Un scramasaxe est une arme blanche franque et, pour certains types, pangermanique (saxonne, viking, wisigothique, etc.). Il s'agit d'un coutelas semi-long à un tranchant long sur un côté de la lame, l'autre côté n'étant affûté qu'à son extrémité (dernier tiers de la lame environ).
Le terme scramasaxe est attesté à propos du meurtre de Sigebert Ier en 575 sous la forme skramasax, chez Grégoire de Tours vers 591 : « quos vulgo scramasaxos vocant » et dans le Liber Historiæ Francorum : « Ibi gladiatores percusserunt regem in ventrem suum duobus scramsaxiis. ». La forme française scramasaxe apparaît en 1599 chez Fauchet (Antiquités, III, 16)[1]. Il signifierait « couteau qui entame ou qui entaille ».
Il remonte au vieux bas francique *scrâmasahs, terme non attesté[1].
L'élément -sax est issu du vieux bas francique *sahs, d'un germanique commun *saχsan « épée courte » → vieil anglais seax, vieux saxon et vieux haut allemand sahs, moderne Sax (ou Sachs, pluriel Saxe), qui a donné son nom aux Saxons (d'après Ptolémée) et l'élément scrama- d'un vieux bas francique *skramō « balafre » → néerlandais schram, allemand Schramme cf. suédois skråma « écorchure, égratignure ».
Sa longueur est comprise entre 20 cm et 1 m. Les spécialistes distinguent plusieurs types de scramasaxes :
L'origine du scramasaxe est difficile à cerner, car son existence est attestée de la France à la Russie. Ce couteau fut utilisé par tous les peuples d'origine germanique, et si on le voit régulièrement sur les reconstitutions de costumes vikings, son heure de gloire a plutôt été mérovingienne.
À la fois pointu et coupant, arme et outil, c'était un peu le couteau à tout faire de l'époque. Conservé dans un fourreau de cuir simple dans lequel le manche rentre à moitié (l'arme n'ayant pas de garde), le plus souvent porté horizontalement dans le dos au niveau de la taille.
Comme toutes les armes blanches de cette époque, ses qualités de forge sont excellentes.
Les techniques métallurgiques utilisées par les Germains étaient supérieures à celles des Romains. Les forgerons mérovingiens avaient à leur disposition des métaux très variés et d’une excellente qualité. Cependant, ils ne les utilisaient que par petites quantités, car cela rendait le processus de transformation plus facile. La métallurgie mérovingienne reposait sur un principe fondamental : la juxtaposition de métaux de nuances différentes par un travail de forge. Ils étaient soudés entre eux par petites quantités, puis martelés. Ce procédé appelé corroyage permettait d'une part d'obtenir une structure feuilletée qui apportait résistance et élasticité, et d'autre part de choisir pour chaque partie des objets, la nuance de métal qui convenait le mieux à l'usage qu'on lui réservait[4]. En ce qui concerne le scramasaxe plus particulièrement, il comprenait un corps de structure feuilletée en « sandwich », composé d'une âme d'acier sur chaque côté de laquelle était fixée, par soudure et martelage, une recharge de fer doux. Le corps était traité par cémentation pour lui donner la dureté nécessaire[5]. Le forgeron mérovingien travaillait son fer avec de la fiente de canard, ajoutant empiriquement du manganèse.