La rue Dauphine a été percée en 1607 sous Henri IV entre la Seine et l’enceinte de Philippe Auguste dans les jardins du couvent des Grands-Augustins. Les moines se sont opposés à l’acquisition de leur terrain, mais Henri IV les aurait convaincus en les menaçant d’ouvrir la rue au canon[2].
Il s’agit de la première rue de Paris dotée d’un alignement, donc rectiligne[1]. Elle a été conçue en même temps que la place Dauphine — d'où son nom —[1] et que le pont Neuf qu’elle prolonge.
Elle est citée sous le nom de « rue Neufve Dauphine », pour une partie, et de « Grand rue Dauphine », pour une autre partie, dans un manuscrit de 1636 dont le procès-verbal de visite, en date du , indique qu'elle « a été trouvée entièrement orde, boueuse et pleine de quantité d'immundices ».
En 1639, la rue Dauphine est prolongée au-delà du rempart jusqu’au carrefour de Buci. Cette portion s’est appelée « rue Neuve Dauphine » ou « petite-rue Dauphine ».
De 1729 à 1739, à l'angle de la rue Dauphine et de la rue de Buci, chez le traiteur Nicolas Landelle se réunit la célèbre goguette du Caveau, première du nom. La salle basse où se tient ses assemblées donne son nom à la société. Il se perpétuera jusqu'en 1939, à travers quatre sociétés successives différentes[3].
No 16 : hôtel particulier de Charles Bruslart, conseiller ordinaire du roi en 1644[6].
Nos 16 et 18 : ancien siège de la Société apollinienne, société savante qui devint le Musée de Paris en 1782[7]. Le , le Club des cordeliers, dit la Société des Amis des droits de l'homme et du citoyen, loue le Musée rue Dauphine (renommée en 1792 rue de Thionville, n° 105)[8].
No 31 : galerie kreo, spécialisée dans les créations originales de designers contemporains.
No 33 : à l'angle avec la rue Christine, à la place de l'actuel Café Laurent se trouvait Le Tabou, un célèbre caveau de danse et de jazz ouvert de 1947 à 1948. Le Tabou est très vite devenu le rendez-vous favori des zazous noctambules[10] ; une plaque commémorative en témoigne à l'angle des rues Dauphine et Christine[11]. C'est aussi l'emplacement actuel de l'hôtel d'Aubusson (5 étoiles), hôtel particulier du XVIIe siècle bâti sur l'ancien emplacement du couvent des Grands Augustins ; on peut encore voir la cheminée et les poutres d'origine en prenant un thé au grand salon ; par ailleurs, dans la lignée du Tabou, l'hôtel programme des concerts de jazz du lundi au samedi soir[12] ouverts à la clientèle extérieure.
No 44 : plaque ancienne marquant l'emplacement de la Porte Dauphine, détruite en 1673. C’est la plaque commémorative la plus ancienne de Paris[13]. Elle indique :
« Du Regne de Louis Le Grand en l’année M DC LXXIII La Porte Dauphine qui estoit à cet endroit a esté démolie par l’ordre de MM Les Prevost des Marchands et Eschevins et la présente inscription apposée en exécution de L’arrest du Conseil du XXIIII septembre aud an pour marquer le lieu ou estoit cette Porte et servir ce que de raison »
↑Jacques de Cock (dir.), Les Cordeliers dans la Révolution française, vol. 1 et 2 : Linéaments (volume 1) Textes et documents (volume 2), Lyon, Fantasques Éditions, , 216 pages (volume 1) 1677 pages (volume 2) (ISBN978-2-91384-608-1, lire en ligne), p. 856 (volume 2).
↑Marie-Anne Bruschi, « Paris Rue Dauphine », Le Parisien Week end, , p. 48-49