En mathématiques, une série géométrique est une série définie par une suite géométrique, c'est-à-dire que le ratio de deux termes successifs de la série est constant. Par exemple la série numérique :
est une série géométrique de raison 1/2, parce que chaque terme est le produit du précédent par 1/2.
Le calcul explicite des sommes partielles d'une série géométrique permet d'étudier simplement sa convergence. On peut définir les séries géométrique de nombres réels, de nombres complexes et généraliser à n'importe quelle algèbre de Banach.
Sachant que le terme général de la suite géométrique (uk) est uk = aqk, et en excluant le cas q = 1 qui donne Sn = (n + 1)a, le terme général de la suite (Sn) des sommes partielles de la série s'écrit :
.
De manière plus générale, pour une suite géométrique de raisonq et dont on veut connaître la somme partielle entre les naturels i et j (i ≤ j), la formule est la suivante :
On cherche à calculer la somme des puissances k-ièmes de 2 pour k entier allant de 0 à 8. C'est la somme des 9 premiers termes de la suite géométrique de raison 2 et de premier terme 1 :
C'est la démarche employée par Euclide dans le Livre IX deses Éléments, théorème 33 proposition XXXV, pour des nombres entiers positifs[2]. Il utilise une propriété qu'il a également démontrée : quand plusieurs fractions sont égales, elles sont aussi égales à la fraction obtenue en faisant la somme des numérateurs divisée par la somme des dénominateurs.
Or, dans une suite géométrique, il y a égalité des rapports entre deux termes consécutifs mais aussi égalité du rapport entre la différence de deux termes consécutifs et le premier d'entre eux. En langage mathématique, cela donne
puis, en sommant les numérateurs entre eux et les dénominateurs entre eux :
Une telle démonstration reste valable tant que les termes de la suite sont non nuls et la somme est non nulle.
Si , on a deux cas. Si q = 1, alors Sn = (n + 1)a et si q = –1, alors Sn = 0 pour n impair et Sn = a pour n pair. La suite diverge dans les deux cas.
Si , la suite diverge et a fortiori (Sn) diverge grossièrement.
Ces sommes sont dites géométriques, parce qu'elles apparaissent en comparant des longueurs, des aires, des volumes, etc. de formes géométriques dans différentes dimensions.
On dispose donc du résultat général suivant[3],[4],[5],[6],[7] :
La série géométrique réelle de terme initial non nul et de raison est convergente si et seulement si . Dans ce cas, sa somme vaut[8] :
Les séries géométriques sont les exemples les plus simples de séries entières dont on dispose. Leur rayon de convergence est 1, et le point 1 est une singularité (et plus précisément, un pôle).
Séries géométriques dans les algèbres de Banach unitaires
Si désigne une algèbre de Banach unitaire (réelle ou complexe), d'élément unité e, la série géométrique de raison et de premier terme e est la série de terme général .
La sous-multiplicativité donne : pour tout entier naturel non nul n.
Lorsque , la série géométrique réelle de terme général est convergente, donc la série vectorielle de terme général est absolument convergente.
Notons s sa somme () ; elle commute avec u. Alors :
Donc est inversible dans A dès que , et son inverse est .
C'est un résultat fondamental ; en voici quelques conséquences, énoncées sans démonstration :
dans le cas où A est une algèbre de Banach complexe, le spectre de tout élément x de A — l'ensemble des complexes tels que ne soit pas inversible — est une partie fermée non vide et bornée de ℂ ;