Selma Alispahić, née le 10 mars 1970 à Tuzla, à l’époque en Yougoslavie, est une actrice bosnienne de théâtre et de cinéma.
Elle est née en 1970. Lorsqu'elle termine sa deuxième année du lycée à l'âge de 16 ans, elle a l’opportunité de poursuivre au sein de l’Académie d'art dramatique de Tuzla pour apprendre le métier de comédien, avec notamment comme professeur un acteur bosnien bien connu Boro Stjepanović (en)[1]. Elle en sort en 1990, en ayant commencé à jouer pour le Théâtre de Tuzla, puis, en troisième année, en étant mise à contribution par le Théâtre national de Sarajevo[1].
Après quelques années à Sarajevo, elle vit et travaille à Londres de 1992 à 1997. Elle joue notamment au Royal National Theatre, mais aussi pour la compagnie théâtrale Young Vic. Elle obtient le rôle principal dans le film Elgar's Tenth Muse: The Life of an English Composer, sur l’'histoire de la relation entre la violoniste Jelly d'Arányi et le compositeur anglais Edward Elgar[1].En 1998, elle revient en Bosnie-Herzégovine, son pays qui a dû se reconstruire après une longue période de guerre, entre différents pays isssus de l'ancienne Yougoslavie. Elle y devient membre permanente de la troupe théâtrale du Théâtre de guerre de Sarajevo (SARTR) (en), une compagnie fondée en 1992 à Sarajevo durant le siège de cette ville[1].
Elle joue dans les principaux succès de cette compagnie, notamment ¡Ay, Carmela!, la pièce de l’Espagnol José Sanchis Sinisterra[2] sur la guerre civile et le fascisme, ou encore Rechnitz, une pièce d’Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature, mise en scène par Sabine Mitterecker et consacrée à l'assassinat de centaines de juifs à Rechnitz en 1945 et au silence qui a suivi ce crime commis au nom de la pureté ethnique. La pièce est jouée à Sarajevo, habitée surtout par des Bosniens, puis à Mostar les jours suivants, ville de la communauté croate, avant Srebrenica, lieu du massacre de 8 000 bosniens, située en République serbe de Bosnie. Elle est également prévue à Zagreb, et envisagée à Belgrade[3]
Ces pièces trouvent un écho particulier auprès des publics ayant vécu la guerre de Bosnie-Herzégovine. « Soigner les blessures prendra du temps », explique-t-elle, « seules les nouvelles générations pourront le faire »[3].