Sultanat de Mogadiscio

Sultanat de Mogadiscio
سلطنة مقديشو
Boqortooyada Muqdisho
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VIIIe siècle – XVe siècle

Drapeau
Informations générales
Statut Sultanat
Capitale Mogadiscio
Langue(s) Somali, Arabe
Religion Islam
Monnaie monnaie Mogadishienne

Entités précédentes :

  • Sarapion

Entités suivantes :

  • Empire Ajuran

Le Sultanat de Mogadiscio, (Somali: Saldanadda Muqdisho, en Arabe سلطنة مقديشو), également connu sous le nom du Royaume de Magadoxo[1] (Somali: Boqortooyada Muqdisho) était un royaume médiéval centré dans le sud de la Somalie. C'est devenue l'une des puissances prééminentes de la Corne de l'Afrique sous le règne de la dynastie "Fakhr Ad-Din" avant de se faire annexer par l'Empire d'Ajuran, puissant et en expansion, au XIIIe siècle[2]. Le sultanat de Mogadiscio entretenait un vaste réseau commercial, dominait le commerce régional de l'or, frappait sa propre monnaie et a laissé un vaste héritage architectural et religieux dans le sud de la Somalie actuelle[3].

Origine[modifier | modifier le code]

L'origine ethnique fondatrice de Mogadiscio et de son sultanat ultérieur a été un sujet d'intrigue dans les études somaliennes. Ioan Lewis et Enrico Cerulli pensaient que la ville avait été fondée et dirigée par un ensemble de familles Arabes et Perses[4],[5],[6]. Cependant, la source utilisée par I.M Lewis et Cerulli remonte a un livre datant du XIXe siècle appelé "Kitab Al-Zunuj", qui a été discrédité par les historiens modernes comme peu fiable et non historique[7],[8],[9],[10].

Plus important encore, cela contredit les sources antiques[11] et orales ainsi que les preuves archéologiques sur les civilisations et communautés préexistantes[12] qui ont prospéré sur la côte somalienne et qui ont été les ancêtres de Mogadiscio et d’autres villes côtières. Ainsi, les « mythes » fondateurs persans et arabes sont considérés comme une fausse réflexion colonialiste dépassée sur la capacité des Africains à créer leurs propres États sophistiqués[13]. Il est désormais largement connu qu'il existait déjà sur la côte somalienne des communautés dirigées par des dirigeants ethniques somaliens, à qui les familles arabes et perses devaient demander la permission de s'installer dans leurs villes. Il semble également que les Somaliens locaux aient conservé leur supériorité politique et numérique sur la côte tandis que les immigrants musulmans passeraient par un processus d'assimilation en adoptant la langue et la culture locales[14]. Ceci est confirmé par le document grec du Ier siècle apr. J.-C., le "Périple de la mer Érythrée", détaillant plusieurs villes portuaires prospères de la Somalie antique, ainsi que par l'identification de l'ancienne citée de Sarapion qui serait plus tard connue sous le nom de Mogadiscio[15]. Lorsque Ibn Battuta visita le sultanat au XIVe siècle, il identifia le Sultan comme étant d'origine "Barbara"[16], un terme ancien pour décrire les ancêtres du peuple Somalien[17],[18]. Selon Ross E. Dunn, ni Mogadiscio, ni aucune autre ville de la côte, ne pouvaient être considérées comme des enclaves étrangères aux Arabes ou aux Perses, mais étaient en fait des civilisations purement Africaines[19].

Mogadiscio était décrite comme une riche métropole avec des maisons de quatre ou cinq étages, de grands palais en son centre et de nombreuses mosquées avec des minarets cylindriques.[20],[21]

