En français ont été proposées les appellations « nombre polymonadique[2] », « multi-as[3] », ou « répun[4] » mais c'est l'anglicisme qui reste le plus utilisé.
Bien que n'étant pas encore connus sous ce nom, les répunits en base dix ont été étudiés par de nombreux mathématiciens au cours du XIXe siècle, dans un effort pour élaborer et prédire les tendances cycliques du développement décimal périodique[5].
Il a été trouvé très tôt que, pour tout nombre premier p supérieur à 5, la période du développement décimal de 1/p est égale à la longueur du plus petit répunit divisible par p. Les tableaux de la période de réciprocité des nombres premiers jusqu'à 60 000 ont été publiés en 1860, et ont permis la factorisation, par des mathématiciens comme Reuschle, de tous les répunits jusqu'à R16 et plus. En 1880, même R17 à R36 ont été factorisés[5] et il est curieux de constater que, bien que Édouard Lucas ait montré qu'aucun nombre premier en dessous de trois millions n'avait une période égale à dix-neuf, il n'y a eu aucune tentative en vue de tester ceci jusqu'au début du XXe siècle. Le mathématicien américain Oscar Hoppe a prouvé en 1916 que R19 est premier[6] et Lehmer et Kraïtchik ont indépendamment prouvé la primalité de R23 en 1929.
Des avancées dans l'étude des répunits n'ont pas eu lieu jusque dans les années 1960, quand les ordinateurs ont permis à de nombreux nouveaux facteurs de répunits d'être trouvés.
Le projet Cunningham a documenté entre autres les factorisations des répunits de base 2, 3, 5, 6, 7, 10, 11, et 12.
Par conséquent[7], leur PGCD suit la règle de divisibilité forte : .En particulier, R(b) n est divisible par R(b) m si et seulement si n est divisible par m.
Historiquement, c'est dans le cadre des mathématiques récréatives qu'a été entreprise l'étude des répunits, en tentant notamment de les factoriser. Le projet Cunningham se propose de répertorier les factorisations des répunits en base 2[9], 3, 5, 6, 7, 10[10],[11], 11 et 12.
D'après la dernière propriété ci-dessus, R(b) n n'est premier que si n est premier. Mais ce n'est pas une condition suffisante, comme l'illustre ce contre-exemple en base dix :
3 est premier mais R3 = 111 = 3 × 37 est composé[12].
Cependant, R(2) 3 = 7 est premier. R(b) 3 est également premier pour b égal par exemple (écrit en base dix) à 3, 5, 6, 8, 12, 14, 15, 17, 20, 21, 24, 27, 33, 38, 41, 50, 54, 57, 59, 62, 66, 69, 71, 75, 77, 78, 80, 89, 90, 99, 101, 105, 110, 111,… . C'est la suite suite A002384 de l'OEIS ; l'écriture en base dix de R(111) 3 est 12 433.
Les répunits premiers sont assez rares (la probabilité qu'un nombre soit premier est a priori égale à l'inverse de son logarithme, donc proportionnelle à l'inverse de son nombre de chiffres ; voir théorème des nombres premiers). On conjecture cependant qu'il en existe une infinité[13].
Ce qu'il faut noter, par rapport au petit théorème de Fermat, lorsque p est premier :
p divise R(b) p – 1
donc bR(b) p – 1 – 1 est divisible par R(b) p.
lorsque p est premier.
En base dix, on sait que Rn est premier pour onze valeurs de n = 2, 19, 23, 317, 1031,... (suite A004023 de l'OEIS). Les six plus grands répunits en base dix premiers connus en 2022 sont R49 081, R86 453, R109 297, R270 343, R5 794 777 et R8 177 207 ; ce sont des nombres premiers probables[13],[14].
La liste des nombres premiers qui sont des repunits dans au moins une base (incluant donc les nombres de Mersenne premiers) est répertoriée comme suite A085104 de l'OEIS.
Tout répunit premier est trivialement premier permutable, c'est-à-dire qu'il reste premier après toute permutation de ses chiffres dans la base considérée, puisque ceux-ci sont identiques. En base dix, après 991, les seuls premiers permutables connus sont des repunits mais ce fait n'est pas démontré dans sa généralité[13].
Si n et b sont premiers entre eux, au moins l'un des répunits R(b) 1, … , R(b) n est un multiple de n.
Démonstration
Raisonnons par l'absurde en supposant qu'aucun de ces n nombres n'est divisible par n. Alors (d'après le principe des tiroirs et puisqu'il n'y a que n – 1classes de congruence mod n non nulles) deux d'entre eux sont dans la même classe, c'est-à-dire qu'il existe des entiers i et j, avec 1 ≤ i < j ≤ n, tels que n divise R(b) j – R(b) i = R(b) j – i × bi donc (d'après le lemme de Gauss) n divise R(b) j – i, ce qui contredit l'hypothèse initiale.
↑J. Moreau de Saint-Martin (multi-as proposé à la suite de M. D. Indjoudjian, dans la revue La Jaune et la Rouge), « À la recherche des multi-as carrés », Quadrature, no 26, , p. 25-27.
↑Richard Choulet, « Quelques remarques sur les répuns », Bulletin de l'APMEP, no 464, , p. 407-412 (lire en ligne).
↑(en) Richard L. Francis, « Mathematical Haystacks: Another Look at Repunit Numbers », The College Mathematics Journal(en), vol. 19, no 3, , p. 240-246.
↑Mais pour un raisonnement direct, voir par exemple le devoir sur Wikiversité (lien en bas de page).