Seksan Prasertkul ou Seksan Prasertkoun (thaï : เสกสรรค์ ประเสริฐกุล), né en 1949, est un militant, professeur et écrivain thaïlandais. Il est auteur de poésies, de nouvelles et d'une autobiographie.
Enfant, Seksan Prasertkul grandit à Bang Kapong, un village pauvre perdu dans la mangrove. Il va à l'école des bonzes de son village pendant que sa mère se tue littéralement au travail pour qu'elle et les siens puissent un jour "vivre debout"[5].
En octobre 1973, lors de la contestation sociale et étudiante qui fait chuter le régime militaire et qui permet à la société thaïlandaise de se démocratiser comme jamais auparavant, Seksan se révèle un orateur puissant et un meneur d'hommes charismatique[6]. Mais le nouveau régime le déçoit rapidement et il se tourne alors vers le seul parti d'opposition organisé, le parti communiste thaïlandais.
À la mi-juin 1975, Seksan Prasertkul est à Paris avec deux autres militants, logés chez Marcel Barang[7] à la demande de Pierre Rousset, cadre dirigeant de la 4e international trotskiste, dans l'attente imminente d'un départ pour les maquis thaïs dans la jungle[8].
De 1975 à 1980, il combat dans les maquis maoïstes[9]
En 1980, désillusionné, Seksan accepte l'offre d’amnistie du gouvernement thaïlandais et déclare dans une interview à l'hebdomadaire Siam Nikorn : " Je n'ai aucune confiance en aucune grande puissance, qu'elle soit capitaliste ou socialiste. Chaque grand pays socialiste ne pense avant tout qu'à lui-même et je me demande s'il existe encore des pays socialistes. "[10]
Il se marie alors avec la poétesse, traductrice et féministe marxiste Chiranan Pitpreecha, future lauréate du prix des écrivains de l'Asie du Sud-Est (S.E.A. Write Award) en 1989. Ils partent ensuite étudier tous les deux aux États-Unis à l'université CorneIl : elle obtient un master en histoire et il obtient un doctorat en 1989. De retour en Thaïlande, ils se séparent.
Seksan Prasertkul devient professeur à l'université Thammasat et en est le doyen de la Faculté des sciences politiques de 1993 à 1995[11].
Il continue de militer et de lutter pour la démocratisation de la société thaïlandaise[12],[13].
Marcel Barang a aussi traduit et fait publier dix-neuf textes autobiographiques de Seksan Prasertkul écrits entre 1984 et 1996 relatant des scènes de la vie thaïlandaise et des événements politiques qui ont marqué l'après-dictature militaire à partir de 1973[15] :
Un film racontant la contestation sociale et étudiante d'octobre 1973 ainsi que la vie de Seksan Prasertkul et de Chiranan Pitpreecha (ou Jiranan Pitpreecha), intitulé 14 ตุลา สงครามประชาชน (14 tula, songkram prachachon / The Moonhunter), basé sur un scénario de Seksan Prasertkul et Bhandit Rittakol, est réalisé par Bhandit Rittakol en 2001[17],[18],
↑Sylvia Cattori et Jean Cattori (préf. Jean Ziegler), Asie du Sud-Est : L'enjeu thaïlandais, Éditions L'Harmattan, , 256 p. (ISBN2-85802-116-3, lire en ligne), Première partie : Une société déséquilibrée ; Chapitre 1 : les dix jours qui ébranlèrent la Thaïlande pages 20 à 24 (page 21)
↑Eugénie Mérieau, « La récupération politique de la commémoration du 14 octobre 1973 : Les activistes jaunes et rouges se partagent le même capital militant acquis en commun dans les camps communistes à la fin des années 70. », Gavroche Thaïlande, no 229, , p. 49 (lire en ligne [PDF])
↑Roland-Pierre Paringaux, « Souvenir d'un militant », sur monde-diplomatique.fr, Le Monde Diplomatique,
↑(th + en) Five Star Production, « THE MOONHUNTER | 14 ตุลาสงครามประชาชน » (Texte et bande annonce en vo st anglais de 3 min 34s), sur fivestarproduction.co.th, (consulté le )