Le Sefer Yetsirah (hébreu : ספר יצירה « Livre de la Création » ou « de la Formation » ou « de l’Émanation ») est un livre de cosmogonie juive rédigé entre le IIIe et le VIe siècle, apparemment en terre d'Israël[1]. Attribué au patriarche Abraham, il relate la formation du monde[2] au moyen des lettres de l’alphabet hébraïque et de leurs combinaisons. Unique par sa langue et son caractère, il a donné lieu à une littérature entière de commentaires, rationalistes ou mystiques, et est actuellement considéré comme relevant davantage de la Kabbale. Le Sefer Yetsirah est à l'origine de la doctrine des Sephiroth.
On en connaît quatre versions, dont la plus achevée est celle du Gaon de Vilna (1 800 mots en 6 chapitres), dite version GR"A (Gaon Rabbénou Eliyahu). Une version en arabe de Saadia Gaon en 8 chapitres est aussi connue. À ces deux versions s'ajoutent une version longue de 2 500 mots et une version courte de 1 300 mots. Le meilleur manuscrit, datant du tournant du Xe au XIe siècle, serait conservé au Vatican. On peut penser que c'est l'un des manuscrits originaux dans la mesure où le Séfer Yetsirah ne fut transcrit qu'au Xe siècle. Le texte a fait l'objet de commentaires, entre autres, par Saadia Gaon au Xe siècle, Rabad au XIIIe siècle et le Gaon de Vilna au XVIIIe siècle.
L'ouvrage (un traité de quelques pages) se présente comme un condensé des découvertes relatives à la création du monde, écrit par Abraham selon la tradition rabbinique, ou par Akiba, selon d’autres sources issues de la même tradition. C'est l'ouvrage le plus ancien, classé traditionnellement dans le corpus de la Kabbale médiévale, commenté au Xe siècle par Saadia Gaon et par Dunash ben Tamim. Mais ni la date, ni la provenance historique, ni l’auteur de l’ouvrage ne sont connus avec certitude.
Il consiste en un exposé de la formation primordiale du monde à partir des lettres hébraïques, de leur valeur numérique et de leurs multiples combinaisons. Les lettres définies comme, principales, doubles et simples sont associées aux chiffres, leurs assemblages composent des mots ou des sommes numériques tendant à signifier du sens, une valeur.
Par sa forme poétique et visionnaire, le Sefer Yetsirah se rattache à la Littérature des Palais de l'époque talmudique, mais il s’en distingue par sa nature essentiellement cosmologique et spéculative[3]. Il délivre, d’une manière concise et suggestive, les concepts majeurs sur lesquels repose la Kabbale médiévale – notamment, les dix sefirot : les « dix nombres abîme » (esser sefirot belimah) assimilables aux dix extensions ou « mesures infinies » d'un principe central, unique et inconnu ; les dix dimensions de l’univers dans lequel Dieu s’est étendu : le haut, le bas, le sud, le nord, l’est, l’ouest, le début, la fin, le bien, le mal.
Charles Mopsik remarque que, pour l'auteur de l'ouvrage, les sefirot correspondent, « aux dix doigts des mains ou des pieds », au centre desquels se situe le corps de l’homme, de sorte que se crée, selon Mopsik, comme « un croisement entre une « physique » du divin et une « métaphysique » de l’humain[4].»
Le Sefer Yetsirah fut largement traduit et commenté :
En allemand :