderchi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Naseer al-Chaderchi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Site web
Distinction
Œuvres principales
Freedom Monument (d), The Monument to the Unknown Soldier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Rifat Chadirji (en arabe : رفعت الجادرجي Rifa'a al-Khādarjī, également romanisé Rifa'at Al Chaderchi), né le à Bagdad et mort le à Londres, est un architecte, photographe, auteur et activiste irakien.

Souvent considéré comme le père de l'architecture irakienne moderne, il a conçu plus de 100 bâtiments à travers le pays[1].

Rifat Chadirji naît en 1926 à Bagdad dans une famille influente[2]. Son père, Kamil Chadirji, joue un rôle central dans la vie politique irakienne en tant que fondateur et président du Parti national démocratique[3].

En 1952, après avoir terminé sa formation d'architecte, Rifat Chadirji commence à travailler sur ce qu'il appelle ses « expériences architecturales »[4]. Son architecture s'inspire des caractéristiques de l'architecture régionale irakienne, mais il souhaite également réconcilier la tradition avec les besoins sociaux contemporains[5].

Les premières œuvres de Rifat Chadirji sont fermement ancrées dans le discours tenu par les membres du Baghdad Modern Art Group[6], dont les sculpteurs Jawad Saleem et Mohammed Ghani Hikmat, et l'artiste-intellectuel Shakir Hassan Al Said . Ses créations reposent sur l'abstraction des concepts et des éléments des bâtiments traditionnels et sur leur reconstruction sous des formes contemporaines[7]. Cependant les critiques soulignent que, bien qu'il soit favorable aux objectifs du groupe, Rifat Chadirji est essentiellement un moderniste dans l'âme[8].

Ses premières œuvres sont principalement des reconstructions de vieux bâtiments. En 1959, il est chargé de construire un monument public majeur, le monument au soldat inconnu, qui est par la suite détruit par le gouvernement baathiste de Saddam Hussein et remplacé par une statue de Saddam lui-même.

En 1974, à l'âge de 48 ans, il est emprisonné à vie pour avoir refusé de travailler sur un projet financé par le gouvernement pendant la présidence d'Ahmed Hassan al-Bakr[9].Cependant, après avoir passé près de deux ans dans la prison d'Abou Ghraib, il est libéré lorsque Saddam Hussein prend le pouvoir. Saddam souhaite que le meilleur architecte irakien supervise les préparatifs d'une conférence internationale qui doit se tenir à Bagdad en 1983 et contribue aux plans généraux visant à donner un nouveau visage à Bagdad[10]. Il devient le consultant architectural d'Hussein pour la planification de la ville de Bagdad, pour la période 1982-1983[11]. Pendant son emprisonnement, il a écrit un livre sur l'architecture intitulé Al Ukhaidir et le Crystal Palace, en utilisant des documents que sa femme avait introduits en contrebande à Abu Ghraib[12]. Le livre est décrit comme un "ouvrage fondateur" sur le thème de l'architecture irakienne[13].

Dans les années 1980, Rifat Chadirji devient conseiller du maire, un rôle qui l' amène à superviser tous les projets de reconstruction à Bagdad[14]. Il quitte l'Irak en 1983 pour occuper un poste universitaire à l'Université Harvard. Quelques années plus tard, à son retour à Bagdad, il est attristé par la détérioration de la ville. Les époux Chadirji décident de quitter définitivement l'Irak s'installent à Londres, où il réside jsqu'à son décès[10].

Avec son père, il photographie une grande partie de Bagdad ainsi que la région plus vaste englobant l'Irak et la Syrie. Ils craignent que l'architecture et les monuments régionaux ne soient perdus à cause du nouveau développement lié au boom pétrolier[14]. En 1995, il publie un livre des précieuses photographies de son père[15]. Le poste de son père en tant qu'homme politique lui permet d'entrer en contact avec des personnes et d'accéder à des endroits qui auraient pu être difficiles d'accès pour d'autres photographes.

