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On appelle rite zaïrois, ou missel romain pour les diocèses du Zaïre, une adaptation africaine (plus particulièrement « congolaise ») du rite liturgique romain de l'Église catholique. Il fut approuvé par le Saint-Siège en 1988, mais reste très peu pratiqué par les catholiques du Congo.
La mise sur pied du « rite zaïrois » correspond à la mise en pratique de l'idée d'inculturation, cherchant à impliquer les fidèles dans la vie liturgique par la reconnaissance et la prise en compte de la culture locale.
Le concile Vatican II a décrété : « Pourvu que soit sauvegardée l’unité substantielle du rite romain, on admettra des différences légitimes et des adaptations à la diversité des assemblées, des régions, des peuples, surtout dans les missions »; et il a indiqué qu'il appartient à la conférence épiscopale de déterminer ce qui en ce domaine peut opportunément être admis dans le culte divin et de proposer au Saint-Siège les adaptations jugées utiles ou nécessaires, pour être introduites avec son consentement[1]».
Le consentement fut donné par la Congrégation pour le culte divin le en tant que Missel romain pour les diocèses du Zaïre[2], et non comme « Rite zaïrois de la célébration eucharistique », comme proposé auparavant[3].
Le « rite zaïrois » (plus strictement parlant, le « Missel romain pour les diocèses du Zaïre ») insiste sur la participation active de l'assemblée, y compris par des gestes et mouvements, qui expriment la participation de tout le corps à la prière, comme est normal dans les célébrations liturgiques non seulement dans ce pays mais dans beaucoup d'autres pays africains[4],[5],[6], et qui dans le Missel lui-même sont appelés « danse[2]».
Cependant cette participation active ne saurait être confondue avec ce que dans la culture européenne serait appelé danse, ainsi que le rappelle le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoit XVI :
« D'ailleurs aucun rite chrétien ne connaît la danse. Ce qu'on appelle ainsi dans la liturgie éthiopienne ou dans la forme zaïroise de la liturgie romaine, est en fait une procession en cadence, tout à fait appropriée à la dignité de la liturgie. Cette démarche rythmée confère une unité et une ordonnance aux différents moments de la liturgie, une beauté et une dignité à la mesure de Dieu. »
— Joseph Ratzinger, L'esprit de la liturgie, Ad Solem Éditions SA, Genève, 2001, « Le corps dans la liturgie », p.157
Dans une conférence tenue par le cardinal Francis Arinze le à Bloomingdale dans l’Ohio, celui-ci estime encore que « La danse est inconnue du rite latin de la Messe. (…) Dans le strict cadre liturgique (Messe, sacrements), on ne devrait parler de danse liturgique en aucune façon. »
Une autre particularité est l'invocation des « ancêtres de cœur droit » après l'invocation des « saints Patriarches et Prophètes », des « saints Apôtres et Évangélistes » et « tous les saints du ciel[2]». C'est une affirmation eschatologique de l'assemblée chrétienne et une évocation essentielle qui fait partie de la culture du Congo. Une troisième caractéristique est le rôle des lecteurs dans les célébrations liturgiques qui sont mandatés par le prêtre et reçoivent de lui une bénédiction avant d'aller au lutrin pour la lecture du passage biblique. Le dialogue entre célébrant et assemblée est très développé. Quant au déroulement de la messe, l'aspersion d'eau bénite, la préparation pénitentielle et le rite de paix ont lieu au milieu de la messe, avant l'offertoire.
Le vêtement des prêtres dans le rite zaïrois fait écho à celui des chefs de la tradition africaine et rappelle symboliquement que le Christ est le chef de l'Église [7].
Ce rite n'est pas réservé à la République démocratique du Congo et peut être utilisé dans d'autres pays. Le pape François a ainsi déjà célébré une messe en rite zaïrois dans la basilique Saint-Pierre de Rome, en puis en [8].
Le rite zaïrois est en réalité très peu pratiqué par les catholiques du Congo[9].
Pour le pape François, le rite zaïrois est un "modèle d'inculturation"[8]. Selon Vittorio Francesco Viola (en), secrétaire du Dicastère pour le culte divin, le processus de mise en place du rite est un "un modèle du chemin synodal des pasteurs à l’écoute du peuple pour penser et repenser les modalités d’une liturgie vivante"[10].
Selon Louis Bira, théologien congolais et missionnaire xavérien, le rite zaïrois présente toutefois des "zones d'ombres" méritant éclaircissements : l'image du prêtre vêtu en chef laisse-t-elle bien transparaître celle du Christ crucifié puis ressuscité ? L'intervention trop importante des fidèles fait apparaitre la messe "comme un spectacle", manquant d'intériorité et s'éloignant de la participatio actuosa de Sacrosanctum Consilium. Le clergé local critique par exemple la conception réductionniste d'une culture africaine statique, aboutissant au folklorisme.[11]