Il ne fait aucun doute que les colons étrangers se sont occasionnellement entremariés avec les autochtones, ce qui est clairement représenté dans les riches traditions généalogiques du peuple Somalien. Ces premiers immigrés ont ensuite été suivis par d'autres vagues d'immigrants qui ont ensuite donné naissance à de nombreux petits groupes tribaux dans la ville comme les Benadiris. L'historien syrien du XIIe siècle Yaqut al-Hamawi a écrit sur Mogadiscio (vers 1220) et l'a qualifiée de ville la plus riche et la plus puissante de la région, et l'a décrite comme étant située dans le pays des "Barbar"[22], certainement une référence aux Somaliens[17]. Cependant, selon lui, les habitants de Mogadiscio étaient pour la plupart des étrangers, divisés en tribus, chacune avec son propre cheikh. De nombreux marchands musulmans d'origine arabe, persane et probablement indienne vivaient dans cette ville aux côtés des Somaliens indigènes qui avaient déjà adopté l'Islam comme religion[23].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Africanus Harvard University, John Pory et Robert Brown, The history and description of Africa, London, Printed for the Hakluyt society, (lire en ligne)
  2. (en) Abdullahi Abdurahman, Making Sense of Somali History: Volume 1, Adonis and Abbey Publishers, (ISBN 978-1-909112-79-7, lire en ligne)
  3. (en) Everett Jenkins Jr, The Muslim Diaspora (Volume 2, 1500-1799): A Comprehensive Chronology of the Spread of Islam in Asia, Africa, Europe and the Americas, McFarland, (ISBN 978-1-4766-0889-1, lire en ligne)
  4. I.M. Lewis, Peoples of the Horn of Africa: Somali, Afar, and Saho, Issue 1, (International African Institute: 1955), p. 47
  5. I.M. Lewis, The modern history of Somaliland: from nation to state, (Weidenfeld & Nicolson: 1965), p. 37
  6. Renewers of the Age Holy Men and Social Discourse in Colonial Benaadir, p. 44
  7. H. Neville Chittick, "The East Coast, Madagascar and the Indian Ocean", in J. D. Fage and R. Oliver (eds.), The Cambridge History of Africa, Volume 3: From c.1050 to c. 1600 (Cambridge University Press, 1977), pp. 183–231, at 194–195 and 198. :

    « Le récit dans le Livre des Zanj de l'immigration préislamique des Arabes de Himyar dans le sud de l'Arabie, de leur fondation de la plupart des villes les plus importantes de la côte de Mogadiscio à Mombasa, ainsi que de Kilwa, et de leur conversion ultérieure à l'Islam, n'est ni corroboré par d'autres sources ni étayé par des preuves archéologiques et doit être rejeté comme non historique. L'hypothèse selon laquelle ces familles seraient venues de Siraf sur la côte somalienne avant le XIe siècle doit donc être considérée comme non prouvée. »

  8. The Cambridge History of Africa, Volume 3, p. 198
  9. Timothy Insoll, The Archaeology of Islam in Sub-Saharan Africa, p. 62
  10. Gervase Mathew, "The East African Coast until the Coming of the Portuguese", in R. Oliver and G. Mathew (eds.), History of East Africa, Volume 1 (Clarendon Press, 1963), p. 94–127, at 102.
  11. Claudius Ptolemy, Claudius Ptolemy The Geography, (lire en ligne)
  12. Matthew C. Smith et Henry T. Wright, « The Ceramics from Ras Hafun in Somalia: », Azania: Archaeological Research in Africa, vol. 23, no 1,‎ , p. 115 (ISSN 0067-270X, lire en ligne, consulté le )
  13. Ahmed Dualeh Jama, The Origins and Development of Mogadishu AD 1000 to 1850, p. 33 Chapitre 3
  14. Bruce E. Stanley, Cities of the Middle East and North Africa: A Historical Encyclopedia edited by Michael Dumper, p. 252
  15. Making Sense of Somali History: Volume 1, p. 48
  16. The Travels of Ibn Battuta, A.D. 1325–1354: Volume II, p. 375
  17. a et b Palmyre: bilan et perspectives, A.E.C.R., 1976, p. 114 :

    « Schiaparelli base sa conclusion sur les signes hiéroglyphiques qui représentaient les Puntites, à savoir "brbrta". »

  18. John Donnelly Fage, The Cambridge History of Africa: From c. 500 B.C. to A.D. 1050, p. 136 :

    « Il ne semble plus y avoir de doute désormais que les géographes arabes pensaient particulièrement aux Somaliens lorsqu'ils parlaient des « Berbères noirs ». »

  19. The Adventures of Ibn Battuta: A Muslim Traveler of the Fourteenth Century, p. 124
  20. Da Gama's First Voyage, p. 88
  21. East Africa and its Invaders, p. 38
  22. John Donnelly Fage, The Cambridge History of Africa: From c. 500 B.C. to A.D. 1050, p. 136 :

    « Il ne semble plus y avoir de doute désormais que les géographes arabes pensaient particulièrement aux Somaliens lorsqu'ils parlaient des "Berbères noirs". »

  23. J. D. Fage, Roland Oliver, Roland Anthony Oliver,, The Cambridge History of Africa, (Cambridge University Press: 1977), p. 136