À la fin du XIXe siècle, un anarchiste italien, Giulio Manieri, coupable d'avoir semé la sédition dans un village d'Ombrie, est condamné à mort. Sa peine est finalement commuée en réclusion à perpétuité. En dix ans de solitude, reclus dans sa cellule, Giulio ne cesse (re)penser la « révolution » à laquelle il a tout sacrifié. Ainsi, peut-il encore survivre, espérer... Or, dix ans plus tard, lors d'un transfert en barque, il croise, justement, une nouvelle génération de révolutionnaires, eux aussi incarcérés : il essaie de leur parler, de se faire entendre et comprendre. Mais le dialogue tourne court, car, le monde et les temps ont désormais changé. Giulio prend alors conscience de la vanité de ses idéaux et de l'inutilité de son combat ; il se laisse engloutir par les flots...
Paolo, un des frères Taviani confie à Aldo Tassone : « Les deux barques sont deux microcosmes. La barque est en soi une chose renfermée et qui peut enfermer beaucoup de choses. (...) Les voiles des deux barques sont rouges. (...) La discussion qui se déroule entre les deux barques est une discussion à l'intérieur d'une certaine thématique : les deux voiles sont les deux âmes du mouvement ouvrier. »
S'inspirant de la nouvelle Le Divin et l'Humain de Tolstoï, les réalisateurs italiens établissent, par ailleurs, « le lien avec le XIXe sièclerusse, celui de Tolstoï, Dostoïevski. La religiosité de ces auteurs - comme action concrète et comme utopie, aujourd'hui dans notre temps - s'est transformée en « politicité ». »
Alessandro Marini, « Un essai d’éthique et de pratique politique : San Michele aveva un gallo de Paolo et Vittorio Taviani », Cinémas, vol. 28, nos 2-3, , p. 171-189 (lire en ligne)