Rifat Chadirji est athée. Il explique avoir compris, après avoir étudié la philosophie avec sa femme, que les religions sont issues de la magie. Il déclare respecter toutes les religions et demande que des prières ne soient pas faites pour lui après sa mort et que son corps soit incinéré[16].

Chadirji meurt des suites de la COVID-19 à Londres le , à l'âge de 93 ans[17],[18]. Le Premier ministre irakien désigné Mustafa Al-Kadhimi et le président irakien Barham Salih lui rendent hommage[1].

Notes et références

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  1. a et b (en) « Prominent Iraqi architect Rifat Chadirji dies in London aged 94 », The National (consulté le )
  2. Alsammarae, R., "MEA sits down with Rifat Chadirji, the father of Iraqi architecture," Design Mena, [Middle Eastern Architectural Website], 14 November 2017, Online:
  3. "The Kamil and Rifat Chadirji Photographic Archive comes to the Aga Khan Documentation Center," MIT Library, Online:
  4. Pieri, C., " Modernity and its Posts in constructing an Arab capital: Baghdad’s Urban Space and Architecture, Context and Questions," Middle East Studies Association Bulletin, The Middle East Studies Association, 2009, Vol. 42, No. 1-2, pp 32-39
  5. Sennott, R.S. (ed), Encyclopedia of 20th-Century Architecture, Taylor & Francis, 2004, p. 435
  6. Bernhardsson, M.T., "Visions of the Past: Modernizing the Past in 1950s Baghdad," in Sandy Isenstadt and Kishwar Rizvi, Modernism and the Middle East: Architecture and Politics in the Twentieth Century," University of Washington Press, 2008, pp 91-92
  7. Elsheshtawy, T., Planning Middle Eastern Cities: An Urban Kaleidoscope,Routledge, 2004, p. 72
  8. Al-Khalil, S. and Makiya, K., The Monument: Art, Vulgarity, and Responsibility in Iraq, University of California Press, 1991, p. 95; It may be worth noting that one of the authors of this work, K. Makiya was the son of prominent Iraqi architect, Mohammed Makiya, of whom Chadirji had been highly critical.
  9. Younis, A., "Monuments (by) Architects (for) Governments," Di'van, December 2016, p. 83
  10. a et b Alsammarae, R., "MEA sits down with Rifat Chadirji, the father of Iraqi architecture," Design Mena, [Middle Eastern Architectural Website], 14 November 2017, Online:
  11. Elsheshtawy, T., Planning Middle Eastern Cities: An Urban Kaleidoscope,Routledge, 2004, p. 72; Davis, E., Memories of State: Politics, History, and Collective Identity in Modern Iraq, p. 305
  12. Younis, A., "Monuments (by) Architects (for) Governments," Di'van, December 2016, p. 86
  13. Younis, A., "Unravelling Baghdad: Ala Younis’ new installation Plan (fem.) for a Greater Baghdad at the Delfina Foundation," Ruya Foundation, March 2018 Online:; Younis, A., "Monuments (by) Architects (for) Governments," Di'van, December 2016, p. 86; "The Arab Center for Architecture (ACA): Interview with George Arbid," Middle East Digest, 29 September 2015 Online:
  14. a et b Al-Khalil, S. and Makiya, K., The Monument: Art, Vulgarity, and Responsibility in Iraq, University of California Press, 1991, p. 95
  15. Chadirji, R., The Photographs of Kamil Chadirji: Social Life in the Middle East, 1920-1940, London, I.B. Tauris, 1995
  16. « Rifat Chadirgi | عراقيون - مقابلة مع رفعت الجادرجي », sur www.youtube.com (consulté le )
  17. (en) « Iraqi architect Rifat Chadirji dies of COVID-19 », MEO, (consulté le )
  18. « وفاة المعماري العراقي رفعة الجادرجي », baghdadtoday.news (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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