Le symbole principal des nazis est le swastika, que le parti nazi nouvellement créé adopte officiellement en 1920[2]. L'emblème est une croix gammée noire (卐) tournée de 45 degrés sur un cercle blanc sur fond rouge. Cet insigne est utilisé sur le drapeau, sur le badge et sur le brassard du parti.
Le motif noir-blanc-rouge est basé sur les couleurs des drapeaux de l'Empire allemand. Cette palette de couleurs est communément associée aux nationalistes allemands opposés à la République de Weimar, après la chute de l'Empire allemand[3]. Les nazis condamnent le drapeau noir-rouge-or de la République de Weimar (le drapeau actuel de l'Allemagne).
Dans Mein Kampf, Adolf Hitler décrit le symbolisme du drapeau nazi : « Le rouge exprimait la pensée sociale sous-jacente au mouvement. Le blanc, la pensée nationale. Et le swastika signifiait la mission qui nous était confiée - la lutte pour la victoire de l'humanité aryenne et en même temps le triomphe de l'idéal du travail productif qui est en soi et sera toujours antisémite[4]. »
Le drapeau à croix gammée devient le drapeau national de l'Allemagne nazie en 1933, aux côtés du drapeau noir-blanc-rouge, et le seul drapeau national en 1935[5].
Certains pays comme l'Allemagne, l'Autriche, la France, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, l'Ukraine, le Brésil et Israël ont interdit les symboles nazis et le fait de les montrer publiquement à des fins non éducatives est considéré comme une infraction pénale. Le 9 août 2018, l'Allemagne lève l'interdiction d'utiliser des croix gammées et d'autres symboles nazis dans les jeux vidéo. « Avec le changement d'interprétation de la loi, les jeux qui portent un regard critique sur l'actualité peuvent pour la première fois se voir attribuer une évaluation USK », déclare à CTV la directrice générale de l'USK, Elisabeth Secker. « Cela a longtemps été le cas pour les films et, en ce qui concerne la liberté des arts, c'est maintenant, à juste titre, le cas également pour les jeux sur ordinateur et vidéo[6],[7]. »
Les anciennes armes de Cobourg (à gauche) comportent la tête de saint Maurice, symbole méprisé par le parti nazi ; en 1934, il est remplacé par un blason comportant une épée avec une croix gammée sur le pommeau (à droite).
Sous le régime nazi, les organes gouvernementaux sont encouragés à supprimer le symbolisme religieux de leur héraldique. Les symboles tels que les croix, les saints, etc. sont considérés comme contrariants pour les nazis ; cependant, peu de conseils allemands changent réellement leurs symboles, souvent anciens. Certains, cependant, le font, notamment Cobourg, qui remplace saint Maurice par une épée et une croix gammée et la Thuringe, qui ajoute une croix gammée aux pattes de son lion[8].
Les lettres de l'alphabet runique historique et les runes modernes de l'armanisme sont utilisées par le nazisme et par les groupes néo-nazis qui s'associent aux traditions germaniques, principalement les runes Sōwilō, Eihwaz, Tiwaz[16], Odal[17],[18] et Algiz[19]. Sōwilō (ᛋ), dédoublé, est appelé dans le contexte nazi « Siegrune » ou « Sigrune » (d'après List, probablement de l'anglo-saxon Sigel) et constitue l'insigne de la SS. Siegrune signifie en allemand « rune de la victoire ». Eihwaz (ᛇ) donne, par rotation et réflection, la rune Eif : durant les premières années de la SS, elle est utilisée par les assistants personnels d'Hitler, comme Rudolf Hess[20]. Tiwaz (ᛏ) constitue le badge des écoles de formation de la Sturmabteilung, les Reichsführerschulen, sous le nom de « Tyr »[21]. Odal (ᛟ), appelé « Odalrune », est utilisé notamment par la 7e division SS « Prinz Eugen ». Algiz (ᛉ), appelé « Lebensrune », est la rune de la vie et son renversé (ᛣ), appelé « Todesrune », est la rune de la mort : ces deux derniers symboles se retrouvent dans les domaines de la santé et sur les tombes de certains Waffen-SS.
La fascination que les runes semblent exercer sur les nazis peut être attribuée à l'auteur occulte et völkischGuido von List, l'une des figures importantes du mysticisme germanique et du revivalisme runique à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. En 1908, List publie dans Das Geheimnis der Runen (Le secret des runes) un ensemble de 18 runes prétendument armanistes, basées sur le Futhark récent, qui lui auraient été révélés dans un état de cécité temporaire après une opération de la cataracte aux deux yeux en 1902.
La Wolfsangel, bien que n'étant pas une rune historiquement, a la forme de la rune Gibor de List.
Les groupes néo-nazis s'approprient par ailleurs de nombreux symboles, dont un certain nombre de runes.
Cependant, ils utilisent également divers symboles numériques tels que :
18, code pour Adolf Hitler. Le nombre provient de la position des lettres dans l'alphabet : A = 1, H = 8[22].
88, code pour 88 Préceptes, manifeste écrit par David Lane, suprémaciste blanc américain de la fin du XXe siècle, portant sur la bonne organisation d'une nation nationaliste blanche. C'est un traité sur la loi naturelle, la religion et la politique[23]. Cependant, selon l'Anti-Defamation League, il s'agit d'un code pour Heil Hitler. Là encore, le nombre provient de la position de la lettre H dans l'alphabet latin[24].
14, tiré des Fourteen Words inventés par David Lane : « Nous devons garantir l'existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs[25]. »
14 et 88 sont parfois combinés entre eux (14/88, 8814, 1488[26]). Ils sont également parfois représentés sur des dés[27].
↑Stephen Slater, The Complete Book of Heraldry: An International History Of Heraldry And Its Contemporary Uses, London, United Kingdom, Anness Publishing, (ISBN0754810623), p. 212
↑(en-US) Serge F. Kovaleski, Julie Turkewitz, Joseph Goldstein et Dan Barry, « An Alt-Right Makeover Shrouds the Swastikas (Published 2016) », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )